Bruno Andreotti
Physicien
3 MAI 2021
Appel à propositions pour 2022 : quelle Université et quel système de recherche voulons-nous ?
Plusieurs de nos adhérents souhaitent attirer l’attention sur l’excellent appel du collectif Rogue ESR qui, depuis plusieurs années, milite pour une autonomie effective de la science vis-à-vis de tous les pouvoirs, politique, économique comme religieux. Le présent appel de Rogue <https://rogueesr.fr/20210503/>, auquel s’associe l’Union rationaliste vise à élaborer, de manière ouverte et non partisane, des éléments d’un programme pour la recherche et l’Université. Il contient déjà différentes pré-propositions, qu’il s’agit de compléter. Elle seront ensuite soumises à un vote de la communauté académique et des citoyens intéressés. Le budget estimatif des principales mesures soutenues sera évalué. Enfin, ce programme sera relayé auprès des candidats à l’élection présidentielle, en leur demandant de prendre position sur chacun des points défendus.
Après sollicitation de plusieurs adhérents, l’ensemble du bureau de l’UR vous suggère d’envoyer de courtes contributions personnelles à ce débat citoyen pour faire vivre un rationalisme à la hauteur des crises que notre société traverse.
À l’occasion de la loi de programmation de la recherche (LPR) comme de la crise sanitaire, nous avons pu constater l’absence de relais de la communauté universitaire au sein de la sphère décisionnaire. Les programmes électoraux pour la présidentielle 2022 seront arrêtés dans quelques mois et il nous revient d’être des acteurs du débat public. Si nous ne faisons rien, l’Université et la recherche, le savoir et la science, risquent d’être absents des questions politiques.
Si c’est le cas, les programmes électoraux se contenteront de formulations ambiguës cachant mal la prochaine vague de contractualisation, de dérégulation et de bureaucratisation autoritaire. Autre danger : qu’une poignée de propositions, en se fondant sur des analyses biaisées des dysfonctionnements de la recherche liés à la crise Covid, ne vienne une fois de plus travestir le soutien à l’innovation privée comme un investissement dans la recherche publique. De façon générale, la sphère technocratique ne manquera pas de faire passer ses idées aux principaux candidats.
Pour reprendre la main sur l’agenda politique, la communauté académique doit donc se constituer en groupe de pression transpartisan. Pour ce faire, nous proposons de travailler en trois étapes :
- Collecter un ensemble de points programmatiques dans un format imposé(un titre de moins de 150 caractères suivi d’un paragraphe de développement de 1 250 caractères maximum, espaces compris). Vous êtes invités à envoyer vos contributions d’ici au 24 mai 2021 à cette adresse : contact@rogueesr.fr. Le paragraphe doit s’adresser aux citoyens plutôt qu’à la communauté académique. Si vous le souhaitez, vous pouvez également utiliser la fonction « commentaires » (bouton « view comments ») en bas de ce billet. À titre d’exemple, nous avons listé ci-dessous une première série de propositions tirées de nos précédents travaux et auxquelles nous vous invitons à joindre les vôtres. Les propositions doivent être constructives et porter sur un point précis, en s’abstenant de commentaires critiques généraux sur la politique suivie depuis deux décennies. Elles peuvent évidemment être des amendements d’autres propositions ou des contre-propositions sur un même thème.
- Durant la deuxième quinzaine de mai, nous vous proposerons de voter pour hiérarchiser les propositions collectées. Nous appellerons alors la communauté académique, au sens large, à fixer elle-même les priorités programmatiques à défendre. La représentation statistique du vote sera déterminante. Nous réaliserons une synthèse des propositions fin mai.
- Les propositions les plus soutenues feront l’objet d’un chiffrage budgétaire rigoureux puis seront portées auprès des candidats et de leurs partis. Nous demanderons aux équipes de campagne une réponse écrite concernant l’intégration de chacun des pointsdans leur plateforme programmatique. Nous rendrons publiques toutes les réponses reçues.
(….) seule la 13e proposition est insérée ci-dessous, vous pouvez lire les 12 précédentes en suivant le lien donné en tête.
13. Refonder la formation des enseignants du premier et du second degré
La crise de la formation des enseignants affecte directement la transmission et la critique des savoirs académiques. Il est nécessaire de reconstituer un vivier de futurs enseignants et de mieux les accompagner très tôt dans leurs études. Pour cela, nous proposons d’introduire un pré-recrutement des enseignants sous statut d’élève-fonctionnaire dès la L2. Ce pré-recrutement donnera également accès à une formation initiale aux métiers de l’enseignement et à des stages d’observation. Placé en fin de licence, le concours de recrutement sera axé sur les savoirs disciplinaires et sera suivi d’une formation en alternance sous statut de fonctionnaire-stagiaire, incluant des éléments de formation disciplinaire (ce qui inclut une part de didactique), et de sciences de l’éducation. Enfin, la première année comme titulaire doit donner lieu à un service allégé, permettant ainsi d’améliorer l’entrée dans le métier. Dans le même temps, une formation universitaire tout au long de la vie doit être mise en place pour les enseignants déjà en poste.