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Lettre ouverte sur les OGM

Monsieur le Ministre, Madame,
Le journal Le Monde daté du 20 septembre apprend que vous vous préparez à accepter un gel de la commercialisation des semences OGM comme « un des éléments qui doit permettre à M. Borloo d’obtenir un compromis général lors de la grande table ronde du Grenelle, qui se tiendra fin octobre » et au prétexte « qu’on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc on ne va pas prendre le risque. »
On comprend que la question des OGM ne soit qu’un détail dans le vaste débat qui va s’ouvrir avec au programme des sujets autrement importants mais elle a pris dans l’opinion une valeur symbolique considérable et il serait bien dommage de ne pas profiter de la circonstance pour élever un peu le niveau de réflexion du grand public…

Pour une embellie durable de la recherche

Introduction
Le débat autour de la recherche scientifique prend depuis quelques années une importance croissante. Pourquoi faire de la recherche, comment, avec quelles ressources et à quel niveau, sous quel contrôle, avec quelle éthique ? En France, la réflexion sur ces questions a associé récemment une part importante de la communauté concernée. L’expression des candidats aux Élections présidentielles sur la recherche a été plus forte, plus contrastée et souvent plus précise qu’il n’était coutume, et le dossier que lui a consacré la revue Nature dans son numéro du 19 avril 2007 a reflété à sa manière que ce que fait et décidera de faire la France en matière de recherche est observé avec attention hors de l’Hexagone. Notre pays est à un tournant de sa politique de production et de diffusion du savoir. Je voudrais indiquer dans cet article mon point de vue sur quelques aspects que je considère comme essentiels, sans prétendre en aucune manière à l’exhaustivité…

Droits de l’animal ou protection des animaux ? Réponse à Georges Chapouthier

Mis en cause par Georges Chapouthier dans son article « Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ? », je souhaite apporter, ici même, quelques éclaircissements sur ma position.

Premier point : mon censeur n’a « pas le monopole du cœur », pour reprendre une célèbre réplique. Je suis, au moins autant que lui, capable de pitié et de sympathie ; mais, à sa différence, je connais les animaux — j’ai notamment élevé et travaillé avec des chevaux — et ma compassion va davantage à ceux élevés en batterie pour être abattus et dépecés à la chaîne (et aux humains contraints par la nécessité économique d’exercer les métiers correspondants) qu’aux taureaux de corrida qui, pour vingt minutes dans l’arène, passent les cinq années de leur vie en quasi-liberté dans d’immenses pâturages…

Les droits de l’animal, un concept dur à avaler ?

On parle de plus en plus des droits de l’animal. Dans une société largement fondée, comme la nôtre, sur la notion de droits, il est sans doute heureux que des droits viennent protéger les différentes facettes de l’animalité des abus qui pourraient lui être infligés par une espèce, la nôtre, qui, au cours de son histoire, n’a pas toujours brillé par son attitude morale et pourrait certainement mieux faire. Mais la notion même de « droits de l’animal » semble difficile à admettre par beaucoup de nos contemporains. Je voudrais en donner, dans les pages qui suivent, quelques exemples caractéristiques qui permettront, dans le même temps, en rectifiant certaines affirmations erronées, de présenter le droits de l’animal pour ce qu’ils sont et de les replacer par rapport aux droits de l’homme…

Le débat nucléaire entre science, mythes et sagesse des nations ; la question des déchets

Les réactions des Français à l’égard des déchets nucléaires sont souvent qualifiées d’irrationnelles, Quand on les interroge longuement, il apparaît, certes, que, pour la plupart, ils n’ont qu’une connaissance fort sommaire des aspects techniques de la question et font largement appel à des représentations mythiques. Mais, pour se faire un point de vue, ils s’appuient également sur des éléments de sagesse des nations, sur une expérience des hommes et sur des réflexions éthiques dont les experts gagneraient à tenir compte…

