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Michèle Leduc 

Directrice de recherche CNRS émérite au Laboratoire Kastler Brossel à l’Ecole normale supérieure à Paris ; membre de l’Union rationaliste.

Zoë Hammatt

Avocate. Les deux autrices sont membres du Conseil français de l’intégrité scientifique au Hcéres. 

14/02/2023

La France doit se mobiliser contre le harcèlement moral dans les laboratoires

Tribune parue dans Le Monde du 14/02/2023

Un meilleur encadrement de ces agissements toxiques relève du bien-être des personnels mais aussi de l’intégrité de la recherche, expliquent Michèle Leduc, physicienne, et Zoë Hammatt, avocate.

L’intégrité scientifique est un des fondamentaux de la science que vient tout juste de reconnaître en France la loi de programmation de la recherche de 2021. Aujourd’hui, les falsifications de résultats et le plagiat sont en principe dans le viseur des institutions où l’on fait de la recherche. Le harcèlement moral, cet autre comportement inapproprié, est parfois moins bien détecté compte tenu de son caractère insidieux. Il est néanmoins dommageable au bien-être dans les laboratoires, en particulier des jeunes. Sa bonne prise en compte est une condition nécessaire à la progression sereine et intègre de la recherche.

Le harcèlement moral peut échapper à la vigilance des responsables, d’autant qu’il est souvent latent et non révélé. Sa typologie (nous excluons ici le harcèlement sexuel, bien qu’il soit souvent associé à du harcèlement moral) est très variée. Ce peut être un responsable de projet qui exerce des pressions excessives sur ses collaborateurs – allant parfois jusqu’à des comportements brutaux sur le plan moral –, avec l’objectif de résultats obtenus au plus vite. Ou un chef d’équipe qui écarte arbitrairement un personnel compétent d’un projet, en l’humiliant et en le dénigrant auprès des autres, avec le résultat de lui ôter toute confiance en lui-même et parfois même de le mener à la dépression.

En position hiérarchique supérieure, le directeur ou la directrice de thèse peut annihiler les réactions de ses jeunes doctorants ou postdoctorants sous des menaces d’interruption de thèse ou des chantages à la lettre de recommandation, indispensable à la suite de la carrière. Un cas extrême est celui des étrangers qui doivent renouveler leur visa de séjour, loin de leur pays, sans soutien de leurs proches et sans bien maîtriser la langue première du laboratoire. De tels mauvais traitements, en général discrets, sont constatés dans tous les domaines scientifiques, tant dans les laboratoires d’excellence bien dotés que dans de modestes institutions.

La question du harcèlement dans la recherche est souvent évacuée avec l’argument que ce délit relève de la justice. Or, il paraît difficile que la victime à l’origine du signalement, la plupart du temps en position vulnérable, possède les moyens et la force de se lancer dans un procès. Quand elle se décide à révéler son problème, la voie la plus naturelle est de faire appel à la cellule d’écoute de son établissement, si elle existe, ou à sa hiérarchie (les directions des ressources humaines ou les écoles doctorales), qui peut sanctionner en disciplinaire le ou la responsable du harcèlement.…

Lire la tribune du journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/02/23/la-france-doit-se-mobiliser-contre-le-harcelement-moral-dans-les-laboratoires_6163011_1650684.html#:~:text=Il%20est%20n%C3%A9anmoins%20dommageable%20au,souvent%20latent%20et%20non%20r%C3%A9v%C3%A9l%C3%A9.

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Michèle Leduc, physicienne, directrice de recherche CNRS émérite au Laboratoire Kastler Brossel à l’Ecole normale supérieure à Paris ; Zoë Hammatt, avocate. Les deux autrices sont membres du Conseil français de l’intégrité scientifique au Hcéres. 

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