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Claude Stephan et François Clapier

UR

18 mai 2011

Catastrophe nucléaire au Japon

Le Japon a subi un très fort séisme, le plus important depuis très longtemps, qui apparemment a causé peu de dégâts. On peut être admiratif devant l’efficacité des constructions antisismiques réalisées par les Japonais. Par contre l’énorme tsunami qui a suivi a englouti des villes entières causant des dommages que les Japonais mettront longtemps à faire disparaitre. Ce tsunami est également responsable des importantes dégradations des systèmes de refroidissement de la centrale de Fukushima, aboutissant à une catastrophe nucléaire d’un niveau comparable celle de Three Mile Island aux USA, mais d’un niveau moindre que celle de Tchernobyl dans l’ex URSS. Ce dernier réacteur était en fonctionnement au moment de l’accident alors que ceux de Fukushima s’étaient arrêtés automatiquement lors du séisme.

Après l’arrêt d’un réacteur il reste une puissance importante à évacuer. Il n’y a plus de fissions mais les fragments issus des fissions qui ont été produites sont très radioactifs. La plupart d’entre eux a une durée de vie courte, ce qui fait que la radioactivité décroit très rapidement. Une heure après l’arrêt la puissance résiduelle représente encore environ 5% de la puissance en fonctionnement, et au bout d’un mois elle ne représente plus qu’un millième de cette puissance. Cependant, la puissance des réacteurs de Fukushima en fonctionnement étant de 2400MW, cela représente quand même des mégawatts sous forme de chaleur qu’il est indispensable d’évacuer si on ne veut pas que ça entraîne une dégradation du combustible nucléaire. C’est à ce problème de refroidissement que les Japonais sont confrontés avec des résultats mitigés. En effet on a assisté à des explosions dues à la présence d’hydrogène. Cela se produit quand le combustible atteint une température élevée qui entraîne une réaction entre la gaine du combustible en zirconium et l’eau de refroidissement. La vapeur d’eau est décomposée en oxygène qui va oxyder le zirconium et en hydrogène qui va s’accumuler dans l’enceinte du réacteur, donc susceptible d’exploser. C’est ce qui s’est effectivement produit. Les difficultés in situ restant à juguler à l’échelle de plusieurs réacteurs du site sont au moins :

  • maintien d’un refroidissement de combustibles pour limiter la dispersion matière radioactive,
  • mettre en œuvre un refroidissement général en circuit fermé,
  • réduire l’impact du recours au refroidissement en circuit ouvert (eau perdue) en réduisant le transfert de radioactivité par l’écoulement de l’eau.

On peut trouver une description détaillée de la situation de la centrale nucléaire de Fukushima sur le site de l’Institut de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire (IRSN) dans un document intitulé Foire aux questions, séisme au Japon.

Actuellement, la situation est loin d’être stabilisée. On ne peut qu’espérer que les fuites de radioactivité constatées jusqu’à présent ne vont pas s’aggraver. De toute façon les conséquences de cette catastrophe se limiteront probablement aux abords de la centrale. On a pu constater que les chaines de télévision ont en général bien fait leur travail en invitant souvent des personnes bien informées qui faisaient preuve de beaucoup de pédagogie pour expliquer la situation…

Cette fois encore, beaucoup de contre vérités ont paru dans de nombreux journaux, quotidiens ou hebdomadaires, même dans les plus sérieux. En particulier la présence de radioactivité est évoquée sans préciser à quelle dose cela correspond (en confondant dose et débit de dose), donc s’il y a un éventuel risque pour la santé immédiat ou non. Il y a pourtant un seuil de dose de rayonnement en dessous duquel aucun danger mesurable n’est observé. Il serait plus professionnel que les journalistes veuillent bien se référer aux sites officiels comme l’IRSN ou l’ASN qui fournissent des informations détaillées. D’autres sites (par exemple celui de la SFEN, de Sauvons le Climat) permettent aussi de s’informer valablement sur les questions nucléaires. Il y a aussi la CRIIRAD, un organisme privé créé par des antinucléaires qui fait des mesures dont les résultats confirment généralement ceux de l’IRSN quand ils ne sont pas biaisés, et qui a tendance à exagérer les risques encourus.

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