Publications et médias
Les chantiers ne manquent pas !
L’Union rationaliste a été créée en 1930 par des scientifiques et des universitaires impliqués dans les combats progressistes de leur temps. Elle se mobilise alors autour d’un objectif : « faire connaître dans le grand public l’esprit et les méthodes de la science ». Elle rappelle et défend le rôle fondamental de la raison dans l’aventure humaine, face au mépris de la raison et de la culture affiché par le fascisme triomphant. La raison, la science et la culture sous-tendent toujours les différents objectifs de l’Union rationaliste aujourd’hui : la lutte contre les irrationalismes et pour la laïcité, la nécessaire refondation des rapports de la science et de la société, la défense de la recherche fondamentale, et enfin la promotion d’une culture humaniste intégrant la science dans la culture générale…
Valeurs républicaines et guerre de la communication
Présentation : A la suite de la réunion organisée par le Grand Orient de France le 3/04/2008 , nous avons reçu ce texte de Geneviève Cornu membre de Regard de Femme. Il nous a semblé que ce texte d’une grande qualité n’avait rien perdu de son actualité, c’est pourquoi nous le publions sur notre site.
Valeurs républicaines et guerre de la communication
J’ai assisté à l’occasion de l’anniversaire de la loi de 1905 à des débats autour de la laïcité, et j’ai constaté qu’un travail de sape s’attaque aux valeurs de la République. Des idées, des comportements s’installent par les moyens de la persuasion, c’est-à-dire en jouant sur l’affectif qui s’exprime dans un discours de la compassion et du politiquement correct. Nous abandonnons l’information qui doit être objective et rationnelle…

Le démantèlement du Service public
Emmanuelle Huisman-Perrin reçoit Anicet le Pors, ancien ministre, Conseiller d’Etat.
Manifeste : La raison, la recherche scientifique et l’avenir de la planète
L’aventure humaine ne saurait être dissociée du rôle fondamental de la raison. Cet exercice d’une fonction critique fondée sur le libre examen du réel, s’il est indispensable à la science, l’est tout autant pour faire progresser la démocratie.
Le rôle de la science et la notion même de progrès sont aujourd’hui contestés. Beaucoup reconnaissent que le progrès scientifique a contribué à rendre possible l’allongement considérable de l’espérance de vie et l’amélioration du niveau de vie moyen dans les pays développés, et dans une moindre mesure dans le reste du monde. Mais ils constatent aussi que le développement de l’économie que ces progrès ont permis n’a pas fait disparaître l’inacceptable misère…

Liquidation du programme du Conseil national de la résistance
Emmanuelle Huisman-Perrin reçoit Fréderick Genevée, à propos des attaques portées contre les acquis du Programme économique et social du Conseil national de la résistance.
Il est urgent de réagir
L’Union rationaliste présente à tous les visiteurs du site ses meilleurs voeux pour l’année 2008. Nous les appelons à nous écrire pour nous faire part de leurs suggestions et de leurs critiques. L’union rationaliste, qui n’est pas une organisation politique, met dans l’exercice de la raison en démocratie ses espoirs d’amélioration de la qualité de vie de tous en France et dans le monde. Dans cet esprit, nous sommes convaincus que des initiatives beaucoup plus nombreuses et résolues sont nécessaires autour de quatre grands objectifs :
promouvoir les démarches rationnelles ;
refonder les rapports de la science et de la société ;
développer la laïcité ;
promouvoir une culture humaniste…
L’urbanisme: une discipline en crise ?
L’invité était Jean-Claude Garcias, membre de l’atelier d’urbanisme TGT et Associés, qui a illustré sa conférence par deux exemples en voie de réalisation : Nanterre (le grand axe), et Toulouse-Blagnac (le quartier Andromède).
Le terme « urbanisme » est apparu il y a un siècle, comme le « jazz », et il n’est guère plus précis. La « science urbaine », si c’en est une, est tout aussi récente, même si d’innombrables utopies urbaines jalonnent l’histoire. On pourrait d’ailleurs soutenir que l’utopie n’existe que par son inscription urbaine ; ou que le travail concret d’urbaniste est nécessairement déchiré entre conformisme affairiste et rêve progressiste. L’urbanisme : une manière dépolitisée de faire de la politique ?
