Roger Martin du Gard fut un écrivain très apprécié, prix Nobel de littérature, aujourd’hui quelque peu oublié, il est encore lu cependant. On sait qu’il se déclara athée, et il le resta jusqu’à la mort, même si la question de Dieu ou de la religion l’a préoccupé tout au long de sa vie. Nous disposons maintenant de son Journal, de sa correspondance générale, de sa correspondance avec Copeau, Gide, Dabit… Surtout son roman inachevé Maumort a été publié (la version intégrale en Pléiade), il est donc possible actuellement de cerner au mieux la pensée de Roger Martin du Gard.
Ce fut un matérialiste, lecteur de Renan, Taine, Le Dantec et aussi de Montaigne, mais il se déclara toujours comme un piètre penseur, ce qui peut surprendre de la part d’un écrivain qui, dans ses romans, a semblé défendre des thèses. De formation, il est chartiste, passionné par la documentation, aimant la précision : son style, fluide et charpenté s’adapte à ce goût pour l’objectivité et, dans son Journal, a priori écrit intime, on retrouve ce besoin de clarté, comme s’il écrivait pour un lecteur qui n’est autre que lui-même.
Roger Martin du Gard prétend ne pas comprendre les philosophes et d’ailleurs il avoue, dans son Journal, éviter les relations intellectuelles, prétendant se sentir inférieur aux grands penseurs qu’il a l’occasion de croiser. Son athéisme ne serait pas la conséquence d’une réflexion mais plutôt comme un atavisme ne dépendant pas de lui.
Qu’en est-il vraiment ? Faut-il croire l’auteur ou supposer qu’il serait plus philosophe qu’il voudrait bien l’avouer, mais cachant ses spéculations par pudeur ? Martin du Gard a le goût du secret, toutefois il consent à se livrer dans son Journal intime mais il est difficile de conclure.

1.   LE RATIONALISME ET LE SCIENTISME

Qu’est-ce que le rationalisme ? On considère que René Descartes est le premier grand philosophe moderne rationaliste. Il est certain qu’il privilégia la raison dans ses recherches. Toutefois, paradoxalement, il se référa aussi à l’intuition, prétendant fonder ses raisonnements sur des « évidences », c’est-à-dire des vérités indiscutables, d’où la nécessité de formuler aussi clairement que possible ces prémisses.
Le scientisme est une forme extrême de rationalisme : la science est alors considérée comme la seule source de connaissance et, par conséquent, les savants forment une classe privilégiée dans la société. Renan, Taine, Berthelot, Le Dantec^[1] sont considérés comme d’éminents scientistes en France.

2.   ROGER MARTIN DU GARD ET LE SCIENTISME

L’auteur a lu Montaigne, qui est souvent considéré comme un maître de Descartes. Il a apprécié sa modération, son scepticisme, mais a-t-il lu (sérieusement) Descartes ? A-t-il lu Spinoza ? Roger Martin du Gard serait, en quelque sorte, un rationaliste spontané, ayant reconnu avoir à sa disposition la faculté de raisonner, constatant qu’il vaut mieux raisonner que se fier à l’intuition^[2] ou à la perception par les sens. Toutefois, on sait qu’il a lu avec grand soin Le Dantec. Va-t-il théoriser sur ce choix ? Non, il préférera pratiquer la méthode sans éclat qui consiste à accumuler les connaissances sur un sujet donné en évitant de conclure ou de juger. Formé à l’École des Chartes, on lui a appris à révérer la précision, la rigueur, la vérification, et là il devient inutile de se référer à des évidences toujours douteuses : la vérité c’est ce qui est vérifiable en consultant un document écrit. Un acte de naissance énonce une vérité : tel individu est né tel jour, tel mois, telle année… voilà un fait (presque) indiscutable.
Peut-on évoquer chez l’auteur une méthode scientiste d’écriture ? On sait que, pour chaque roman, il multiplie les dossiers, par exemple imaginant qu’Antoine devienne un spécialiste d’homéopathie, il va accumuler les connaissances sur cette spécialité médicale. On peut comparer cette pratique à celle de Flaubert ou de Zola. Roger Martin du Gard va construire des plans rigoureux pour chacun de ses romans. On découvre dans son Journal tome 2 comment il procède avant de commencer à rédiger Les Thibault : la chronologie est construite avec un soin méticuleux, comme s’il inventait une réalité extérieure à lui, comme s’il « accouchait » de ses personnages, leur donnant une vie propre, pour ensuite s’attacher à créer son œuvre littéraire. Il y a donc trois phases (au moins) bien distinctes : (1) accumuler les connaissances, (2) établir un plan, (3) faire œuvre d’écrivain. Les étapes (1) et (2) se mêlent intimement, selon l’évolution du plan. N’est-ce pas une méthode scientifique ? Ce n’est pas vraiment une démarche expérimentale, mais plutôt une pratique de l’observation, un peu comme un entomologiste étudiant une colonie d’insectes.
Le plan est imaginé et ainsi une réalité extérieure est inventée qu’il s’agit ensuite d’étudier avec le plus grand soin. Gide a dit, à propos de son ami, qu’il n’était pas artiste^[3] ! On pourrait plutôt suggérer que Roger Martin du Gard n’est pas seulement artiste. Il n’empêche qu’en construisant le plan du roman, il imagine des situations, il analyse la psychologie des personnages, il fait donc œuvre de création. Mais, par rigueur intellectuelle ou nécessité intérieure il s’impose de vérifier chacune des informations ou affirmations, un travail colossal car poussé chez lui aux limites du possible. Comment alors distinguer le documentaire de l’œuvre littéraire^[4] ? On pourrait suggérer que Martin du Gard écrit la biographie de ses personnages comme s’ils avaient existé tout comme le chercheur écrit la biographie d’un homme politique ou d’un écrivain. Pourquoi donc ce besoin de précision, d’exactitude comme si l’auteur craignait de libérer son imagination ? On peut dire que l’outil utilisé par Martin du Gard pour écrire est la raison, ce qui peut surprendre un lecteur actuel habitué à la science-fiction, au fantastique, à l’analyse psychologique, à l’autobiographie !

