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Michèle Leduc

Responsable du site Web de l’Union rationaliste avec le groupe Transition écologique et rationalité de l’UR

19/09/2022

Rentrée 2022
Incertitudes et fragilités du monde

Pas d’incertitude hélas sur la réalité du changement climatique : les catastrophes naturelles de l’été ont dissipé les derniers doutes et annoncé les ravages à venir. Chacun a pu mesurer les dérèglements qui s’installent durablement : canicule pendant des mois d’été, incendies incontrôlables et forêts parties en fumée, sécheresse destructrice de la végétation et des cultures, menaces sur les approvisionnements en eau, inondations meurtrières…

Par contre grande incertitude sur les mesures urgentes qui doivent être prises : l’ambition écologique des politiques est-elle à la mesure des enjeux ?[1] On peut sérieusement en douter. L’appel vertueux à la sobriété dans la population n’est qu’une petite partie des solutions qui n’aura d’effet qu’à long terme et il ne doit pas peser sur les défavorisés. Dans les régimes démocratiques, il faudra obtenir l’acceptabilité sociale de mesures contraignantes, et quant aux régimes dictatoriaux, on peut douter qu’ils se plient à ces mesures. Surtout le recours à la sobriété masque l’évidence : les ripostes étatiques à prévoir (sur l’urbanisme et l’habitat par exemple) trouveront leurs limites dans nos régimes capitalistes néo-libéraux où la recherche du profit immédiat entre en contradiction avec les mesures de sobriété énergétique[2].

Incertitude quant à la marche du monde. L’horizon politique est bouché. Les équilibres internationaux sont bouleversés. La terrible guerre en cours en Ukraine fait payer au peuple ukrainien un prix considérable en vies humaines et en souffrances, lequel résiste avec un immense courage. Elle pèse aussi sur nos pays. Le risque d’une capitulation face aux exigences irraisonnées de la Russie fait planer une menace politique – et à l’extrême nucléaire – sur l’ensemble de l’Europe. Ceci illustre tout ce que les démocraties ont à redouter des régimes illibéraux qui affichent cyniquement l’ambition d’écrire l’histoire au gré de leurs idéologies rétrogrades partout dans le monde. N’oublions pas non plus le tragique retour en arrière qu’imposent les États où le fanatisme religieux fait la loi, comme en Afghanistan.  

Incertitude aussi pour le quotidien de nos concitoyens. Déjà les restrictions imposées pendant deux ans par la crise du Covid ont fragilisé la vie professionnelle des adultes, la formation des étudiants, l’éducation des enfants. Avec l’accroissement considérable de la dette, la crédibilité financière de la France est en baisse. Pour limiter le renchérissement de l’énergie, les solutions du nucléaire et des renouvelables ont pris un retard qui sera long à rattraper. En attendant une possible régulation européenne, les palliatifs prévus par l’État vont tenter d’amortir le choc, mais chacun sait que l’avenir sera sombre. L’instabilité stimule sans logique apparente les fantasmes identitaires et sécuritaires. Le Rassemblement National prospère avant tout sur la question de l’immigration, cache son vrai visage, mais vient de faire une percée historique avec une entrée spectaculaire au Parlement.  Incertitude angoissante pour la situation politique demain, ici comme ailleurs en Europe, où la démocratie amorce un recul général et l’extrême-droite s’approche du pouvoir.

Dans ce monde abîmé et fragile, l’économie est dérégulée et les ressources accaparées. L’horizon des dirigeants reste la croissance et l’augmentation du PIB. Comment inverser les signes, travailler pour un projet de société humaniste qui remanie les valeurs et place une justice sociale et une liberté authentique au cœur des projets ? Notre réflexion impliquera des analyses fondées sur la rationalité pour venir à bout des contre-vérités qui fabriquent l’opinion. La recherche scientifique sera à mettre à contribution, les citoyens devront s’impliquer pour que des perspectives crédibles se dessinent.

Un grand chantier sur lequel l’Union rationaliste souhaite entraîner tout ceux qui ne consentent pas se résigner au pire[3].

Michèle LEDUC, avec le bureau de l’Union rationaliste

[1]  Voir l’éditorial de l’UR de juillet 2022
[2] Voir l’entretien avec Dennis Meadows, ancien du club de Rome, Le déclin de notre civilisation est inévitable dans Le Monde du 9 mars 2022.
[3] Voir l’appel « Agir ensemble » sur le site de l’Union rationaliste

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