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Hélène Langevin-Joliot

Le bureau de l’Union Rationaliste

2 mai 2012

Les valeurs et la raison : des enjeux pour les élections

L’Union rationaliste n’est pas une organisation politique : elle n’a pas vocation à donner à ses adhérents, ni à quelques électeurs que ce soit des consignes de vote, sinon celle de ne pas s’abstenir de participer à la vie politique du pays. Il ne s’ensuit pas que nous soyons indifférents : les élections du printemps 2012 auront nécessairement des conséquences importantes sur la place donnée aux valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons. Il ne s’ensuit pas que nous soyons neutres : elles en auront aussi sur les objectifs que nous poursuivons.

« L’Union rationaliste lutte pour la liberté d’être et de penser dans l’esprit des valeurs fondatrices de la République. » Ces valeurs fondatrices, pensons-nous, sont bien résumées sur les frontons des édifices publics où l’on lit : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Force est de constater que les valeurs qui sous-tendent les campagnes menées sur l’immigration, l’identité nationale ou, dans un autre registre, sur les chômeurs, assistés, nécessairement fraudeurs, ne sont pas celles-là. L’Union rationaliste s’inscrit dans l’effort commun de tous les hommes épris de progrès et de justice, contre l’ignorance et pour la liberté, pour un mode de développement qui fasse reculer la pauvreté dans le monde et cesser le gaspillage des ressources de la planète.

L’Union rationaliste défend la laïcité, qui n’implique pas un rejet des religions. Elle implique le refus que l’une ou l’autre d’entre elles prétendent imposer ses propres règles à la communauté nationale. Elle permet le progrès et la mise en œuvre d’une morale commune, nécessaire à la cohésion nationale. L’Union rationaliste souhaite que le président et les prochains députés élus relancent les débats sur les questions d’éthique, en veillant à s’affranchir de la pression des Églises. Les déclarations et les évolutions engagées par le président de la République entre 2007 et 2012 ont affaibli la laïcité d’abord au niveau des principes : avec l’affirmation de la supériorité du curé sur l’instituteur (discours du Latran), avec l’insistance mise en chaque occasion sur « les racines chrétiennes », avec le renoncement à toute distance avec les autorités religieuses… Nous considérons que c’est à l’enseignement public laïque que l’État et les collectivités locales devraient réserver leurs fonds pour l’éducation.

L’éducation, la culture et la science

Nous avons des préoccupations et des suggestions à exprimer, à propos de l’éducation, de la culture et du rôle la science.

D’abord l’éducation : Le développement de l’éducation est étroitement lié aux valeurs fondatrices de la République. Sortir l’enseignement public d’une crise que personne ne nie est pour nous une priorité. Les économies faites sur l’éducation ces dernières années ont fait des ravages qu’il faut réparer, notamment au niveau de la formation des enseignants. Il faut donner à l’enseignement primaire les moyens nécessaires pour que tous les élèves puissent aborder le collège dans des conditions normales. Il faut une nouvelle ambition de l’enseignement secondaire pour la formation de tous les jeunes : abdiquer devant les difficultés, c’est se résigner à la ségrégation sociale. Le recours à des fructueuses officines de soutien scolaire ne peut et ne doit pas pallier le désengagement de l’État. L’Union rationaliste promeut l’intégration de la culture scientifique dans la culture générale de tous. L’enseignement des sciences devrait permettre d’éveiller une curiosité durable en même temps que donner une initiation à la rationalité scientifique et fournir à chacun des repères essentiels. Notre société, au-delà de la formation des chercheurs et des ingénieurs nécessaires au développement des connaissances, de l’innovation ou de l’économie, a impérativement besoin de citoyens formés au raisonnement et à l’esprit critique.

L’université et le système de recherche français ont été bousculés de fond en comble. L’Union rationaliste demande un bilan sérieux d’une politique présentée comme une grande réussite du quinquennat. Les principaux intéressés, enseignants du supérieur et chercheurs, ne sont manifestement pas tous de cet avis. La supériorité d’une gestion copiée sur les entreprises sur une gestion plus collégiale reste, c’est le moins que l’on puisse dire, à prouver. L’intérêt de regrouper des dizaines de milliers d’étudiants aussi. La diminution drastique des moyens réguliers des laboratoires doit être stoppée et les retards compensés. L’Union rationaliste proteste contre une vision de la recherche réduite à son utilité immédiate dans la compétition mondiale et en défend une vision à long terme.

Le progrès scientifique n’assure pas automatiquement le progrès social, il en est cependant une condition nécessaire. C’est pourquoi nous demandons au président élu de prendre en compte les spécificités de la recherche, afin d’en tirer le meilleur bénéfice pour tous. Il faut refonder les rapports de la science et de la société. On ne peut se satisfaire d’une situation où de larges couches de la population expriment leur méfiance envers les technologies nouvelles : ignorer les inquiétudes ou les manipuler n’est pas acceptable, y céder sans raisons sérieuses en renonçant à des développements utiles l’est aussi. Nous demandons une utilisation raisonnée du principe de précaution, trop souvent détourné dans les années récentes car interprété comme la nécessité – impossible aux yeux des scientifiques – du risque zéro. Nous demandons la reprise de grands débats en vue de comparer les avantages et les inconvénients des technologies susceptibles de contribuer à de grands objectifs tels que l’énergie, l’eau, l’alimentation ou la santé. Il faut articuler sans les confondre débats scientifiques et débats démocratiques.

Pour le Conseil d’administration, la présidente Hélène Langevin-Joliot

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