S’appuyer sur une vaste documentation pour écrire, c’est s’imposer un carcan et ainsi éviter certains débordements. Mais Martin du Gard, sans vraiment défendre ouvertement des thèses, parvient, habilement à soutenir des opinions, comme par exemple le pacifisme, donc il argumente en se fondant sur ses dossiers méticuleusement élaborés. Georges Duhamel dit à Martin du Gard^[5] : Le poète arrive à la connaissance par ces investigations subites, géniales. Vous, vous avez un autre moyen de parvenir à la connaissance. Vous êtes maître du sujet, et vous l’analysez avec l’assurance, l’ordre, la pénétration d’un savant qui ne laisse rien au hasard. […] Je n’ai jamais eu pareille impression d’objectivité. Jamais, dans aucun livre. […] Vous ressuscitez la vie même, et l’on ne pense pas à vous ; on est devant la chose réelle. (3 mars 1920). Ici, Duhamel formule son jugement sur Jean Barois, livre qu’il vient de lire. Comment mieux définir la méthode rationaliste utilisée par Martin du Gard ? Duhamel évoque la transmission de la connaissance, à la manière d’un savant, dans le respect de l’objectivé, l’auteur s’effaçant dans l’écriture. André Daspre^[6] écrit : R. Martin du Gard est véritablement un scientiste : il pense que la science est seule capable de nous donner une connaissance exacte du réel, de résoudre des problèmes philosophiques et même, dans une certaine mesure, les problèmes de morale. Il attribue à Antoine Thibault cette très belle formule : la science est « plus qu’une simple connaissance. Elle est désir d’accord avec l’univers dont elle pressent les lois ».
Scientiste, savant, rationaliste, étranges qualificatifs pour un écrivain qui a transporté et enthousiasmé tant de lecteurs !
Un scientiste pourrait-il s’intéresser à Montaigne, le sceptique, avec tant de passion ? On sait qu’il a lu assidûment Romain Rolland, à qui il doit beaucoup, mais Romain Rolland ne peut pas être considéré comme un scientiste. Il admirait beaucoup Ibsen, fin observateur de la société de son époque, qui a pratiqué une écriture théâtrale naturaliste, sans pour autant se fonder sur l’esprit scientifique.

