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Culture scientifique, culture et démocratie

La science est malheureusement aujourd’hui, pour l’essentiel, un domaine extérieur à la culture y compris celle des « élites » intellectuelles et politiques. Cette situation, qui n’est certes pas entièrement nouvelle, interroge en ce début de xxie siècle. Elle a de quoi inquiéter alors que la science et la technologie jouent un rôle plus grand que jamais. Les sociétés modernes affichent des besoins croissants de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens. Or, de nombreux rapports pointent depuis quelques temps une désaffection des jeunes pour les métiers scientifiques, en France, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Ces contradictions, la trop faible pénétration de la culture scientifique dans les différentes couches de la population ont de multiples causes, parmi lesquelles il faut mentionner des attitudes de méfiance envers la science, jugée « responsable » d’un mode de développement économique déstabilisateur…

Argumentaire de l’Union Rationaliste sur les OGM

Les “ organismes génétiquement modifiés ” ne provoquent les foudres de l’écologisme que lorsqu’il s’agit de plantes, les plantes génétiquement modifiées ou PGM, parce que susceptibles de finir dans notre assiette ou de nourrir les animaux que nous mangeons. Les levures ou les bactéries génétiquement modifiées qui ne quittent pas les confinements des laboratoires ou des fermenteurs d’usine ne font pas peur. Les dérivés alimentaires du maïs GM (lécithines pour sauces) ou du colza GM (huile de table) n’inquiètent pas non plus. [1] Notons au passage l’extraordinaire progrès que les OGM ont fait faire à la pharmacie (insuline humaine qui a remplacé les insulines animales extractives ; hormone de croissance humaine qu’il n’a plus été nécessaire d’extraire des hypophyses de cadavres avec le risque d’inoculation de la maladie de Creutzfeld-Jacob, etc. etc.)…

Deux Prix Nobel

Le Prix Nobel de physique 2007 vient d’être décerné conjointement à Albert Fert, professeur à l’Université Paris-Sud, directeur scientifique au sein de l’Unité mixte CNRS/Thalès et au physicien allemand Peter Grünberg. Le prix récompense leur découverte en 1988 de la magnétorésistance géante, un nouveau phénomène a l’origine de nombreuses applications notamment l’augmentation considérable des performances des têtes de lecture utilisées aujourd’hui avec tous les disques durs. La découverte n’aurait pas été possible sans le développement des techniques de préparation de matériaux en couches extrêmement minces dans les années 1970…

Lettre ouverte sur les OGM

Monsieur le Ministre, Madame,
Le journal Le Monde daté du 20 septembre apprend que vous vous préparez à accepter un gel de la commercialisation des semences OGM comme « un des éléments qui doit permettre à M. Borloo d’obtenir un compromis général lors de la grande table ronde du Grenelle, qui se tiendra fin octobre » et au prétexte « qu’on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc on ne va pas prendre le risque. »
On comprend que la question des OGM ne soit qu’un détail dans le vaste débat qui va s’ouvrir avec au programme des sujets autrement importants mais elle a pris dans l’opinion une valeur symbolique considérable et il serait bien dommage de ne pas profiter de la circonstance pour élever un peu le niveau de réflexion du grand public…

Pour une embellie durable de la recherche

Introduction
Le débat autour de la recherche scientifique prend depuis quelques années une importance croissante. Pourquoi faire de la recherche, comment, avec quelles ressources et à quel niveau, sous quel contrôle, avec quelle éthique ? En France, la réflexion sur ces questions a associé récemment une part importante de la communauté concernée. L’expression des candidats aux Élections présidentielles sur la recherche a été plus forte, plus contrastée et souvent plus précise qu’il n’était coutume, et le dossier que lui a consacré la revue Nature dans son numéro du 19 avril 2007 a reflété à sa manière que ce que fait et décidera de faire la France en matière de recherche est observé avec attention hors de l’Hexagone. Notre pays est à un tournant de sa politique de production et de diffusion du savoir. Je voudrais indiquer dans cet article mon point de vue sur quelques aspects que je considère comme essentiels, sans prétendre en aucune manière à l’exhaustivité…

Droits de l’animal ou protection des animaux ? Réponse à Georges Chapouthier

Mis en cause par Georges Chapouthier dans son article « Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ? », je souhaite apporter, ici même, quelques éclaircissements sur ma position.

