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Le bureau de l’Union rationaliste

31/10/2008

Le rationalisme, la crise et les réformes

La gravité de la crise financière a poussé les gouvernements, partout dans le monde, à prendre des mesures d’urgence qui se chiffrent en centaines de milliards de dollar pour « sauver les banques ». La crise qui se poursuit, et la récession économique qui se profile font l’objet de nombreux commentaires. La situation interpelle chacun de nous comme citoyens.

     L’Union rationaliste n’a pas vocation à se positionner d’emblée par rapport aux analyses économiques qui circulent, encore moins par rapport aux choix politiques à effectuer à plus ou moins long terme. Confrontés à des approches souvent limitées (la responsabilité de la crise incombe à des gens peu scrupuleux et avides d’argent, qu’il faut sanctionner) ou fatalistes (le capitalisme se caractérise par la succession de périodes de crise et de périodes d’expansion, il n’y a qu’à attendre), nous appelons les citoyens à se poser quelques questions. Nous en citerons quelques unes.

           S’il s’agissait d’une enquête policière, la première question serait : A qui profite le crime ? Dans le cas présent, les coupables sont nombreux. Personne ne  conteste que des fortunes colossales se soient bâties « en faisant travailler l’argent »  dans les dernières décennies. Il y a de bonnes raisons de penser, aussi, que ceux qui peuvent « attendre » pour réaliser leurs actions, vendre un appartement etc ont de bonnes chances de mieux traverser la crise que ceux qui ne le peuvent pas.  Les plus vulnérables, c’est-à-dire les habitants des pays du Sud et les pauvres dans les pays du Nord feront les premiers les frais de la crise actuelle. Comment réagir face à une telle situation, inacceptable dans un monde civilisé,  comment empêcher qu’elle se renouvelle ?

     On dénonce l’énorme écart, au-delà de tout précédent, qui s’est creusé entre l’économie dite « virtuelle » c’est-à-dire la finance, et l’économie réelle en conséquence de l’usage immodéré et incontrôlé du crédit. Maurice Allais, prix Nobel d’économie, a pu écrire « l’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile » : Cet équilibre s’est rompu. Ne doit on pas s’interroger sur les raisons qui ont poussé à la construction de ces pyramides ? Le développement des mathématiques financières a contribué à créer les outils nécessaires à de multiples modes d’opérations opaques. Peut être, mais pour répondre à quel type de demande, sinon celle de permettre à certains des profits faramineux tout en reportant sur d’autres les risques associés ? La nécessité d’ouvrir beaucoup plus fortement que par le passé le crédit aux particuliers et aux entreprises  est encore maintenant affirmée comme une évidence, mais pourquoi ? N’y a-t-il pas une hypocrisie certaine à dénoncer l’empilement des crédits et des dettes, alors même que la répartition des bénéfices résultant des activités productrices a depuis trente ans augmenté la part des dividendes versés aux actionnaires au détriment des investissements propres des entreprises et surtout des salaires. Alors que l’on continue à prôner  le « tous propriétaires » en période de crise du logement ? Ne doit- on pas s’interroger aussi sur les conditions qui poussent  les entreprises à la fuite en avant, sous l’aiguillon de la  concurrence dans une économie mondialisée et volontairement dérégulée. Peut- on raisonnablement, comme cela arrive trop souvent, exiger des entreprises des profits à deux chiffres dans des pays où la croissance est typiquement de 3% ?

     On n’assiste pas à la réhabilitation de « l’Etat providence », démantelé au fil des années dans une Europe fascinée par le modèle anglo-saxon, car les « reformes » se poursuivent. Il s’agît d’un retour de l’Etat pour sauver les banques, dans une moindre mesure de colmater les brèches ouvertes dans le tissu économique, en dernier ressort de redécouvrir « le traitement social du chômage ». Les mesures indispensables prises dans l’urgence ouvrent -elles simplement une parenthèse dans la prééminence des Marchés sur les Etats en matière économique, qu’il importerait de refermer le plus vite possible ? C’est-à-dire après avoir corrigé les défauts les plus manifestes des modes de régulation, éventuellement s’être mis d’accord sur un nouveau « Bretton Woods », ou mieux encore avoir éliminé les paradis fiscaux. De ces derniers on n’entend guère parler. On ne saurait, selon nous, s’en tenir là sans pousser l’analyse.

     Quel mode de développement de la société voulons nous, pour les femmes et les hommes des générations actuelles et celles qui les suivront ? Comment trouver le meilleur équilibre entre la dynamique des initiatives individuelles et des entreprises, et une dynamique  bâtie collectivement autour d’initiatives  visant à répondre aux besoins de la société, aujourd’hui et à plus long terme ? S’il n’est pas de meilleur outil que la raison pour analyser les facteurs qui ont contribué à la crise, il n’en est pas de meilleur non plus pour analyser  la situation actuelle et dégager des perspectives, avec la volonté de s’appuyer sur les faits plutôt que sur des apparences. 

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