On définit généralement l’urbanisme comme « la fabrication de plans destinés à réguler la croissance et l’extension des villes, et de s’assurer des meilleures conditions possibles en ce qui concerne le logement, la circulation, l’activité économique, l’enseignement, la vie sociale et culturelle, les loisirs ». Définition lourdement technocratique, qui implique l’existence d’un État providence plus ou moins fort, capable d’arbitrer entre les « besoins » ou les « désirs » contradictoires de différentes classes sociales. Pour ne parler que de l’Europe, l’urbanisme opérationnel moderne s’est constitué sur un demi-siècle, avec le paternalisme autoritaire (Bismarck), le libéralisme philanthropique (Howard), la social-démocratie (Weimar), ou la technocratie planiste (Le Corbusier et Claudius-Petit). Bardé de convictions théoriques, grand créateur d’acronymes, il a tourné à plein régime pendant les 30 glorieuses, s’est discrédité dans les années 1970, et peine à se reconstituer depuis…
Culture scientifique, culture et démocratie
La science est malheureusement aujourd’hui, pour l’essentiel, un domaine extérieur à la culture y compris celle des « élites » intellectuelles et politiques. Cette situation, qui n’est certes pas entièrement nouvelle, interroge en ce début de xxie siècle. Elle a de quoi inquiéter alors que la science et la technologie jouent un rôle plus grand que jamais. Les sociétés modernes affichent des besoins croissants de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens. Or, de nombreux rapports pointent depuis quelques temps une désaffection des jeunes pour les métiers scientifiques, en France, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Ces contradictions, la trop faible pénétration de la culture scientifique dans les différentes couches de la population ont de multiples causes, parmi lesquelles il faut mentionner des attitudes de méfiance envers la science, jugée « responsable » d’un mode de développement économique déstabilisateur…
Deux Prix Nobel
Le Prix Nobel de physique 2007 vient d’être décerné conjointement à Albert Fert, professeur à l’Université Paris-Sud, directeur scientifique au sein de l’Unité mixte CNRS/Thalès et au physicien allemand Peter Grünberg. Le prix récompense leur découverte en 1988 de la magnétorésistance géante, un nouveau phénomène a l’origine de nombreuses applications notamment l’augmentation considérable des performances des têtes de lecture utilisées aujourd’hui avec tous les disques durs. La découverte n’aurait pas été possible sans le développement des techniques de préparation de matériaux en couches extrêmement minces dans les années 1970…
Droits de l’animal ou protection des animaux ? Réponse à Georges Chapouthier
Mis en cause par Georges Chapouthier dans son article « Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ? », je souhaite apporter, ici même, quelques éclaircissements sur ma position.
Premier point : mon censeur n’a « pas le monopole du cœur », pour reprendre une célèbre réplique. Je suis, au moins autant que lui, capable de pitié et de sympathie ; mais, à sa différence, je connais les animaux — j’ai notamment élevé et travaillé avec des chevaux — et ma compassion va davantage à ceux élevés en batterie pour être abattus et dépecés à la chaîne (et aux humains contraints par la nécessité économique d’exercer les métiers correspondants) qu’aux taureaux de corrida qui, pour vingt minutes dans l’arène, passent les cinq années de leur vie en quasi-liberté dans d’immenses pâturages…
Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ?