Premier point : mon censeur n’a « pas le monopole du cœur », pour reprendre une célèbre réplique. Je suis, au moins autant que lui, capable de pitié et de sympathie ; mais, à sa différence, je connais les animaux — j’ai notamment élevé et travaillé avec des chevaux — et ma compassion va davantage à ceux élevés en batterie pour être abattus et dépecés à la chaîne (et aux humains contraints par la nécessité économique d’exercer les métiers correspondants) qu’aux taureaux de corrida qui, pour vingt minutes dans l’arène, passent les cinq années de leur vie en quasi-liberté dans d’immenses pâturages…

Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ?

On parle de plus en plus des droits de l’animal. Dans une société largement fondée, comme la nôtre, sur la notion de droits, il est sans doute heureux que des droits viennent protéger les différentes facettes de l’animalité des abus qui pourraient lui être infligés par une espèce, la nôtre, qui, au cours de son histoire, n’a pas toujours brillé par son attitude morale et pourrait certainement mieux faire. Mais la notion même de « droits de l’animal » semble difficile à admettre par beaucoup de nos contemporains. Je voudrais en donner, dans les pages qui suivent, quelques exemples caractéristiques qui permettront, dans le même temps, en rectifiant certaines affirmations erronées, de présenter le droits de l’animal pour ce qu’ils sont et de les replacer par rapport aux droits de l’homme…

Le débat nucléaire entre science, mythes et sagesse des nations ; la question des déchets

Les réactions des Français à l’égard des déchets nucléaires sont souvent qualifiées d’irrationnelles, Quand on les interroge longuement, il apparaît, certes, que, pour la plupart, ils n’ont qu’une connaissance fort sommaire des aspects techniques de la question et font largement appel à des représentations mythiques. Mais, pour se faire un point de vue, ils s’appuient également sur des éléments de sagesse des nations, sur une expérience des hommes et sur des réflexions éthiques dont les experts gagneraient à tenir compte…

Islam et migrations

Il n’est pas de Français qui ne descende d’immigrés. Nous parlons une langue qui continue le latin des Romains et portons le nom d’une des nombreuses tribus germaniques qui se sont installées sur notre territoire. Le mouvement d’immigration massive, partiellement organisé par le gouvernement français après les massacres des deux dernières guerres mondiales, a permis à la France de se maintenir à un niveau démographique acceptable. Cela n’a pas été sans frictions et les Français qui se croyaient de souche (ils n’ont pas tous disparu) ont parfois accueilli les nouveaux-venus avec des « sale juif », « sale rital », « sale polack » etc. qui fort heureusement n’ont pas toujours eu de traduction en acte : dans l’ensemble ces nouveaux venus ont été intégrés plus ou moins vite, plus ou moins facilement, et ont en tout cas tous contribué à l’existence continuée de la nation française. On remarquera qu’il n’existe pas d’injure antimusulmane …

Pierre Bayle (1647-1706) : Tolérance et raison

À l’occasion du tricentenaire de sa mort
{lettrine}Pierre Bayle {/lettrine}est né le 18 novembre 1647 au Carla, dans la province de Foix, d’une famille bourgeoise protestante. Le foyer pastoral possède une vigne, un potager, quelques champs, et mène une vie modeste. Il est difficile, de nos jours, d’imaginer les différences qui, au milieu du xviie siècle, séparaient un coin perdu du Comté de Foix non pas seulement de Paris, mais simplement d’un bourg d’importance comparable à la sienne situé au nord de la Loire. L’économie était encore essentiellement une économie de subsistance, quasi médiévale. Toute la population parlait occitan ; le français n’était employé que par les notables, et les protestants le comprenaient au moins approximativement grâce à la liturgie et aux sermons qu’ils entendaient, s’ils étaient très pratiquants, deux fois par semaine…