Qu’est-ce qu’une vérité scientifique ?
Riche d’erreurs voire d’errements, l’histoire des sciences conduit à interroger la notion de vérité scientifique. Celle-ci n’en reste pas moins le meilleur outil pour saisir le monde.[1]
A priori, tout est simple : la notion de vérité scientifique repose, depuis que Galilée l’a formalisée, sur la démarche expérimentale. Dans leur très grande majorité, les scientifiques partagent le point de vue exprimé, comme toujours de manière claire et forte, par Richard Feynman dans ses célèbres Feynman’s lectures : « Le principe de la science, sa définition presque, sont les suivants : le test de toute connaissance est l’expérience. L’expérience est le seul juge de la vérité scientifique. »
Les scientifiques ne peuvent donc affirmer que quelque chose est « vrai » que s’ils sont capables de le démontrer expérimentalement, et de montrer que chaque fois qu’ils répètent l’expérience ils retrouvent le même résultat. La logique de la démarche est donc souvent la suivante : un processus, lui-même créatif, conduit à formuler une hypothèse sur un phénomène ou un mécanisme. Sur la base de cette hypothèse, un protocole expérimental est bâti, dont le résultat doit permettre de valider l’hypothèse ou de la réfuter. En ce sens, pour croire à une théorie scientifique, Karl Popper soutenait qu’il faut pouvoir la réfuter, c’est-à-dire montrer qu’il existe des observations potentielles qui, si elles étaient réalisées et avérées, prouveraient rationnellement que la théorie était fausse. C’est ainsi que l’héliocentrisme a permis de réfuter le géocentrisme à partir de l’hypothèse de Copernic, des observations de Tycho Brahé, des lois de Kepler et de leur établissement comme résultat de la force de gravitation par Newton…