Ce qui se déroule sous nos yeux au Qatar est sans précédent. Nous assistons impuissants à l’effacement de valeurs communes au rationalisme et au sport auxquelles nous sommes particulièrement attachés, à savoir la laïcité et l’égalité et la promotion de valeurs humanistes

Le Qatar peu connu pour son attachement au football, contraint d’ouvrir des stades et des lieux d’hébergements et de loisirs constamment climatisés, a pratiqué au vu et au su du monde entier une politique de négation des Droits humains les plus universels, par le recours à une main d’œuvre d’immigrés travaillant sur ses chantiers multiples et dans des conditions d’un autre âge. Ceux-ci ont payé un lourd tribut de plusieurs milliers de victimes.

Le pays étouffe, par la température certes, mais aussi les paroles intolérantes proférées envers la communauté homosexuelle, par l’antisémitisme et la relégation systématique des femmes dont les droits n’existent pas ou si peu.

Nous avons également assisté à un durable désastre écologique et énergétique ouvrant sur la construction d’édifices et des stades somptuaires sur un territoire fait de terres arides et artificiellement irriguées. Ce qui s’est passé sous le soleil du Qatar était à prévoir depuis plus de dix ans lorsque ce pays s’est vu confier le déroulement du Mondial et se passera bientôt, si nous ne réagissons pas, sous celui de l’Arabie saoudite.

 Les responsabilités de ce choix incombent largement aux sociétés occidentales. Le Qatar leur tend un miroir qui leur ressemble, elles qui assument l’abandon de nos valeurs au profit d’un relativisme peu reluisant. Elles paient le prix de leur dépendance économique, pieds et poings liés aux pays producteurs de gaz et de pétrole.

Daniel Kunth
Secrétaire général de l’UR