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Le bureau de l’Union rationaliste

27/04/2024

Alain Policar évincé du Conseil des sages de la laïcité

Intolérance et déni du droit à la parole

Alain Policar vient d’être démis par la ministre Nicole Belloubet de ses fonctions au Conseil des sages de la laïcité (CSL) à la demande de Dominique Schnapper, la présidente du CNL, où il avait été nommé il y a un an par un ministre précédent Pap Ndiaye. La raison avancée est qu’il a fait état à la radio d’ un avis réservé sur les applications de la loi de 2004 interdisant le voile à l’école, ce qui a donné lieu à une violente cabale médiatique de dénigrement de ses analyses.

Le CSL « exerce une mission de conseil, d’expertise et d’étude relative à la mise en œuvre du principe de laïcité et à la promotion des valeurs de la République » (arrêté du 19 février 2021), pour permettre aux ministres de trancher sur cette question complexe aux implications multiples pour l’éducation nationale et l’ensemble de la société. Alain Policaravait été nommé en tant qu’expert reconnu pour apporter un point de vue complémentaire dans ce CSL très majoritairement en faveur d’une laïcité nationale-républicaine intransigeante.

Or, un expert n’est pas un fonctionnaire d’autorité. Alain Policar était dès lors supposé garder sa liberté de parole tant qu’il ne s’exprimait pas au nom du CSL. Son éviction du CSL souligne que la confrontation des opinions n’est plus de mise aujourd’hui, et que le droit de s’exprimer dans l’espace public est dénié à ceux dont le rôle est pourtant d’alimenter la réflexion collective.

L’Union rationaliste est fondamentalement attachée aux débatscontradictoires sur des questions sociétales complexes. La confrontation des arguments doit se fonder sur des bases rationnelles et sur des analyses éclairées par la recherche plus que par l’idéologie. Elle ne peut que formuler son indignationdevant l’intolérance manifestée par la ministre et l’atteinte à la liberté d’expression que représente l’éviction d’Alain Policardu CSL.

Michèle Leduc, pour le bureau de l’Union rationaliste et son Président François Héran

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2 réflexions sur “Alain Policar évincé du Conseil des sages de la laïcité”

  1. Bonjour,
    Je lis dans Le Monde (je n’ai plus la date, l’article a suivi la décision de Belloubet) la reprise du commentaire d’Alain Policar au sujet du port du voile: “les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation [i.e. le port du voile] pour les jeunes filles par rapport à leur milieu “. Première observation : il s’agit d’une pétition de principe : référence à des enquêtes au sujet desquelles j’aimerais avoir des précisions – notamment sur la méthodologie – et j’attends la démonstration selon laquelle la sociologie serait une science. Poursuivant l’affirmation de Policar, faudrait-il comprendre que les jeunes filles qui, auparavant, s’habillaient “à l’européenne” étaient aliénées ? Poursuivons sur l’émancipation : accepter le contenu de l’enseignement tel qu’il est en France, n’est-ce pas poursuivre dans l’aliénation ? Cf. la rationalité, la science…
    Il faut se rappeler le point de départ, à savoir Creil en 1989. L’indécision politique et juridique (le Conseil d’Etat saisi par Jospin) s’est traduite par la multiplication des remises en cause du contenu de l’enseignement justement à partir de la question du voile.
    La loi de 2004 a, comme tout texte juridique, sa contrepartie, à savoir la répression. C’est certes regrettable. Et, de surcroît, le droit est un élément second ; en premier lieu, je pose la réflexion, la raison. En l’espèce, ces dernières sont absentes. Alors, faute de mieux… Encore une fois, démonstration est faite que la raison devrait encore avoir toute sa place en politique.

  2. Abrouk Viviane, ex chargée de cours d'esthétique et d'histoire des civilisations à l'ENBA d'Alger

    Indignée par l’attitude du ministère de l’Éducation nationale ; par cette éviction, ce ministère inflige aux “sages”, censés le conseiller à propos de laïcité à la française, sa propre conception, que cette conception soit assujettie à l’impact d’une loi postérieure à celle de la Séparation des églises et de l’Etat de 1905, est pathétique. Elle dénie donc à ces “sages”, non seulement la capacité de réflexion mais celle de l’exprimer.
    En raison de la complexité aujourd’hui des relations de l’État avec une religion dont il n’était pas question pour les législateurs de 1905, balayer un avis motivé par de solides analyses sociologiques est, à mon sens, une bévue politique.

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