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Michèle Leduc

Responsable du site Web de l’Union rationaliste avec le groupe Transition écologique et rationalité de l’UR

24/11/2023

Non à l’antisémitisme et au racisme

L’union rationaliste se doit d’affirmer, comme elle l’a toujours fait, et avec la plus grande fermeté son opposition radicale à l’antisémitisme qui se manifeste en France et affirmer sa résolution de lutter contre la haine raciale et raciste sous toutes ses formes.

Le contexte géopolitique actuel de la guerre atroce au Moyen Orient déclenche l’embrasement des passions et exporte des tensions très vives entre communautés dans le monde entier. Des émeutes antisémites se produisent dans des régions de l’Est comme le Daghestan. Dans nos pays occidentaux, des individus sont agressés dans l’espace public, des lieux de culte et des cimetières sont profanés, des propos antisémites sont prononcés par des responsables politiques, des enfants sont harcelés dans le cadre scolaire, des enseignants ne savent comment faire respecter les principes de la laïcité dans certains quartiers, etc. Après la tuerie d’enfants devant l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse en 2012, les meurtres odieux de Ilan Halimi et Mireille Knoll parce que juifs et les attentats islamistes dans un magasin hyper cacher à Paris en 2015, l’indignation avait été vive mais était retombée, sans empêcher l’antisémitisme de persister à bas bruit dans la population et dans certaines représentations politiques extrêmes. On assiste de nouveau aujourd’hui à un regain de manifestations de haine des juifs. La France est à la fois un pays qui comporte une forte population musulmane et le pays d’Europe qui a la plus grande proportion de juifs. Ces derniers sont nombreux à se sentir isolés et à ressentir un vif sentiment d’insécurité, que ne suffisent pas à endiguer les lois existantes de 1990 sensées réprimer l’antisémitisme et le racisme.

Il reste en effet beaucoup de traces de préjugés antijuifs dans les mentalités de nos concitoyens et aucun milieu ne peut prétendre en être totalement immunisé. On doit à Jaurès de faire comprendre à la gauche qu’elle doit rompre avec les antisémites d’extrême droite au moment de l’affaire Dreyfus à la fin du 19ème siècle. Au 20ème siècle le Front Populaire et la politique de Léon Blum déclenchent une violente haine des juifs à droite. Suivent les courants révisionnistes puis négationnistes dans les années 1950, certes balayés par l’histoire mais qui trouvent encore des échos, entre autre, dans l’extrême-droite actuelle. Et ensuite se succèdent les multiples péripéties de l’établissement de l’État d’Israël en Palestine, ce qui cristallise les problèmes : la question des rapports entre antijudaïsme, antisémitisme et antisionisme ne cesse de s’exacerber depuis 70 ans ; après la seconde Intifada au début des années 2000, on assiste à une hausse des propos et des exactions antisémites en France. L’antisémitisme toujours latent monte fortement depuis le 7 octobre, d’autant que l’on ne voit pas pour l’instant d’issue politique au conflit entre les israéliens et les palestiniens.

Dans les faits l’extrême-droite française reste fondamentalement antisémite, en dépit des efforts de dédiabolisation entreprise par le Rassemblement national en la matière, ce qui soulève bien des questions d’importance pour le futur. Il demeure qu’il est illusoire de penser que le fléau n’est plus menaçant aujourd’hui et de négliger de s’occuper de la lutte politique contre l’antisémitisme et aussi l’islamophobie. Tous les partis démocratiques doivent se mobiliser, faire évoluer une législation contre l’antisémitisme et le racisme et l’inclure dans leurs programmes, sans faiblir devant un pouvoir qui s’apprête à faire passer des lois sur l’immigration imprégnées du racisme décomplexé de la droite. Et nous, les citoyens, avons aussi le devoir de faire reculer les stéréotypes partout où nous les entrevoyons chez ceux que nous côtoyons. Ce combat contre ceux qui bafouent les valeurs fondamentales de l’humanisme laïc et de la démocratie fait partie des missions de l’Union rationaliste. Elle se doit de s’y impliquer avec vigilance et détermination.

