Michèle Leduc
Responsable du site Web de l’Union rationaliste avec le groupe Transition écologique et rationalité de l’UR
20/10/2024
L’écologie - Recul des politiques - Vigilance à l’UR
La détérioration du climat et celle de l’environnement ne sont plus des hypothèses sur lesquelles il encore possible de se poser des questions : des phénomènes extrêmes se manifestent partout dans le monde, on meurt de canicule par centaines de milliers en Inde, des mégafeux ravagent en Australie des régions grandes comme la France, les inondations provoquent des catastrophes sans précédents. Dans notre pays 9 des 10 années les plus chaudes ont été enregistrées après 2010. Depuis les derniers rapports scientifiques du GIEC, l’unique question ouverte est : irons-nous à +2°ou +4° d’ici 2050 ? Comme l’affirme Valérie Masson Delmote[i] dans son dernier livre, il reste à ce stade une interrogation : que devons-nous faire maintenant, comme individus, comme membres d‘une communauté locale ou d’une d’association militante, comme citoyen(ne)s pour faire bouger les décideurs politiques?
Si la mobilisation doit être générale pour tous, des décisions majeures sont à prendre par ceux qui gouvernent. Au niveau européen un recul s’annonce : la Commission européenne avait préparé un ensemble de propositions, appelées Pacte Vert, prévoyant une diminution de 55% des émissions de CO2 d’ici 2030 ; or depuis les dernières élections au Parlement européen ce projet va réduire ses ambitions pour ne pas déplaire aux dirigeants des Etats illibéraux dont les voix comptent pour d’autres enjeux politiques.
En France même recul : le président Macron avait fait de l’engagement pour l’écologie sa priorité au début de son second mandat. Sur ce plan l’actuel gouvernement Barnier effectue une pathétique marche en arrière : le ministère concerné voit écologie et climat dilués dans le vaste secteur de l’énergie et celui de la gestion des risques, tandis que le budget prévu n’est pas à la hauteur de la situation – les objectifs de réduction de la dette l’emportant dans ce secteur comme dans bien d’autres. Pourtant beaucoup de mesures de prévention pourraient être prises dès maintenant, pour éviter les incendies, pour sécuriser les zones inondables au lieu de simplement secourir et reconstruire à coûts astronomiques: assurer une bonne gestion des sols, planter des forêts durables et adéquates sans même mentionner l’augmentation des contraintes et des taxes que l’Etat pourrait imposer aux industries favorisant le réchauffement.[ii]
L’Union rationaliste, engagée avec son groupe de réflexion sur la transition écologique, rappelle l’urgence d’un engagement collectif pour limiter les désastres annoncés. Plus nous tardons à redresser la barre, pire seront les dégâts car on ne peut pas revenir en arrière dans ces domaines. On sait que le climato-scepticisme est encore vivace chez nos concitoyens, mais qu’il peut être combattu en prenant le temps d’une bonne information et d’une réflexion en commun, comme on l’a vu avec la Convention Citoyenne pour le Climat. Beaucoup d’inquiétudes majeures apparaissent dans le dessein de la politique actuelle de notre pays, calée sur les préoccupations de la droite et de l’extrême-droite. L’Union rationaliste appelle à la vigilance sur tous les plans, et en particulier à résister à la tentation de laisser l’écologie dériver. Plus nous agissons tard, plus ce sera difficile voire deviendra impossible…
Michèle LEDUC pour le bureau de l’UR
[i] Valérie Masson -Delmotte, “Face au changement climatique », éditions du CNRS, 2024
[ii] David Cayla, émission de l’UR sur France Culture le…/09/2024, « titre »