On parle de plus en plus des droits de l’animal. Dans une société largement fondée, comme la nôtre, sur la notion de droits, il est sans doute heureux que des droits viennent protéger les différentes facettes de l’animalité des abus qui pourraient lui être infligés par une espèce, la nôtre, qui, au cours de son histoire, n’a pas toujours brillé par son attitude morale et pourrait certainement mieux faire. Mais la notion même de « droits de l’animal » semble difficile à admettre par beaucoup de nos contemporains. Je voudrais en donner, dans les pages qui suivent, quelques exemples caractéristiques qui permettront, dans le même temps, en rectifiant certaines affirmations erronées, de présenter le droits de l’animal pour ce qu’ils sont et de les replacer par rapport aux droits de l’homme…
Islam et migrations
Il n’est pas de Français qui ne descende d’immigrés. Nous parlons une langue qui continue le latin des Romains et portons le nom d’une des nombreuses tribus germaniques qui se sont installées sur notre territoire. Le mouvement d’immigration massive, partiellement organisé par le gouvernement français après les massacres des deux dernières guerres mondiales, a permis à la France de se maintenir à un niveau démographique acceptable. Cela n’a pas été sans frictions et les Français qui se croyaient de souche (ils n’ont pas tous disparu) ont parfois accueilli les nouveaux-venus avec des « sale juif », « sale rital », « sale polack » etc. qui fort heureusement n’ont pas toujours eu de traduction en acte : dans l’ensemble ces nouveaux venus ont été intégrés plus ou moins vite, plus ou moins facilement, et ont en tout cas tous contribué à l’existence continuée de la nation française. On remarquera qu’il n’existe pas d’injure antimusulmane …
Pierre Bayle (1647-1706) : Tolérance et raison
À l’occasion du tricentenaire de sa mort
{lettrine}Pierre Bayle {/lettrine}est né le 18 novembre 1647 au Carla, dans la province de Foix, d’une famille bourgeoise protestante. Le foyer pastoral possède une vigne, un potager, quelques champs, et mène une vie modeste. Il est difficile, de nos jours, d’imaginer les différences qui, au milieu du xviie siècle, séparaient un coin perdu du Comté de Foix non pas seulement de Paris, mais simplement d’un bourg d’importance comparable à la sienne situé au nord de la Loire. L’économie était encore essentiellement une économie de subsistance, quasi médiévale. Toute la population parlait occitan ; le français n’était employé que par les notables, et les protestants le comprenaient au moins approximativement grâce à la liturgie et aux sermons qu’ils entendaient, s’ils étaient très pratiquants, deux fois par semaine…
Le livre blanc et le livre noir de la psychanalyse
« Ce qui distingue l’homme de science, ce n’est pas ce qu’il croit, mais comment et pourquoi il le croit. Ses croyances sont sujettes à révision, et non dogmatiques ; elles sont basées sur la preuve et non sur l’autorité ou l’intuition. » Bertrand Russell.
Un débat public est à présent ouvert entre partisans et adversaires de la psychanalyse, débat qui, il est vrai, a eu lieu il y a belle lurette dans d’autres pays occidentaux. Après la publication, l’an passé, du Livre Noir de la Psychanalyse [1], voilà que paraît l’Anti Livre Noir de la Psychanalyse [2]. On ne peut donc que s’en féliciter, puisque la lecture de ces deux volumes, thèse et antithèse, devrait nous permettre de départager les opposants, de donner raison — partiellement ou totalement — soit aux uns, soit aux autres, ou encore de les renvoyer dos à dos…
Immigration et intégration : le prétexte ethnique
Désormais, quand on prononce les mots de ” cités “, de ” banlieues “, ou d'” immigration “, le terme ” ethnique ” ou ” ethnicité ” fuse. On va montrer ici qu’il sert à dissimuler une vieille connaissance, l’inégalité sociale et sa compagne l’injustice. D’où vient d’ailleurs l’usage du terme d’ethnie ? Son origine grecque et sa présence dans des labels aussi respectables que ethnographie ou ethnologie semble lui assurer un pedigree au dessus de tout soupçon. En fait, l’usage du terme est récent. On le voit apparaître dans l’un des traités les plus violents consacré à l’existence et à la séparation des soi-disant races humaines, Les sélections sociales de Vacher de Lapouge, publié en 1896. A la page 11, après avoir récusé les termes qui décrivent des ” groupements historiques ” tels que peuple, nation ou nationalité, Vacher propose d’utiliser un terme particulier qui spécifierait clairement la différence raciale…
La question du droit de vote des femmes en France
Dans le panorama européen, la France présente le cas de figure d’une République précocement dotée du suffrage universel masculin (1848), mais intégrant très tardivement les femmes (1944). La Suisse a un profil très similaire avec une égalisation encore plus tardive (1971 pour les élections fédérales). Ces deux nations démontrent clairement que la démocratie, même directe, s’accommode très bien de l’exclusion des femmes.
