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Michèle Leduc

Responsable du site Web de l’Union rationaliste avec le groupe Transition écologique et rationalité de l’UR

11/04/2023

Soutien inconditionnel de l’UR à la Ligue des Droits de l’Homme
Non aux violences policières disproportionnées lors des manifestations

L’Union rationaliste est indignée des propos stupéfiants tenus le 5 avril 2023 par le ministre de l’Intérieur devant la représentation nationale. Il a laissé planer des menaces sur les subventions versées par l’État à la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), affirmant que celles-ci «[méritaient] d’être [regardées] dans le cadre des actions que [la LDH a] pu mener». Le prétexte de cette intervention scandaleuse est que la LDH a documenté les modalités du dispositif de maintien de l’ordre lors de la manifestation le 25 mars contre le chantier des méga bassines de Sainte-Soline.

Cette mise en cause de la LDH se situe dans le contexte de violences policières de grande ampleur, qui se produisent sur tout le territoire français lors de manifestations comme celles qui marquent en ce moment l’opposition à loi sur la réforme des retraites : nasses illégales, usage d’armes mutilantes comme les LBD (lanceurs de balle de défense), grenades de désencerclement ou explosives, gazage à outrance, etc. Ces violences policières sont bien documentées, comme celles de la brigade de répression motocycliste, la BRAV-M, qui emploie des policiers non formés au maintien de l’ordre et contre laquelle une pétition a recueilli des centaines de milliers de voix. Les manifestants sont victimes d’interpellations et de verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et de violences gratuites et attentatoires à la dignité. Certes il ne faut pas minimiser les dégâts commis à l’occasion par des minorités de casseurs infiltrées parmi les manifestants, qualifiés sans beaucoup de sens d’« ultragauche». Un respectueux maintien de l’ordre est évidemment indispensable à la vie en société et ne signifie pas forcément violences ; toutefois ses brutalités actuelles sont totalement disproportionnées et de plus en plus intimidantes, avec le but de dissuader les citoyens (la « foule » selon le président Macron) de faire usage de leur droit démocratique de manifester. Or le droit de manifester, que l’État et sa police se permettent de mettre à mal[1], est bien inscrit dans la Constitution et c’est bien le rôle de la LDH de défendre avant tout les libertés individuelles quand elles sont menacées, en l’occurrence aujourd’hui par un comportement de la police qui n’est pas en conformité avec le droit. 

La Ligue des Droits de l’Homme a toujours été attaquée par le pouvoir en place. Elle a été créée en 1898 au moment de l’affaire Dreyfus. C’est grâce au combat de la LDH que Dreyfus été réhabilité et qu’il a été démontré qu’il s’agissait d’un crime d’État. La LDH a été attaquée pendant une vingtaine d’années de toute part pour son combat en faveur de la réhabilitation des mutins de la Première Guerre mondiale. Elle a été dissoute pendant l’occupation. Son président de l’époque Victor Basch et son épouse ont été assassinés par la milice. Et pourtant, à la libération, la LDH s’est battue contre les exécutions sommaires des collaborateurs. Au moment de la guerre d’Algérie, la LDH ne s’est pas contentée de dénoncer la torture, elle est devenue un pôle de rassemblement dans la lutte pour la fin de la guerre coloniale. La LDH affiche une indépendance politique mais une conception élargie des droits. Considérée comme un « monument constitutif de la République » par Léon Blum, elle se manifeste comme un rempart pour la défense de ses valeurs, par exemple la laïcité pour laquelle elle a toujours milité.

Nous espérons que cette association sorte aujourd’hui renforcée moralement des agressions stupides par un afflux de dons et par le recrutement de nouveaux membres, ce que nous encourageons vivement.

L’Union rationaliste apporte un soutien inconditionnel à la Ligue des Droits de l’Homme sur laquelle l’État fait peser des menaces et exige l’arrêt de la caution qu’il apporte aux violences de la police lors des manifestations citoyennes.

Michèle Leduc, pour le bureau de l’Union rationaliste

[1] On ne peut que déplorer le manque d’indépendance de l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale), la « police des polices », chargée, entre autres missions, de veiller au respect, par les fonctionnaires de police, des lois et des règlements et du code de déontologie de la Police nationale. Or l’IGPN est rattachée à la DGPN (Direction générale de la Police nationale), elle-même sous l’égide du ministère de l’Intérieur. 

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