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Sébastien Balibar

Physicien au laboratoire de physique statistique de l’ENS, directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences

23/09/2011

En quatre minutes, des chercheuses et chercheurs nous font partager leur enthousiasme et leur détermination à s’aventurer dans l’inconnu, où la rigueur sert de lampe et la raison de boussole. Les Histoires courtes proposées ici sont autant de témoignages de la science en train de se faire et son consultables sur llx.fr . Les explorations les plus récentes dans les champs les plus variés sont ainsi contées. Quant aux photos qui accompagnent le texte, leur rôle est d’ouvrir la porte au rêve, indispensable ferment de l’intuition créatrice. L’Union rationaliste voit chaque jour confortée sa confiance dans les progrès sociétaux qu’apporte la recherche dans tous les domaines de la connaissance. Au fil des semaines, elle vous invite à découvrir ces contes…

L’ÉNERGIE NÉCESSAIRE

Comment l’ascension du Ventoux à vélo donne des ailes à la réflexion sur les éoliennes et le nucléaire.

Physicien au laboratoire de physique statistique de l’ENS, directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences, lauréat du Prix des trois physiciens en 2007, Sébastien Balibar commente l’actualité énergétique tout en faisant à vélo  l’ascension du Mont Ventoux : l’assez dérisoire puissance musculaire de l’être humain l’a conduit d’abord au système de l’esclavage, puis aux machines et donc à la recherche de sources d’énergie toujours nouvelles. Le nucléaire du futur comme moindre mal face au péril absolu du réchauffement climatique.

Tapuscrit

Sébastien Balibar – Ça doit être mon quinzième Ventoux au moins, mais… Bon, allez, courage ! Si c’est du 9 km/h, ça fait, c’est quoi… Ca fait 2,5 m à la seconde, ici c’est du 10 %, euh, ah oui, ça fait 25 cm, je monte de 25 cm par seconde ! Comme un escalier, quoi, un peu raide ! Simplement, 2 heures d’escalier… Alors, 25 cm à la seconde, voyons, je pèse 80 kg, plus mon vélo, mon bidon, mon casque, mettons 100 kg, allez… 100 kg, l’accélération de la pesanteur, bon, 9,80, ça fait 10… 10 fois 100 fois 25 cm… Ah oui… 250 watts ! Mes cuisses font 250 watts ! Ouais, bon… C’est pas terrible, ça fait 3 lampes électriques… Mais en fait, hein, bon, c’est bien connu, la puissance musculaire d’un homme, c’est pas terrible, dans le temps les gens ils avaient des esclaves, à peu près 100 watts par jour… Mais maintenant on a du pétrole, l’électricité nucléaire, plein de trucs formidables, alors, bon, un Français moyen consomme quoi ? 5 kilowatts ! Les Américains et les Australiens puis les Canadiens, c’est 11 kilowatts ! Par jour, en moyenne, quoi… Mais eux y gaspillent, c’est terrible… Ça veut dire que si on n’avait pas toutes ces sources d’énergie, bon, faudrait 50 esclaves pour fournir l’énergie nécessaire à entretenir notre train de vie d’Européens moyens…

Alors, évidemment, je sais bien, les gens, le nucléaire, surtout après Fukushima, sont tous terrorisés, ils ont l’impression que ça va tout leur exploser à la figure, mais les gens qui veulent remplacer les centrales nucléaires par des éoliennes, quand même… Par exemple le, le nouvel EPR de Flamanville, va faire 1,6 gigawatts ! Bon… Alors pour remplacer ça par des éoliennes, une éolienne ça fait 2 mégawatts, une grande, hein, une géante ! Mais… Bon… Ça s’envole s’il y a trop de vent, ça ne tourne pas s’il n’y a pas de vent… Bref ça produit environ 500 kilowatts… Rien que pour remplacer l’EPR de Flamanville, faudrait, voyons, 1,6… 3 200 éoliennes géantes ! Ça fait 3 200 km d’éoliennes ! Alors si on les met le long du Cotentin, 150 km de long, faut les mettre sur 20 km d’épaisseur, en rangées… Puis alors en plus, quand ça s’arrête, faut allumer quelque chose à la place ! Donc les Allemands, les Danois, quand les éoliennes s’arrêtent, ils ont des centrales à charbon… Et alors là, le CO2, c’est terrible ! Et c’est pour ça que les Allemands et les Danois, ils émettent deux fois plus de CO2 que les Français ou les Suédois qui ont du nucléaire, quoi ! Et donc, bon, c’est bien joli mais, le réchauffement, le réchauffement climatique, c’est quand même très grave… C’est-à-dire que si toutes les glaces fondent, les glaces continentales, eh ben un pays comme le Bengale, par exemple, va être entièrement inondé, et en plus il n’y aura plus d’eau potable ! Et donc c’est grave ! Moi je crois que, malheureusement le problème est tellement difficile que, sans le nucléaire on ne s’en sortira pas… Moi je crois qu’il faut améliorer la sûreté du nucléaire, encore plus, y a pas le choix, quoi ! En tous cas, si on fait autre chose, faudrait exiger que ce soit sans charbon, sans pétrole, sans augmentation de gaz à effet de serre… Et ça, c’est indispensable… Allez, courage…

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2 réflexions sur “Histoires courtes : L’ÉNERGIE NÉCESSAIRE”

  1. Sage prise de conscience. Toutefois, il ne faut pas non plus croire que seul le nucléaire peut nous tirer d’affaire. Économiquement (et techniquement), l’optimum se situe entre 30 et 70% de nucléaire et le solde par des ENR (hydro, solaire, vent) pour un pays comme la France.

  2. Roland Borghi

    Le problème doit-il être réglé une fois qu’on a dit “je crois…”? Ce n’est pas rationaliste que de le penser, surtout pour un scientifique!
    Néanmoins, les petits calculs sont simples et intéressants, cela vaudrait le coup d’en refaire d’autres pour estimer combien d’énergie la terre reçoit-elle du Soleil par an, par rapport à ce que nous dépensons (ou nous gaspillons?) en ce moment. Et ce n’est qu’après avoir considéré aussi les autres moyens connus qu’on pourra avoir une vue globale, rationnelle. Et essayer de trouver une solution optimale (d’après un critère qui soit consensuel), sans oublier non plus qu’en combinant plusieurs sources on peut obtenir une meilleure optimisation qu’avec une seule…

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