3.   L’ÉCRITURE « SCIENTISTE »

Dans les années 1920, Martin du Gard commence à construire sa grande œuvre Les Thibault. Dans son Journal, tome 2, il analyse sa méthode d’écriture avec beaucoup de détails. Aucune improvisation ! Tout est pensé, analysé, réfléchi. Il écrit (26 mai 1920) : Je me suis installé au premier étage, dans ma turne claire, devant de grandes tables vides, sur lesquelles j’ai étalé, comme un panorama, toutes mes notes. J’ai divisé le livre en treize périodes. Et pendant quinze jours, devant ces treize dossiers étalés sous mes yeux, j’ai distribué les notes que j’avais prises, en les classant à la période correspondante. J’ai établi une chronologie réfléchie, rigoureuse. […] Bref je reviens avec un plan solide et volumineux, toutes choses bien pesées et mises à leur place définitive. (p. 134). Beaucoup d’auteurs commencent par établir un plan de leur ouvrage avant de le rédiger : Zola construisait successivement trois plans pour chacun de ses romans du cycle les Rougon-Macquart. Queneau qui n’est pas un écrivain naturaliste, lui aussi élaborait un plan rigoureux pour chacun de ses textes. Mais ici, avec Martin du Gard, il y a comme un refus ou une crainte de l’improvisation. Il a besoin de contempler un plan très détaillé et documenté enrichi par une multitude de dossiers, son projet étant de « ressusciter la vie même », sauf qu’à la différence de Jean Barois le sujet de Les Thibault n’est pas, au moins dans les premiers tomes, purement historique. Le lien entre Jean Barois et l’Affaire Dreyfus est clairement affiché, même si une réflexion sur la foi chrétienne est aussi menée.
Martin du Gard a voulu, en 1920, inventer une « réalité », et qu’il va ensuite décrire avec objectivité et rigueur, en adoptant un style qui se veut neutre. Pourquoi alors les personnages de Jacques, d’Antoine ou de Jenny ont-ils une telle densité^[7] ? Il faut bien que l’auteur inscrive sa marque, qu’il ne se limite pas à une écriture objective et froide. C’est seulement après avoir construit ce « monde » des Thibault que l’auteur se transforme en écrivain, décrivant avec talent ce monde inventé par lui-même. Là, il se démarque de la méthode scientifique, nous prouvant qu’il n’est pas que scientiste mais aussi à sa manière un artiste. On pourrait comparer la démarche de Martin du Gard à celle des grands peintres classiques qui utilisent la géométrie pour construire leurs œuvres et malgré toute la rigueur de l’artiste, parvenant à créer la beauté. De même, un compositeur tel que Bach a utilisé l’arithmétique pour construire certaines de ses œuvres et il a réussi ainsi à bouleverser des générations de mélomanes. Mais le romancier cherche en général à transmettre un message, il veut donner un sens à son œuvre. La recherche de la beauté formelle relève plus de la poésie que du roman même s’il existe des expériences de roman formel (le nouveau roman ; Raymond Roussel ; l’OULIPO).
L’art de Martin du Gard se fonderait donc sur une solide architecture qui s’effacerait derrière le message que l’auteur veut transmettre. Mais ce dernier prétend vouloir seulement décrire : « Mon livre n’a pas de sujet. Ce sont des êtres. Et c’est tout. Des êtres, que je possède bien, que j’ai bien creusés, que je connais dans les coins, et qui durant quarante années, vivent et évoluent au milieu des cent mille incidents de la vie. Pas une idée, pas une thèse, rien d’ “intellectuel” ». (Journal, tome 2, 18 mai 1920 ; lettre à Marcel Coppet, p. 127-130). Pourtant, le lecteur a reçu un message (et même nombre de messages !) que ce soit sur l’adolescence de Jacques, sur l’été 1914 ou sur la mort d’Antoine. On n’imagine pas l’auteur mentir à lui-même dans son Journal (même s’il n’aborde pas certains sujets trop intimes), il faut en déduire qu’il n’a pas su (ou voulu) respecter son projet initial. Tout d’abord, il y a la crainte d’une nouvelle guerre et Martin du Gard ne peut éviter de formuler un plaidoyer pour la paix, mais avec la suprême intelligence de défendre le pacifisme en 1914, sans prendre position sur l’actualité des années 1930. Il écrira L’Été 1914 un des plus beaux et des plus documentés livres sur les quelques jours précédant la déclaration de la Première Guerre mondiale, qui sera reconnu comme tel par le jury du prix Nobel de littérature en 1937. Mais, il créera ainsi une coupure dans Les Thibault, puisque L’Été 1914 est presque un livre documentaire, du moins dans une lecture superficielle. L’auteur revient à ses amours premières : le roman documentaire construit sur une masse impressionnante d’archives. Il est évident qu’il veut défendre une thèse ou au moins exprimer ses idées, mais en confrontant Jacques et Antoine, le révolutionnaire farouchement opposé à la guerre et le modéré qui la juge inévitable, il évite de manipuler le lecteur, le laissant seul juge de la position à adopter : c’est une belle expression de scepticisme.
On retrouve dans La Mort du père une démarche scientiste et rationaliste : la description de la maladie puis de l’agonie du père a été jugée par les médecins comme admirable de vérité.
On a beaucoup reproché à Martin du Gard d’avoir basculé dans l’écriture documentaire, les lecteurs préférant, bien sûr, suivre le quotidien des deux frères. Mais, en même temps, ce qui fait des Thibault un roman unique et inoubliable, c’est justement cet habile mélange de destins individuels et de grande Histoire. Les personnages sont plongés dans l’Histoire la plus dramatique qui soit et on suit aussi les amours de Jacques et Jenny, les méditations d’Antoine. Des critiques^[8] ont estimé qu’il y avait un déséquilibre, que l’Histoire prenait le pas sur la fiction. Chacun peut en juger, mais il n’en demeure pas moins que très rares sont les romans qui délivrent des connaissances exactes tout en émouvant profondément le lecteur ! Il faut donc peut-être reconnaître que l’écriture rationaliste a aussi ses limites, qu’elle est appréciable si elle est modérée par une écriture plus littéraire, à la manière de Zola qui mélange avec grand art fiction et réalité, n’hésitant pas parfois à verser dans le lyrisme.

