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Cahier rationaliste n°648

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Mai – juin 2017 – n° 648

À la mémoire de Jean-Pierre Kahane

Éditorial
• L’Union rationaliste est en deuil / Michel Henry
Actualités
• Catherine Kintzler lauréate du Prix 2016 de l’Union Rationaliste / Alain Billecoq
• Une philosophie pour penser la laïcité / Catherine Kintzler
• Vivre ensemble, manger ensemble… / Charles Conte
• De La Revue du mois aux Cahiers Rationalistes : quelle filiation ? / Gérard Loustalet-Sens et Joseph Lajzerowicz
Radio
• Histoire de la revue Raison présente avec Emmanuelle Huisman-Perrin, Guy Bruit et Gabriel Gohau
Sections locales
• Activités de l’Union rationaliste Aquitaine (URAq) 2016-2017 / Jean-Claude Masson
Communiqué
• La question de la transition énergétique est-elle bien posée dans les débats actuels ? / Institut de France – Académie des Sciences
Lectures
• Pour une approche critique de l’islam d’Yvon Quiniou / Jean-Philippe Catonné
• De quel amour blessée. Réflexions sur la langue française de Alain Borer / Brigitte Ferrand

 

Éditorial
Par Michel Henry, administrateur

L’Union Rationaliste est en deuil

Jean-Pierre Kahane a été président de l’Union rationaliste de 2001 à 2004. Il a été beaucoup plus que cela. Depuis 16 ans, il a constamment organisé puis suivi de près les activités de notre association, ne manquant aucune Assemblée générale, nous aidant par ses interventions toujours claires et constructives. Il me revient de retracer ces années d’échanges fructueux, ayant eu le grand plaisir d’avoir pu travailler avec lui et d’avoir été associé à ses décisions.

Notre amitié était très ancienne. Elle est née de notre implication conjointe dans la vie des Instituts de Recherches sur l’Enseignement des Mathématiques (IREM). J’ai rencontré Jean-Pierre pour la première fois à Budapest en 1988 à l’occasion du 6e Congrès International sur l’Enseignement des Mathématiques (ICME), où j’y représentais le réseau des IREM, Jean- Pierre étant alors président de l’« International Commission on Mathematical Instruction » (ICMI), cela de 1983 à 1990. La vie des IREM a été mouvementée. À plusieurs reprises, les autorités académiques et les ministères concernés ont cru pouvoir les supprimer ou les asphyxier financièrement. Chaque fois Jean-Pierre Kahane est monté au créneau pour peser de toute son autorité à la fois politique et scientifique de grand mathématicien, afin de pérenniser ce réseau irremplaçable, créé et 1969 et encore très productif. Puis, Jean- Pierre m’a succédé en 1997 à la présidence du Comité scientifique des IREM qu’il a dirigé pendant deux ans, lui donnant ses lettres de noblesse. De 1999 à 2003, nouvel académicien, il a dirigé la commission de réflexion sur l’enseignement des mathématiques, dite « Commission Kahane », dont le rapport édité en 2002 chez Odile Jacob est toujours d’actualité, un trésor pour les enseignants de mathématiques. L’activité mathématique de Jean-Pierre Kahane, membre de l’Institut depuis 1998, est immense ; elle fait l’objet de nombreux témoignages par ailleurs. De même son activité syndicale (il fut secrétaire général du SNESup de 1962 à 1965) et politique (il fut membre du Comité central du PCF de 1979 à 1994), ponctuée par la création en 2013 de la revue Progressistes témoigne de sa fidélité à ses convictions profondes.

Au cours de l’année 2000, Jean-Pierre m’appela et me demanda : « Accepterais-tu de m’aider à relancer l’Union rationaliste ? » Évidemment,
j’acceptai immédiatement. Je connaissais cette association par héritage de mes parents (mon père a travaillé au CEA avec Frédéric Joliot-Curie, un des premiers présidents de l’UR), mais je n’en avais plus entendu parler depuis longtemps. Je venais de recevoir une lettre de Jean-Claude Pecker, astrophysicien, préoccupé par la léthargie d’alors de l’UR, dont le président depuis une trentaine d’années, Evry Schatzman, connaissait des problèmes de santé. Jean-Claude Pecker y lançait un large appel à la reconstruction de l’association. Jean-Pierre était lui aussi très attentif à la survie de l’UR, dont son père, le biologiste Ernest Kahane, en avait été un éminent président de 1968 à 1970. Jean-Pierre accepta le défi et put réunir une petite équipe pour former un bureau, avec Guy Bruit comme secrétaire général, Jean- Claude Darmon et moi-même comme trésoriers avec la collaboration de Bernadette Augrand comme secrétaire administrative. La première tâche fut de retrouver un équilibre financier par une gestion rigoureuse et une campagne d’adhésions qui donna ses fruits. Déjà, la question du partage du loyer du local rue de l’École-Polytechnique entre la SARL des Nouvelles Éditions rationalistes qui publiait Raison Présente et l’UR était posée, les seules ressources des NER ne suffisant pas. Jean-Pierre tenait beaucoup à la publication des Cahiers Rationalistes et obtenait d’éminentes contributions. À l’occasion d’événements concernant les missions de l’UR, Jean-Pierre proposait la publication d’un communiqué, comme par exemple sur l’interdiction du port du voile islamique dans les écoles proposée par la commission Stasi. Arrivé à la fin de son mandat de trois ans, mobilisé par ses nombreuses autres responsabilités, Jean-Pierre Kahane a trouvé en Hélène Langevin-Joliot une présidente extrêmement motivée et entreprenante, aidée par Gérard Fussman qui avait succédé à Guy Bruit comme secrétaire général.

La conjoncture des années 2004-2012 n’était pas favorable aux associations ; les adhésions se faisaient plus rares et les coûts de fonction- nement grimpaient inexorablement. La tâche du président devenait aussi plus complexe, entre la contribution au rayonnement de l’UR et sa gestion quotidienne. Hélène proposa en 2012 une modification des statuts pour séparer ces deux responsabilités. Jean-Pierre approuva ma candidature pour le poste d’administrateur et m’aida continuellement par ses conseils. Édouard Brézin qui avait accepté en 2012 d’être président pour deux ans a remarquablement assuré cette tâche jusqu’à cette année. Le déséquilibre financier a conduit au déménagement de l’UR que j’ai eu à organiser en tant qu’administrateur mandataire. Ayant opté pour l’installation du secrétariat à Courville-sur-Eure et l’implantation du siège à la Maison des associations du 5ème arrondissement complété par un local que la ville d’Ivry nous attribue, j’ai été aidé dans ce choix par l’approbation et les encouragements de Jean- Pierre.

Ainsi, l’Union rationaliste lui doit son existence actuelle, prolongée par l’action d’Hélène Langevin-Joliot et la présidence d’Édouard Brézin. Jean- Pierre a quitté au moment où les conditions sont réunies pour que l’UR puisse à nouveau relancer son combat rationaliste, sous la présidence d’Yves Bréchet.

 

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