Groupe laïcité

9 octobre 2013

À propos du statut scolaire de l’Alsace-Moselle

Voici quelques exemples de ce que vivent au quotidien les familles résidant en Alsace.

1) Réponse du chef de cabinet du ministre de l’Éducation nationale aux associations laïques qui l’avaient sollicité.

Lettre du 30 août 2013.

Vous avez appelé l’attention de Monsieur Vincent PEILLON, ministre de l’éducation nationale, concernant les modalités d’application de l’enseignement religieux dans les écoles d’Alsace-Moselle.

Le ministre, qui a pris connaissance de votre courrier, m’a personnellement demandé de vous répondre.

Je tiens à vous rappeler le caractère obligatoire de l’enseignement religieux en Alsace-Moselle qui constitue l’une des composantes d’un droit local posé par le Conseil constitutionnel et, plus encore, un principe fondamental reconnu par les lois de la République.

Non seulement il ne répond pas à la question posée, mais encore il écrit que la non laïcité est à considérer comme un principe fondamental reconnu par les lois de la République ! Décidément l’Alsace-Moselle reste le terrain d’essai des régressions.

2) L’œcuménisme au secours de la déprise religieuse.

Les élèves des écoles primaires publiques d’Alsace-Moselle sont soumis à l’obligation de suivre un enseignement religieux (catholique, protestant ou juif). Ils peuvent obtenir une dispense et sont alors dirigés vers un enseignement de morale, tout aussi obligatoire dans l’emploi du temps scolaire. Les chefs d’établissement se sentent le droit de faire distribuer officiellement aux élèves ce document de propagande associé à la feuille d’inscription à la 24e heure. Cela va dans le sens de ce que demande le recteur : favoriser l’assiduité aux cours de religion.

Voici le cahier d’un écolier de la banlieue de Strasbourg à la dernière rentrée :

Ainsi pour faire face à la déprise religieuse, catholiques et protestants se disent prêts à accueillir au cours de religion tous les enfants, y compris les athées. Afin de justifier le maintien de leurs postes, ils sont prêts à adapter le statut scolaire local, à inventer le cours de religion œcuménique et les racines chrétiennes. Exit par ailleurs le judaïsme. Exeunt les musulmans, qui ne sont pas chrétiens et n’ont donc pas les mêmes racines ! Il y aura un enseignement religieux, sinon rien, le rien étant les cours de morale (qu’on ne peut qualifier d’enseignement et qui n’ont pas besoin d’être décrits).

3) Affichage de la Chartre de la laïcité dans les écoles publiques en Alsace.

Mme le recteur a jugé bon de réunir les autorités religieuses catholiques, protestantes et juives, et elles seules, au sujet de l’affichage de la charte. Les Dernières Nouvelles d’Alsace du 25 septembre 2013 citent leurs réactions. Pour Mgr Kratz, la charte ne change rien à la situation, pas même l’article 11 sur la neutralité des enseignants, parce que les enseignants de religion ont un autre statut, « ils viennent au nom d’une Église ». Pour Jean-François Collange, président des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine), la charte ne remet pas en cause la loi Falloux et les textes relatifs à l’enseignement religieux en Alsace. » Il estime que « notre droit local ne contrevient pas à la laïcité. C’est une forme d’expression de la laïcité. » Autrement dit, la non laïcité est une forme de laïcité. La loi Falloux était laïque. Comprend qui peut.

4) L’UR soutient les initiatives des associations laïques regroupées au sein de Laïcité d’accord

L’UR s’est associée au communiqué suivant :

Avec la « Charte de la laïcité », enfin du changement en Alsace et Moselle.

Comme dans le reste du territoire national, cette charte va être affichée dans tous les établissements scolaires d’Alsace et de Moselle.

En vertu de l’article 11, les personnels de l’Éducation nationale sont appelés à « transmettre aux élèves le sens et les valeurs de la laïcité. » Ils vont donc leur expliquer que la laïcité organise la séparation des cultes et de l’État, ce qui implique que l’État ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Des générations d’élèves vont ainsi se demander pourquoi l’Alsace et la Moselle sont toujours soumises au concordat. Elles vont découvrir que la laïcité garantit pleinement la liberté de conscience dont la liberté religieuse fait partie.

En vertu des articles 11 et 14, les personnels vont expliquer aux élèves que l’Éducation nationale est laïque, qu’elle échappe totalement à l’intervention des cultes, que les personnels sont obligatoirement laïques et donc qu’aucun ministre du culte ou aucun personnel dépendant d’un culte ne peut y enseigner. Ils vont leur expliquer qu’aucun enseignement de religion ne peut y être imposé, même avec possibilité de dispense. Des générations d’élèves vont se demander pourquoi on leur impose un enseignement de religion, avec possibilité de dispense, totalement contraire aux principes laïques.

Les organisations laïques d’Alsace et de Moselle ont un objectif qui pourrait devenir réalité, celui de voir les responsables politiques locaux et nationaux, les responsables des cultes et ceux de l’Administration rectorale agir enfin pour que les Alsaciens et Mosellans puissent vivre pleinement les principes laïques qui seuls contribuent au respect des courants philosophiques et religieux de chacun et garantissent le vivre ensemble dans la paix civile.

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