Michel Naud
Ingénieur
01/12/2005
Une nouvelle offensive du créationnisme.
Depuis la formulation de la doctrine de l’évolution par Darwin, les fondamentalistes ont essayé d’en interdire l’enseignement parce qu’il contredit les récits de la création du monde que l’on trouve dans la Bible et le Coran. Le mouvement est particulièrement fort dans les pays musulmans, aux USA et en Australie. Le cas des USA est potentiellement inquiétant car les USA sont le pays qui domine la recherche scientifique. Si l’enseignement y accordait officiellement une place aux récents avatars du créationnisme, il ne manquerait pas de gens en Europe pour en tirer avantage et se prévaloir de ce précédent pour y imposer son enseignement.
Aux USA, le choix des programmes dépend des comtés et des états (States). Une première tentative a consisté à interdire dans l’état du Tennessee l’enseignement du darwinisme. Ce fut le sujet en 1925 d’un procès célèbre, un enseignant ayant refusé d’obtempérer. Vint ensuite une tentative, dans plusieurs états américains, d’imposer l’enseignement du créationnisme et du darwinisme sur une base égale. Cette décision fut annulée par la Cour Suprême car le créationnisme est une doctrine manifestement religieuse alors que le darwinisme relève de la science. Les créationnistes comprirent la leçon. Au lieu de nier l’évolution, ils essayèrent de montrer qu’elle implique l’existence d’un ” intelligent design “, Voltaire aurait-dit : d’un bon horloger. Malgré les protestations des milieux scientifiques, en particulier de l’Académie des Sciences des USA, cet ” intelligent design ” doit maintenant être enseigné de pair avec la doctrine classique (néo-darwinienne) de l’évolution dans de nombreux états, dont la Californie. Un procès est en cours en Pennsylvanie. Le Président G. Bush vient de se déclarer en faveur de ce type d’enseignement. Le danger est grand que ce dévoiement s’étende à l’ensemble des USA et de là à l’ensemble du monde.
C’est pourquoi les Brights, relayés en France par notre ami Michel Naud, ont lancé sur Internet une pétition à laquelle l’Union Rationaliste s’associe et qu’elle vous appelle à signer. En voici le texte, traduit en français par M. Naud.
Un certain nombre de ” bureaux d’éducation ” et de communautés religieuses tentent d’introduire la théorie de l’ ” intelligent design ” (ID) dans les programmes de sciences des écoles publiques américaines. Il est possible que les promoteurs de cette théorie pensent sincèrement qu’elle a une crédibilité scientifique. Mais certains, peut-être, visent à introduire par ce biais des croyances religieuses dans les programmes d’enseignement des sciences. Quelles que soient les intentions de ses promoteurs, la théorie de l’ ” intelligent design ” est en contradiction avec la définition de la science et doit être rejetée : elle n’a pas sa place dans un programme d’enseignement des sciences.
Pour dire les choses simplement, l’Intelligent Design n’est pas de la science. La science entretient un rapport expérimental avec la réalité. La caractéristique la plus importante de la méthode scientifique est que les hypothèses à propos du monde naturel puissent être testées, faire l’objet d’expériences reproductibles, et être vérifiées. Contrairement aux acquis scientifiques de la théorie de l’évolution de la vie sur terre, les explications de l’ID postulent des hypothèses qui ne peuvent être ni observées ni validées. En postulant que l’existence d’un concepteur est nécessaire pour rendre compte de l’origine et du développement de la vie, l’Intelligent Design rompt avec la science en tant que discipline.
Il n’y a pas de meilleur outil que la méthode scientifique, avec ses processus rigoureux de confirmation, pour comprendre notre monde. Aucune nation ne peut espérer bien se porter si ses citoyens sont entretenus dans la confusion ou désinformés en ce qui concerne la science. Le mouvement de l’Intelligent Design empêche de donner aux étudiants l’enseignement nécessaire à notre monde, où les sciences occupent une place incontournable. L’Intelligent Design constitue une menace sérieuse contre l’intégrité de l’enseignement des sciences telle que des scientifiques doivent la concevoir.
Pour savoir qui sont les brights: http://brightsfrance.free.fr