Plusieurs explications successives ont été apportées à ce « retard » français. La première, avancée par des féministes de l’entre-deux-guerres, insiste sur la faiblesse et les divisions du féminisme français. Outre que cette hypothèse suppose une relation de cause à effet entre la force du mouvement et l’obtention de la victoire que rien ne démontre, elle minore considérablement l’ampleur du suffragisme français. Sans atteindre la radicalité et la vastitude des mouvements anglais et américains ou encore les énormes associations allemandes …
Brevetabilité du vivant et santé publique. Les limites d’un monopole
La fin du XXe siècle a connu une véritable révolution dans le domaine des sciences du vivant. Les biotechnologies, souvent issues des laboratoires publics, occupent le devant de la scène. Bien qu’en 1873 un brevet sur une levure ait été accordé à Louis Pasteur, le débat sur la brevetabilité du vivant n’a réellement pris de l’ampleur qu’un siècle plus tard, avec le développement explosif des connaissances en génomique dans les années 1980. Depuis, on a assisté, d’abord aux Etats-Unis puis en Europe, à un véritable déferlement de brevets sur des protéines et des séquences de gènes.
Les enjeux sont à la fois scientifiques, économiques, sociaux et éthiques. Le décryptage récent du génome humain et les applications potentielles susceptibles d’en découler ont ouvert de nouveaux espaces de liberté, appelant de nouveaux choix, mais aussi l’exercice de la responsabilité…
Quelle organisation mondiale pour la société contemporaine ?
Il est important de discuter des enjeux de la réforme de l’ONU et cela ne devrait pas nous préoccuper seulement pendant les quelques jours où il y a un sommet, sous le prétexte que quelques chefs d’État ont fait un voyage et vont se serrer la main. Cet événement médiatisé est l’écume des choses et n’a pas beaucoup d’intérêt. On en a beaucoup parlé dans tous les médias pendant la très courte période du sommet, et puis tout cela est retombé.
Or nous sommes devant un problème infiniment grave, très profond et très difficile, qui devrait mobiliser les forces sociales et les intellectuels de toutes sortes, les groupes militants, les partis politiques, dans le monde entier. Si nous parlons, en effet, de la réforme de l’ONU, c’est que nous sommes arrivés à un point intolérable de non-adaptation de l’institution aux besoins du monde moderne. Et, comme vous le savez, le sommet récent a été un échec. Nous repartons donc à zéro…
Ré-enchanter le monde
Dans La Revanche de Dieu, Gilles Kepel situe le commencement du processus de reconquêtes religieuses du monde autour des années 1970, et il en étudie les contextes et les causes pour les quatre religions : catholique, protestante, juive, islamique. Il montre qu’on assiste partout à une ” disqualification globale de la modernité “, centrée sur ce que Jean-Marie Lustiger, alors futur cardinal de Paris, a appelé le ” désenchantement de la laïcité “. Le retour du religieux dans le dernier tiers du xxe siècle s’est opéré à deux pôles : l’un ” par le bas “, en réinvestissant les ” masses populaires ” souvent perdues au cours des luttes politiques de tous ordres ; l’autre est plus nouveau et passe ” par le haut “, les élites intellectuelles diplômées qui maîtrisent les nouveaux moyens de communication et d’information, et qui tirent profit du développement des sciences humaines et de certaines positions philosophiques ” post-modernes “. On peut donc parler d’une mondialisation progressive du combat pour le Dieu unique, qu’on l’appelle Christ, Jahvé ou Allah. Gilles Kepel étudie la phase de construction du processus à partir des années 1967-1970, la phase de conquête au détour de 1990, à quoi l’on pourrait ajouter que les années 2000 seraient celles de la gestion…
La religion, fait historique et social
Je me suis occupé de la religion grecque, et, avec d’autres jeunes savants, dans les années 60, indianistes, assyriologues, égyptologues, africanistes, et d’autres, on a essayé de comparer des systèmes religieux et de se poser des problèmes à ce sujet. Mais la religion, ça me dépasse, de tous les côtés, et quand je dois faire cette conférence que je fais parce qu’on me l’a demandé, parce que je suis profondément attaché à l’Union Rationaliste, par ma biographie, par ma conviction, j’ai le sentiment que je n’arriverai pas à présenter les problèmes de la façon qui conviendrait. On a dit que j’étais un agnostique. Pire que ça : j’ai souvent raconté que la première organisation à laquelle j’avais adhéré, du temps très lointain de ma jeunesse, quand j’avais dix-sept ans, s’appelait Association internationale des athées révolutionnaires, les « sans Dieu », dont le siège était à Moscou. Et, en 1934, voyageant en Union Soviétique, encore fort jeune, je visitais beaucoup de musées de l’athéisme, de l’irréligion, dont certains avaient été établis dans des églises…