4.   LA LITTÉRATURE RATIONALISTE N’EST PAS DU NATURALISME

On a qualifié Roger Martin du Gard d’écrivain naturaliste attardé, alors que son projet d’écriture ne correspond pas tout à fait à la démarche des naturalistes. Il refuse a priori de définir un sujet à son roman ; c’est-à-dire qu’à la différence de Zola, il n’invente pas une fiction pour examiner un thème (la mine, l’alcool, la prostitution…). Le naturaliste va plonger ses personnages dans une situation précise et il va observer leur évolution : on peut ici évoquer la méthode expérimentale, l’auteur agissant pour créer cette situation. Au contraire, Martin du Gard place ses personnages dans une absence de situation, et il les observe sans vraiment agir. Il est vrai qu’avec L’Été 1914, il modifiera quelque peu son projet ; toutefois Jacques et Antoine sont placés dans une situation réelle (les prémices de la Grande Guerre) qu’il décrit avec précision en référence aux archives, et en quelque sorte ses deux héros subissent les événements. L’auteur observe les comportements des 51 deux frères confrontés à la triste réalité de la guerre. Le poids de l’hérédité est atténué par le poids de l’éducation : la fatalité (que le lecteur ne peut ignorer) est inscrite dans le drame de l’Histoire.
Dans son dernier roman, inachevé, Maumort, Martin du Gard va faire un autre choix, puisque c’est Maumort qui écrit à la première personne. Tout rapprochement avec le naturalisme devient impossible, mais est-ce encore une écriture rationaliste ? Maumort se comporte comme un observateur de la réalité extérieure et de lui-même, il essaye de s’analyser avec rigueur et objectivité ; surtout, on le sait, Martin du Gard a construit une multitude de dossiers préparatoires. Donc, si l’auteur s’efface complètement, on peut dire qu’il se métamorphose en Maumort qui, lui, procède selon la méthode rationaliste. Maumort est un personnage de fiction, qui n’est pas Roger Martin du Gard ; mais, en même temps, en lisant le Journal de ce dernier, force est de constater que l’auteur et le personnage ont bien des points communs.

CONCLUSION

Roger Martin du Gard a écrit un cycle : il suit deux frères Antoine et Jacques jusqu’à leur mort respective. On trouve chez Émile Zola, Jules Romain, Georges Duhamel et d’autres cette volonté d’écrire un cycle. Martin du Gard choisit de pratiquer l’objectivité, a-t-il réussi ? Les lecteurs retiennent souvent la confrontation des deux frères ou encore la relation sentimentale entre Jacques et Jenny dans une période dramatique. On peut aussi admirer sans réserve le récit de la mort d’Antoine, à travers son « Journal intime » dans Épilogue. Ainsi, l’auteur parvient à mêler avec un art subtil la petite histoire et la grande histoire à la manière de Tolstoï et son Guerre et Paix qui fut tant admiré par notre écrivain. À lire soigneusement Les Thibault, on découvre que l’accent est quand même mis sur l’objectivité, l’étude des sentiments des personnages n’étant pas développée à la manière d’un Proust ou d’un Fromentin (dans Dominique). On devine les émois et les angoisses de Jacques et d’Antoine, essentiellement, à travers leurs agissements, et non par des analyses psychologiques. Roger Martin du Gard reste un observateur tout en provoquant l’émotion du lecteur !
Pour conclure, il faut insister sur la modernité de l’auteur, en référence à la période actuelle, si tragique et imprévisible. C’est donc, plus que jamais, un auteur à découvrir ou redécouvrir.