Michèle Leduc pour le bureau de l’Union rationaliste

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4 réflexions sur “Non à l’antisémitisme et au racisme”

  1. Dans le prolongement de ce texte reçu avec gratitude pour tous ses mots posés avec justesse et nécessité, voici quelques réflexions. La bête immonde de l’antisémitisme exige une lutte implacable de la République. C’est une lutte spécifique liée à l’histoire vertigineuse de ce fléau. Mais dans le contexte de plus en plus inflammable de la société française d’aujourd’hui , la République doit lutter simultanément et avec la même force contre la montée inquiétante de l’islamophobie et du racisme. Il y va de la cohésion d’une société fracturée où jouent à plein la résonance du conflit israélo-palestinien et son exploitation par des extrémistes qui pilonnent les consciences de slogans binaires.
    La colonne vertébrale de notre République c’est la Laïcité et c’est l’Ecole qui doit veiller à sa vitalité. C’est là que se joue la lutte la plus féconde pour nos enfants, futurs citoyens responsables. C’est là que se forge un psychisme en construction. D’où la nécessité pour l’institution de penser très tôt à une éducation à l’esprit critique face aux dangers des réseaux sociaux, des fake News. Nécessité également pour elle d’affronter la diversité du fait religieux du point de vue éthique, philosophique, culturel, historique, tout en s’interdisant toute approche cultuelle. Cela ne peut être que fédérateur et me semble aujourd’hui indispensable pour lutter contre l’ignorance sciemment entretenue par les fanatiques . Celle ci a conduit aux meurtres dramatiques de professeurs courageux de l’Ecole Laïque . Comment doit elle les protéger, les aider dans leur mission en renforçant et repensant les piliers fondamentaux de sa vocation .

  2. Jean-Marc Lévy-Leblond

    Je m’étonne toujours de voir la condamnation de l’antisémitisme précéder celle du racisme alors qu’il n’en est qu’une forme, et pas la plus intense ni la plus répandue. En France, « l’acceptation des minorités noires et juives se situe autour de 80 %, la minorité arabe de 70 % et celle des musulmans de 60 %… La minorité rom/tzigane n’est acceptée que par 35 % de la population » (https://www.causecommune-larevue.fr/racisme_en_france_les_chiffres_et_la_realite). Ou encore : « 87 % des Français considèrent que les Roms constituent un “groupe à part”. Ce pourcentage est de 82 % pour les gens du voyage, 56 % pour les musulmans, 46 % pour les Maghrébins, 41 % pour les Asiatiques, 31 % pour les Juifs, les Noirs étant les mieux acceptés avec 23 % des Français qui considèrent qu’ils constituent un “groupe à part” » (Wikipedia). Les chiffres sont discutables, mais il est indubitable que les Juifs (qui au demeurant ne forment guère une collectivité cohérente) ne sont pas et de loin les plus racisés.
    Et je ne m’étonne pas moins de la persistance générale d’un vocabulaire archaïque et inadapté : “antisémitisme” ? Mais les Arabes ne sont-ils pas des sémites (pour autant que le terme ait un sens qui ne semble pouvoir être admis que dans le champ de la linguistique) ? Pourquoi pas le plus simple et plus clair “judéophobie” ? Et quid de l’ “islamophobie” (au demeurant mentionnée une seule fois contre plus d’une douzaine pour l’antisémitisme), alors que la religion ne joue qu’un rôle secondaire dans ce qui est en fait une “arabophobie”.

