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Michèle Leduc

Responsable du site Web de l’Union rationaliste

11/02/2022

Grève massivement suivie dans les écoles le 20 janvier 2022
Affaissement du lien entre les politiques et l’opinion publique
Transmission de la défiance au monde scientifique

Depuis le début de la crise du Covid il y a deux ans, la société subit les décisions fluctuantes des pouvoirs publics en matière de santé. Avec certes des incompréhensions, des critiques, des réticences chez les citoyens, mais tout de même une certaine empathie, compte tenu de l’urgence et de la complexité dont chacun a conscience.

Pourtant la gestion floue de la crise à l’école, sans cesse rectifiée, s’est révélée particulièrement incohérente en janvier 2022. Elle a été perçue comme telle par les parents d’élèves et dans les établissements scolaires, déclenchant une grève massive dans le milieu enseignant épuisé. Il a été en effet difficile de comprendre comment les alertes du Conseil Scientifique en août 2021 et du Sénat en septembre n’ont pas été prises en compte à temps par les pouvoirs publics, qui ont préféré alléger les protocoles de prévention en décembre malgré l’arrivée en force de la vague de contamination.

Ceci a cristallisé la profonde défiance des citoyens à l’égard de leurs dirigeants, progressivement installée depuis le début de la crise sanitaire en 2020 face à un exécutif pratiquant une certaine dose de mensonge supposée légitime en temps de « guerre » (pas besoin de masques, mais en fait c’est qu’il n’y en pas en stock, pas besoin de purificateurs d’air dans les cantines, mais c’est qu’on n’a pas les moyens d’en acheter assez). Cette absence de transparence est aggravée par une communication inadaptée et souvent contradictoire.

Cette défiance à l’égard du pouvoir politique a débordé sur les scientifiques auprès desquels se renseignent les politiques

Certes l’État dispose d’une multiplicité d’instances d’expertise dans le domaine médical, mais leur éclatement brouille en partie leurs avis. Pour cette raison a été instauré le Conseil Scientifique en mars 2020, dont la tâche s’est révélée ingrate : on prête à ces collègues des intentions politiciennes, le public les croit responsables des décisions impopulaires prises par l’exécutif. Or celles-ci résultent d’une pondération entre différents critères dont le dosage est opaque : il y manque l’explicitation des liens entre le monde scientifique et le politique.

Manquent en outre les liens avec l’opinion publique. Il ne s’agit pas seulement de faire accepter par les citoyens des obligations déguisées prises « en haut » en cas de crise, mais surtout de développer avec un public éclairé un débat rationnel sur les défis provoqués par les crises, comme l’a fait la Convention citoyenne sur le climat. Dans le cas de la recrudescence de la pandémie en janvier 2022, le dilemme formulé par le ministre Blanquer (écoles ouvertes/écoles fermées) a été mis en avant pour simplement masquer les vrais problèmes (pénurie de personnels de remplacement et d’effectifs pour la médecine scolaire, manque de masques FFP2, pas de plan d’investissement en faveur de la qualité de l’air, etc.) : les enseignants, s’ils avaient été associés aux décisions, auraient fait des suggestions bien plus raisonnables que le ministre.

La présente crise sanitaire est-elle vraiment une guerre impliquant secrets et mensonges ? Est-elle d’ailleurs vraiment une crise ? Elle s’apparente plutôt à une nouvelle normalité où tous les défis se recoupent (santé, environnement, climat…).  Face aux risques et aux incertitudes et en fonction des aspirations des populations, les décisions seront à prendre en tenant compte des compétences de tous, conjuguées avec transparence et rationalité pour le bien commun.

Michèle Leduc, pour le bureau de l’UR

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