Notice biographique :

Roger Martin du Gard est né le 23 mars 1881. Il suivra une scolarité chaotique et finira par échouer à l’examen de licence ès lettres (juillet 1899), mais en novembre il est admis à l’École des Chartes. Il effectue son service militaire d’octobre 1902 à octobre 1903, puis intègre l’École des Chartes en novembre. Il soutient une thèse d’archéologie sur les Ruines de l’Abbaye de Jumièges. Il se marie avec Hélène Foucault en 1906. Leur unique enfant, Christiane, naît en juillet 1907. Pendant l’hiver 1908, il assiste à des consultations cliniques de divers psychiatres et neurologues ; parution de Devenir, chez Ollendorf (à compte d’auteur). Il choisit de vivre à la campagne, à Sancergues, dans le Cher. 1910-1913 : écriture et parution de Jean Barois aux éditions de la N.R.F. Pendant l’année 1914, il fréquente le Théâtre du Vieux-Colombier : Le Testament du Père Leleu, farce paysanne, est représenté avec grand succès. Puis, Roger Martin du Gard est mobilisé, affecté à un groupe de Transport de matériels. À partir de 1919, il commence à tenir son Journal. En 1920, il établit le plan des Thibault. En 1922, parution des premiers tomes des Thibault. En 1929, parution de La mort du Père. 1930-1931 : écriture de Confidence africaine et Un Taciturne. En 1932, il change le plan initial des Thibault et commence à accumuler une vaste documentation sur la Grande Guerre. En 1936-1937, il rédige l’Été 1914 et prépare le dernier tome des Thibault, Épilogue. Le prix Nobel de littérature lui est décerné le 10 novembre 1937. En 1940, parution de Épilogue. En 1941, il commence à réfléchir à un nouvel ouvrage Souvenirs du Colonel Maumort. Sa femme décède en 1949, et il interrompt l’écriture de son Journal. Il décède le 22 août 1958, après avoir soigneusement préparé son testament littéraire, ayant aussi sélectionné les textes retenus pour l’édition en Pléiade de ses œuvres complètes, et publié Notes sur André Gide.

Références :

• Roger Martin du Gard, Œuvres complètes, tomes 1 et 2, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1955. (Cités respectivement O.C t.1 et O.C t.2).
• Roger Martin du Gard, Le Lieutenant-Colonel de Maumort, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1983. (Cité Maumort dans l’article).
• Roger Martin du Gard Journal I, II, III, Paris, Gallimard, 1992-1993.
• René Garguilo La genèse des Thibault de Roger Martin du Gard, Librairie Klincksieck, 1974.
• Claude-Edmonde Magny, Histoire du roman français, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, 1950, p. 276-318.
  
• Pierre Daix, Réflexions sur la méthode de Roger Martin du Gard, Les éditeurs français réunis, 1957.

La bibliographie sur Roger Martin du Gard est considérable. Il existe aussi des éditions de la correspondance de l’auteur : correspondance, générale, avec Gide, avec Jacques Copeau, avec Eugène Dabit, Georges Duhamel…

[1] Houlbert C., Félix Le Dantec (1869-1917). Annales de Bretagne. Tome 33, numéro 1, [1918]. p. 1-12.
[2] Il n’appréciait guère Bergson ; voir [4] René Garguilo La genèse des Thibault de Roger Martin du Gard, 1974, p. 391.
[3] Gide écrit à Jean Schlumberger, le 29 juin 1913 : Celui qui a écrit cela peut n’être pas un artiste, mais c’est un gaillard » (à propos de Jean Barois).
[4] Voir [5] Claude-Edmonde Magny, Histoire du roman français, Éditions du Seuil, collection Points 1950, p. 284.
[5] Journal II, [3] p. 106-107.
[6] Daspre André, « Roger Martin du Gard, romancier rationaliste », Raison Présente, n° 62, 2^e trimestre 1982, p. 137-142.
[7] Pierre Daix dans [6] Réflexions sur la méthode de Roger Martin du Gard, Les éditeurs français réunis, 1957.
[8] Claude-Edmonde Magny, en particulier, dans [5] Histoire du roman français Éditions du Seuil, coll. Points, 1950, p. 276-318.