
Union rationaliste
05/12/2005
De la laïcité selon les tribunaux italiens
Selon les informations dont nous disposons, le juge Luigi Tosti a été condamné le 18 novembre 2005 à 7 mois de prison et 1 an de suspension. Son crime ? Le juge refuse de rendre justice sous un crucifix.
La constitution républicaine de l’Italie promulguée le 27 décembre 1947 stipule que tous les citoyens « sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion » (Art. 3), mais l’Italie continue de vivre sous le régime du concordat signé le 11 février 1929 avec le Vatican par Benito Mussolini, chef du gouvernement de l’époque. Ce concordat a été renouvelé en 1984 par le socialiste Bettino Craxi. Explique qui pourra. Dans ce cadre, le gouvernement Berlusconi, ou les juges qui ont condamné leur collègue Luigi Tosti, ont remis en vigueur une circulaire fasciste, datant de 1926, jamais abrogée depuis, qui fixe que des crucifix doivent être visibles dans les tribunaux italiens. C’est pour avoir, malgré cette circulaire, ôté le crucifix de la salle d’audience, puis avoir refusé de siéger sous le crucifix remis en place que le juge Tosti a été ainsi lourdement et pénalement sanctionné. En voulant respecter la constitution italienne, le juge Tosti se serait donc mis hors-la-loi.
Nous ne pouvons laisser passer cette nouvelle manifestation d’extrêmisme religieux. Elle fait éclater au grand jour l’hypocrisie de ceux qui proclament qu’un concordat ou une religion d’état sont compatibles avec la laïcité. Nous appelons à la plus large protestation et, pour être plus efficaces, nous prenons contact avec nos partenaires, les organisations qui appelent à la manifestation nationale du 10 décembre et celles qui organisent le même jour à Paris le colloque “pour une laïcité à l’échelle du monde au XXIe siècle“.
Paris, le 5 décembre 2005.