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Hélène Langevin-Joliot

Présidente de l’Union  rationaliste, pour le bureau de l’UR

9 janvier 2010

Après Copenhague

Le bureau de l’Union rationaliste présente à tous les adhérents, à tous les visiteurs du site, ses meilleurs vœux pour l’année 2010. Ceux que nous formons pour le renforcement de notre association sont à la mesure de notre conviction : la lutte contre les irrationalismes et pour la laïcité, l’effort de refondation des rapports de la science et de la société, le développement d’une culture humaniste intégrant la science dans la culture générale, sont plus que jamais indispensables aujourd’hui. Le rationalisme n’est pas un dogme, mais le moyen d’aborder de manière constructive les grandes questions de société.

L’année 2010 ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices. La crise économique est loin d’être résorbée, l’échec de Copenhague fait les titres des journaux. La laïcité est affaiblie.

Chacun voit bien que le système financier, renfloué à coups de milliards d’euros n’est pas à l’abri d’une possible rechute. On attend toujours des mesures de régulations à la taille des enjeux. L’activité des bourses reprend de plus belle, bonus sidéraux à l’appui, alors même que l’emploi reste profondément dégradé et que les populations vont être mises à contribution, d’une manière ou de l’autre, pour combler les déficits engagés.

La crise économique intervient dans un contexte de crise écologique : la gestion actuelle des ressources de la planète, dont on a reconnu le caractère limité, n’est pas « durable ». Une urgence s’est imposée suite aux prévisions et observations de plus en plus alarmantes établies par le GIEC (groupement international d’étude du climat) : les travaux scientifiques poursuivis depuis plus de vingt ans ont peu à peu réduit les incertitudes, sans bien sûr les éliminer complètement. Dans l’agitation climato-sceptique qui s’est fait jour ces mois derniers sur internet et dans les média, il peut y avoir des pistes à explorer, dont il reste aux scientifiques qui les avancent à prouver l’intérêt par de nouveaux travaux. Cette agitation n’apporte rien par contre qui puisse modifier un message conforme au principe de précaution : il faut généraliser et amplifier les mesures de réduction des émissions des gaz à effet de serre générés par l’homme. Selon le GIEC, en l’absence d’une politique volontariste de réduction des émissions, le risque d’une élévation de la température moyenne de plus de 2° et d’un bouleversement de la machine climatique est de 9 sur 10. Qui traverserait la route les yeux bandés, sachant qu’il a 9 chances sur 10 d’être renversé par une voiture ? « L’accord de Copenhague » acte bien la perspective de limiter le réchauffement climatique à 2° d’ici 2050 sans préciser comment il serait possible d’atteindre l’objectif, il acte une certaine aide aux pays les plus pauvres pour faire face mais ne va pas plus loin.

Les attentes des opinions publiques, européennes surtout, gonflées par l’amplification médiatique et les déclarations fracassantes des ONG, ont été déçues. Mais comment s’étonner que le marchandage entre Etats dont la puissance et les intérêts immédiats divergents ait pu conduire à l’échec alors même que l’on a mené, au niveau des opinions, des batailles de slogans trop ignorants des réelles contraintes impliquées par les mesures avancées ? Nous ne sombrerons pas pour notre part dans un pessimisme destructeur. Les Etats-Unis ont refusé pendant dix ans de ratifier le protocole de Kyoto. Il n’est pas négligeable qu’ils aient fait un petit pas en avant et que les grands pays émergents à commencer par la Chine aient commencé à prendre des engagements. Les discussions doivent reprendre : après la 15e conférence annuelle des Parties à la Convention de Rio, il y en aura une 16e à Mexico l’an prochain. Il n’est pas de meilleur outil que la raison pour dégager les solutions les mieux adaptées, sans hésiter à bousculer les tabous de la concurrence et l’exigence de contrôles irréalistes, face à des enjeux qui concernent toute l’humanité.

Cinquante années après l’adoption de la loi Debré (31 décembre 1959) instituant officiellement le financement public de l’enseignement privé, à 95% catholique, la loi « Carle » crée l’obligation pour les communes de financer les frais de scolarité des élèves fréquentant des écoles privées hors de leur périmètre. Ce « chèque éducation » vient couronner l’effacement de la place de l’Ecole publique laïque, ouverte à tous les enfants, ayant pour objectif de donner gratuitement à tous l’accès à la connaissance. Cette évolution, contraire à l’esprit sinon à la lettre des lois laïques françaises s’effectue soi-disant au nom de la liberté de l’enseignement. Celle-ci n’est nullement en cause. Bien d’autres libertés sont garanties aux citoyens français sans que pour autant il en découle pour l’Etat quelque obligation de financement que ce soit. La confusion entretenue à ce sujet, le recours à l’école privée pratiqué par des parents espérant donner à leurs enfants de meilleures conditions d’études, contribuent à faire oublier l’essentiel : l’encouragement à « l‘exode scolaire » et ses conséquences, ségrégation sociale et communautarisme. Les recommandations de la Congrégation pour l’éducation catholique publiées au Vatican le 5 mai dernier ne seront pas facilement mises en pratique en France. C’est un avertissement à méditer : « …l’école catholique est caractérisée par le lien institutionnel qu’elle maintient avec la hiérarchie de l’Eglise. Celle-ci garantit que l’enseignement et l’éducation soient fondés sur les principes de la foi catholique et dispensés par des enseignants choisis pour l’exactitude de la doctrine et la probité de leur vie… » .

A l’autre bout de la chaîne de l’éducation, c’est le processus de contractualisation des instituts catholiques qui sera engagé dès janvier, à travers celui d’une cinquantaine d’établissements privés d’enseignement supérieur. L’opération s’inscrit dans le formatage général de ce dernier dans l’esprit du processus de Lisbonne.

Pour le bureau, la présidente Hélène Langevin-Joliot

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