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le bureau de l’Union Rationaliste

28 septembre 2009

Crise économique et crise climatique : principes et réalités

L’actualité de cette rentrée interroge les rationalistes que nous sommes.
Le mois de septembre 2008 voyait la crise des sub-primes déclencher une crise financière et économique mondiale, sans précédent depuis 1929. Donnons acte aux gouvernements d’avoir agi sans attendre, sans se préoccuper beaucoup de quelques règles supposées jusqu’alors intangibles en économie de marché. On a même assisté au plus fort de ce séisme à un bouillonnement de critiques et de suggestions. La réunion du G20 tenue à Londres en avril avait fait émerger un large consensus pour réformer de fond en comble l’architecture financière mondiale. Les grands principes affirmés seront-ils transformés en règles efficaces lors du G20 de Pittsburg à la fin de cette semaine ? Nous n’entrerons pas ici dans le débat technique qui n’est pas de notre compétence sur les mesures envisageables en discussion : les bonus, les fonds propres des banques, les normes comptables etc. Une analyse rationnelle des causes de la crise dans une économie mondialisée est une base indispensable pour dégager des mesures cohérentes pouvant contribuer à limiter les risques futurs. Elle doit nécessairement intégrer une description non biaisée du monde actuel, avec ses pays développés, ses pays émergents ou en développement et ceux où on meurt de faim par millions. Les questions à affronter sont innombrables et d’autant plus difficilement surmontables que les intérêts immédiats appréciés à l’aune de la compétition mondiale continueront à brouiller l’intérêt de tous à long terme. A minima, Il faut espérer que la raison l’emporte sur les vieux réflexes du business as usual. Chaque récession se traduit en nombre croissant de chômeurs, en difficultés des familles et de nombre d’entreprises.

La prise de conscience du caractère limité des ressources de la planète, notamment des hydrocarbures, et plus encore des risques du réchauffement climatique, pouvait laisser penser il y a peu que chacun applaudirait à des mesures de nature à réduire l’émission de gaz à effet de serre, notamment le CO2. C’est en principe le but du paquet « Climat-Energie » adopté par l’Union européenne en décembre 2008, et celui de la « taxe carbone » récemment annoncée par le chef de l’Etat. Une telle taxe existe déjà en Suède sans poser de problèmes majeurs. Qui n’a pas signé le pacte écologique de Nicolas Hulot, qui n’a pas applaudi, sans se poser beaucoup de questions d’ailleurs, aux conclusions du Grenelle de l’environnement ? L’Union rationaliste pour sa part avait souligné l’ambiguïté d’une approche qui excluait les scientifiques. La crise est passée par là, dans le monde et en France.

Le paquet « Climat-Energie » rassemble des mesures et des objectifs généralement ignorés des populations européennes. Il inclut un système de mise aux enchères de quotas d’émission de CO2. Un industriel peut ainsi racheter un droit d’émission en finançant par exemple la modernisation d’une usine très polluante dans un pays tiers, y compris hors d’Europe. Le gain d’émission se ferait ainsi à moindre coût. Les critiques portent sur l’amoralité du système et ses possibilités de détournement. Pour l’heure, des quotas gratuits ont été attribués aux industries européennes fortement émettrices afin de les préserver d’une « distorsion de concurrence » en l’absence d’accord international. L’objectif de 20% d’énergies renouvelables en 2020 dans la consommation d’énergie finale ne repose pas sur une analyse rigoureuse du potentiel et du coût de chacune, à court ou plus long terme. Nulle mention n’est faite de la production d’électricité nucléaire. Nous reviendrons dans un dossier sur l’ensemble d’un dispositif dont la cohérence est affaiblie par les idéologies qui l’imprègnent. Le paquet « Climat-Energie » est manifestement un compromis entre Européens, destiné à servir d’appui pour le grand débat, faudra-t-il dire le grand marchandage, prévu à la fin de l’année à Copenhague. L’enjeu est un accord international contraignant de limitation des gaz à effet de serre, prenant le relais de l’accord de Kyoto qui vient à échéance en 2012. Beaucoup dépendra de la capacité des pays riches à proposer des solutions acceptables pour les pays émergents. Là aussi s’affronteront les intérêts immédiats de chacun et les intérêts à long terme de tous, qu’il importe selon nous de privilégier.

L’annonce de la mise en place de la « taxe carbone » suscite des protestions de tous les coins de l’échiquier politique français. Il est vrai que la mesure apparaît comme une « usine à gaz ». Une taxe de ce type pénalise inévitablement les milieux modestes et certaines activités. Le gouvernement propose donc de redistribuer la taxe vers les personnes et les activités dont le niveau élevé de consommation de fuel ou d’essence résulte moins d’un choix que d’une contrainte économique, ce qui fera forcément des perdants et des gagnants. La taxe, trop forte pour les uns, trop faible pour les autres, ne contribuera pas à financer des investissements permettant de diminuer les émissions de CO2. Or de tels investissements sont urgents. On ne voit pas que l’argent soit prioritairement mobilisé pour cela, par exemple à l’occasion de la transformation-suppression de la taxe professionnelle. La « taxe carbone » est censée éduquer le consommateur. La réduction d’émissions des gaz à effet de serre implique en effet aussi un changement des comportements individuels. Ceux qui sont les nôtres actuellement ne résultent pas exclusivement de l’absence de choix alternatifs, mais il est permis de s’interroger sur le caractère « pédagogique » de la méthode. Il y a des exemples de villes, aux Etats-Unis et ailleurs, qui ont adopté de telles taxes par référendum pour financer un projet collectif contribuant à limiter les émissions. Reste que l’élévation prévisible du prix du pétrole à l’avenir se chargera de toute manière de forcer des évolutions, qu’il faudrait mieux amortir.

La crise économique et la crise écologique dominent l’actualité sans l’épuiser pour autant. On annonce que la loi « Carle » instituant un « chèque éducation » vient en discussion au Parlement. Cette mesure est perverse, ce n’est qu’une nouvelle formule permettant d’obliger les communes à financer l’enseignement privé hors de leur territoire. On annonce qu’un article 124 a « mystérieusement » disparu de la loi de simplification et de clarification du droit. Cet article autorisait la dissolution d’une association condamnée pour escroquerie : ce venait d’être le cas pour l’Eglise de scientologie…

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