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Édouard Brézin

Professeur émérite à l’Ecole Normale  Supérieure.

12 janvier 2015

12 janvier

L’Union Rationaliste n’a cessé de considérer la laïcité comme l’un des fondements de notre République, qui garantit notre liberté de penser et de nous exprimer, qui autorise à croire ou ne pas croire pourvu que l’on ne cherche pas à imposer ses convictions aux autres, celui qui permet notre vie ensemble. 

Un piège grossier a été tendu par l’extrême droite dont le ralliement soudain à la laïcité n’était que l’expression d’un rejet des étrangers et de nos concitoyens issus de l’immigration. Au sein du bord politique opposé, un discours soutenant les pratiques communautaristes, parce que la ségrégation sociale ne laisserait pas d’autre issue à certains en quête d’identité, a soudain rejeté la laïcité comme si elle était l’expression d’un racisme insidieux. Certes d’autres pays d’immigration comme les États-Unis, se sont construits autour de structures communautaires. Mais la séparation des Églises et de l’État n’y est guère appliquée et les journaux ne reproduisent pas les caricatures de Charlie Hebdo.

Or l’immense mobilisation populaire du 11 janvier a mis en évidence notre attachement collectif à un mode de vie fondé sur la laïcité qui refuse ce communautarisme et tout particulièrement l’enfermement des femmes.

Il est clair que la mixité sociale et culturelle prônée par la laïcité souffre. Le chômage des jeunes, la ségrégation dans l’habitat, ont certainement une part dans les difficultés de notre société. Parallèlement la montée en puissance de l’enseignement privé, utilisé par les familles pour son caractère confessionnel, ou comme l’instrument explicite d’un refus de la mixité sociale, ne participe-t-elle pas aussi à la croissance du communautarisme ?

La dérive des trois malfrats qui ont assassiné 17 personnes du 7 au 9 janvier, est sans doute le résultat de multiples échecs. L’enseignement est souvent accusé, mais il ne faut pas se tromper de cible. Peut-être une meilleure formation aurait-elle pu éviter qu’ils ne tombent successivement dans la délinquance, le banditisme, et enfin dans ces meurtres abominables. Mais nos enseignants ne peuvent réussir dans leur tâche que là où les familles soutiennent leur mission. Ce sont donc bien nos concitoyens adultes qu’il faut convaincre et le 11 janvier nous donne l’espoir que c’est possible.

La haine de la part de ces assassins de notre liberté d’expression, leur antisémitisme, ne seraient-ils donc que le résultat mécanique de nos faillites? Tant d’exemples en sens opposé d’intégrations réussies, de concitoyens qui, sans renier leurs origines, ont tenu à affirmer le 11 janvier leur attachement à la laïcité, nous montrent qu’une telle affirmation serait leur faire injure.

Plus que jamais la laïcité continuera à guider nos pas.

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