  3. Edith Deleage Perstunski

    Parce que en accord avec ” le combat contre ceux qui bafouent les valeurs fondamentales de l’humanisme et de la démocratie font partie des missions de l’union rationaliste ” , je me permets de poser 3 questions . 1. Pourquoi ne pas mentionner aussi les déclarations formellement antisémites de certaines gauches ? 2. En quel sens ” faire évoluer la législation française contre l’antisémitisme et le racisme ” ( loi Gayssot, loi Pleven ….) . 3. Face à l’inflation verbale qui, depuis le 7 octobre , monte dans la société civile, le monde politique,et les sciences sociales , ne faut-il pas mettre au point ce que solidarité avec Israel et avec le peuple palestinien veut dire réellement ..: cf conclusion du texte de Jurgen Habermas,et Nicole Deitelhoff, Rainer Forst, Kaus Günther 15 novembre 2023 – site du centre de recherches ” Normative Orders ” de l’Université Goethe de Francfort-:”” les droits élémentaires à la liberté et à l’intégrité physique ainsi qu’à la protection contre la diffamation raciste sont indissociables et valent de la même manière pour tous . Ceux qui, dans notre pays , ont cultivé des affects et des convictions antisémites derrière toutes sortes de prétextes et qui voient aujourd’hui une occasion bienvenue de les exprimer sans retenue doivent également s’y plier “. ET dans notre monde qui joue avec les mots ne faut-il pas, plutôt qu’affirmer le point de vue de Sirius, réaliser des formes diverses – anciennes et renouvellées – manifestatations, commémorations, semaines de mémoire, expressions artistiques.. de solidarité active et aux Juifs ( qui ne sont pas que les juifs) et aux palestiniens
    Pourquoi les Juifs méritent -ils si peu de solidarité ? Joann Sfar .
    Avec mes meilleurs sentiments .
    Edith Deleage Perstunski.

  4. « Antisémitisme : aux origines du glissement de vocabulaire de « juif » à « sioniste »
    En reprenant cet article du Monde (Pierre Breteau Publié le 31 octobre 2023):
    « Sur fond de guerre et d’exactions au Proche-Orient, les slogans ou les prises de parole publiques montrent comment le mot « sioniste » a remplacé « juif » dans un certain discours antisémite.
    « Dans le contexte de polarisation intense liée aux événements dans la bande de Gaza et en Israël, le débat public voit resurgir des slogans ou des prises de paroles entretenant, volontairement ou non, la confusion entre « antisionisme » et « antisémitisme ». La première ministre, Elisabeth Borne, a par exemple accusé, le 8 octobre, une partie de l’opposition de gauche d’être « antisioniste », en ajoutant que c’est « aussi une façon de masquer de l’antisémitisme ». Pourtant, les termes « judaïsme » et « sionisme » ne sont pas interchangeables » 
    La situation de grave conflit entre les deux pays, ne doit-elle être analysée, en dehors de toute conception religieuse ? 
    La laïcité traduit le respect des convictions des personnes, des individus, mais en aucun cas, n’exige une adhésion aux idées portées par les pays concernés, soient-elles religions d’état.
    Que ce conflit, (comme tout autre conflit), intervienne entre juifs et musulmans, quels peuvent être les critères d’analyse rationnelle de la situation ?:

    Que ce soit entre Israël et Palestine, ou ailleurs,
    Que ce soit maintenant, lors du déclenchement de la guerre ,
    Ou en étudiant l’histoire des deux pays, qui a favorisé cette tension,
    ces critères tiennent généralement de l’ analyse scientifique : analyse historique , analyse politique ..
    Une opposition politique au gouvernement d’Israël ne relève pas de l’antisémitisme, pas plus qu’une critique du gouvernement de la Palestine ne traduit d’islamophobie. On peut être amenés à penser, surtout comme citoyens extérieurs à la situation, que d’autres critères existent.
    Les milliers de juifs américains qui se sont réunis à New York, pour protester contre la politique de B. Netanyahu, sont-ils antisémites ?

    La raison d’être de l’UR est de promouvoir systématiquement les moyens de garder raison, en se détachant des opinions, surtout dans ces situations :
    Exiger l’emploi rigoureux des termes qui traduisent les concepts, ou en dénoncer le détournement manipulatoire pour des intérêts quelconques. c’est aussi apprendre, – aux jeunes en particulier- , à connaître et utiliser les termes adaptés, et défendre un pays, nécessite une démarche d’analyse des valeurs défendues, en utilisant les concepts adéquats, les mots associés et un militantisme sur la base de convictions  explicitées.

    Nous devons attendre cette rigueur de la part des médias français, ainsi que des membres de notre gouvernement, sous peine d’instaurer réellement cette fois, islamophobie et antisémitisme,.. et racisme, qui plus généralement favorise une société morcelée à l’opposé de l’universalisme que nous défendons.
    Et nous pouvons craindre que cette situation dramatique ne se fossilise en s’appuyant sur l.es fondamentalismes religieux, et qu’une analyse distanciée n’y trouve plus sa place.

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