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Cahier rationaliste n°663

10,00 

Novembre-décembre 2019
Éditorial
• Pour une approche résolument rationaliste / Antoine Triller
Communiqué
• Laïcité – Appel du 9 décembre 2019
Actualités
• Quel avenir pour la différence des genres ? / Patrice Decormeille
Dossier
• La vérité en sciences et en mathématiques (deuxième partie) / Michel Henry
• Commentaire sur le texte « La vérité en sciences et en mathématiques » de Michel Henry / Évariste Sanchez-Palencia
Radio
• Les échos de la Terreur, avec Emmanuelle Huisman-Perrin et Jean-Clément Martin
• L’école de la défiance, avec Emmanuelle Huisman-Perrin, Nelly Bensimon et Michel Henry
Lectures
• Conversations avec Vauvenargues, Chamfort, La Bruyère et quelques autres… de Marcel Conche, lu par Jean-Philippe Catonné
• La parole du mille-pattes de Jean-Paul Jouary, lu par Alain Billecoq
• Militer pour la science. Les mouvements rationalistes en France (1930-2005) de Sylvain Laurens, lu par Charles Conte
• L’Homéopathie de Samuel Hahnemann à Luc Montagnier. Mémoire de l’eau, placebo et molécules virtuelles d’Élie Volf et Jean-Jacques Aulass, lu par Michel Henry
• Féminin/Masculin de Patrice Decormeille et Michel Wierviorka (dir.), lu par Alain Billecoq
• Reçus en hommage des auteurs ou des éditeurs 60
Colloques
• Les morales de Diderot. Hier et aujourd’hui Colloque de Cerisy-la-Salle
• Université permanente Cycle de conférences 2019-2020
• Journées de formation continue Théâtre sans rideaux V
• Colloque de l’Union rationaliste 2019

Éditorial
Par Antoine Triller, président de l’Union rationaliste

Pour une approche résolument rationaliste

Lorsque des amis, membres de l’UR, avec qui je partage les mêmes convictions philosophiques en ce qui concerne les sciences et leurs rapports avec la société, me l’ont demandé, j’ai accepté après une réflexion assez sérieuse, l’honneur de prendre la présidence de l’Union rationaliste. Dans un monde où tout est devenu extraordinairement brutal, où l’irrationalité est devenue commune, je veux juste faire une petite citation, ce sera la seule : « No, it isn’t truth. Truth isn’t truth » : c’est un républicain américain, Rudy Giuliani, qui a fait cette déclaration à NBC au mois d’août 20181. On est donc dans un monde où une parole très étrange est autorisée. Il y a d’autres raisons qui m’ont conduit à accepter la présidence de l’UR et qui sont liées en particulier au fait que je suis médecin et biologiste. Je serai très heureux d’être le premier président biologiste de l’UR, considérant que ce grand champ de la science se trouve aujourd’hui au cœur de multiples questions que la science pose à la société.

La biologie et la médecine sont aujourd’hui confrontées à des débats sociétaux et à une demande constante de solutions. Le champ des sciences du vivant est le lieu d’interrogations fondamentales sur des sujets d’importance majeure pour les citoyens tels par exemple la vaccination, la pollution de l’alimentation ou les modifications du génome, mais également l’écologie, la disparition des espèces… Et cela dans le cadre d’une évolution sociétale ou dominent aujourd’hui les médias de masse (TV, journaux, internet), les communautés virtuelles (réseaux sociaux de toutes sortes). Cette situation contribue à propager un relativisme où se perd la raison. C’est dans ce contexte que l’Union rationaliste organisera le 29 février 2020 un colloque intitulé « Rationalité et Éthique dans les Sciences Biologiques et Médicales ». Cette situation n’est pas spécifique aux sciences du vivant, elle est également prégnante dans les autres champs de la connaissance. De fait, nous vivons une époque traversée par des controverses sur lesquelles les citoyens s’interrogent : « post-vérité », « vérités alternatives », « fake-news »… ces termes sont apparus récemment et sont de plus en plus présents dans le débat public. Fondés sur des opinions et des croyances, ils s’opposent aux faits et
aux critères de vérité auxquels se réfère la démarche scientifique, quelles que soient ses incertitudes qui découlent d’un doute raisonnable consubstantiel
à la méthode scientifique. Une opinion est une chose, un fait scientifique en est une autre, c’est là une banalité qui vaut la peine d’être rappelée.

Ceci place l’Union rationaliste de manière critique à une place de vigie qui a toujours été la sienne, mais nous ne pouvons pas faire abstraction du monde tel qu’il est. Si de nombreux aspects de la connaissance sont du domaine des explications scientifiques, les réponses sociétales sont de l’ordre du politique dont les décisions doivent être éclairées par la raison, ce qui n’est pas toujours le cas. De fait, la relation de la science avec la société est un axe important qui doit être au cœur de nos actions. C’est là que l’engagement sur la laïcité prend toute sa dimension, en maintenant les « vérités » religieuses hors du champ de la science. La question est plus que jamais d’actualité dans la société multiculturelle qui est la nôtre, traversée par le souci de l’accueil de réfugiés et de migrants. Les débats sur la laïcité sont à reprendre et je pense que l’UR devra s’atteler à reconstituer un groupe de réflexion sur la laïcité dépassant les querelles partisanes et refondant le socle des analyses et des prises de position de l’UR. Je compte m’y impliquer personnellement.

Au moment où j’ai accepté cette présidence, j’ai demandé à voir les statistiques sur l’Union rationaliste : il y a une baisse continue du nombre d’adhérents. Cela n’est pas trop grave, car on n’a pas besoin d’être nombreux pour propager des idées justes ; mais il faut enrayer cette baisse. Et il y a un autre élément qui, à mon avis, est plus inquiétant encore : 57% des adhérents sont nés avant 1950. C’est un problème majeur auquel nous devons remédier. Il faut d’une part attirer des adhérents potentiels ayant entre 40 et 55 ans, venant d’horizons divers, scientifiques ou non, et qui sont en phase avec la société et avec la sensibilité de l’UR. Il faut d’autre part aller également vers une génération plus jeune ; et cela pour deux raisons : d’abord parce que sinon c’est l’extinction de l’UR, ensuite parce que notre monde change à grande vitesse. Je dis souvent que nous vivons une transition de phase dans les relations qu’ont les scientifiques avec la manière dont on fait la science et avec le monde. Un des aspects complexe et « merveilleux » de ce changement est l’accélération des processus de découverte. L’internet a été déterminant dans ce processus en renforçant d’une part l’inter-connectivité des communautés scientifiques et, d’autre part, les interactions avec des communautés de citoyens non-scientifiques.

Au-delà de ce panorama un peu général, mon objectif principal sera d’essayer d’enrayer le déclin de l’Union rationaliste qui se traduit par une pyramide des âges déséquilibrée. Cette situation n’est pas acceptable dans une société moderne où se posent des questions fondamentales liées aux sciences. Les dangers qui menacent l’Homme et la planète angoissent légitimement nos concitoyens et particulièrement les jeunes. Seule une approche résolument rationaliste est capable d’aborder ces problèmes et de contribuer à y remédier.

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