Islam et migrations

Il n’est pas de Français qui ne descende d’immigrés. Nous parlons une langue qui continue le latin des Romains et portons le nom d’une des nombreuses tribus germaniques qui se sont installées sur notre territoire. Le mouvement d’immigration massive, partiellement organisé par le gouvernement français après les massacres des deux dernières guerres mondiales, a permis à la France de se maintenir à un niveau démographique acceptable. Cela n’a pas été sans frictions et les Français qui se croyaient de souche (ils n’ont pas tous disparu) ont parfois accueilli les nouveaux-venus avec des « sale juif », « sale rital », « sale polack » etc. qui fort heureusement n’ont pas toujours eu de traduction en acte : dans l’ensemble ces nouveaux venus ont été intégrés plus ou moins vite, plus ou moins facilement, et ont en tout cas tous contribué à l’existence continuée de la nation française. On remarquera qu’il n’existe pas d’injure antimusulmane …

Pierre Bayle (1647-1706) : Tolérance et raison

À l’occasion du tricentenaire de sa mort
{lettrine}Pierre Bayle {/lettrine}est né le 18 novembre 1647 au Carla, dans la province de Foix, d’une famille bourgeoise protestante. Le foyer pastoral possède une vigne, un potager, quelques champs, et mène une vie modeste. Il est difficile, de nos jours, d’imaginer les différences qui, au milieu du xviie siècle, séparaient un coin perdu du Comté de Foix non pas seulement de Paris, mais simplement d’un bourg d’importance comparable à la sienne situé au nord de la Loire. L’économie était encore essentiellement une économie de subsistance, quasi médiévale. Toute la population parlait occitan ; le français n’était employé que par les notables, et les protestants le comprenaient au moins approximativement grâce à la liturgie et aux sermons qu’ils entendaient, s’ils étaient très pratiquants, deux fois par semaine…

Le livre blanc et le livre noir de la psychanalyse

« Ce qui distingue l’homme de science, ce n’est pas ce qu’il croit, mais comment et pourquoi il le croit. Ses croyances sont sujettes à révision, et non dogmatiques ; elles sont basées sur la preuve et non sur l’autorité ou l’intuition. » Bertrand Russell.
Un débat public est à présent ouvert entre partisans et adversaires de la psychanalyse, débat qui, il est vrai, a eu lieu il y a belle lurette dans d’autres pays occidentaux. Après la publication, l’an passé, du Livre Noir de la Psychanalyse [1], voilà que paraît l’Anti Livre Noir de la Psychanalyse [2]. On ne peut donc que s’en féliciter, puisque la lecture de ces deux volumes, thèse et antithèse, devrait nous permettre de départager les opposants, de donner raison — partiellement ou totalement — soit aux uns, soit aux autres, ou encore de les renvoyer dos à dos…

La science face aux obscurantismes

Actuellement, en France ou en Belgique par exemple, certains élèves refusent d’assister à des cours de biologie sous prétexte qu’ils ne seraient pas en conformité avec leurs convictions religieuses. Début février dernier, des étudiants marocains de l’université d’Amsterdam ont refusé que le professeur de biologie donne un cours sur la théorie de l’évolution[1]. Ce type de comportement, refus de certaines théories scientifiques, peur de perdre ses certitudes, est apparu avec la montée des islamistes, au moment de la révolution iranienne…

Des scientifiques devant leurs responsabilités : Le cas des éruptions volcaniques

La responsabilité des scientifiques devant des risques d’origine tant naturelle qu’humaine, est à l’ordre du jour. C’est en biologie qu’elle est le plus régulièrement évoquée. Des problèmes comme ceux posés par les maladies transmises par transfusion sanguine, la maladie de Creutzfeld-Jacob, les épidémies ou pandémies, les OGM, sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’insister. Dans certains cas, l’indépendance des scientifiques compétents par rapport à leurs autorités de tutelle a été mise en question, comme pour la pollution des sols due à l’explosion de Tchernobyl. Dans d’autres, la surdité de ces autorités devant leurs avertissements répétés est aveuglante, comme pour le cyclone Katrina. Ou bien des méthodes efficaces pour prévenir les effets les plus nocifs d’un phénomène naturel n’ont pas été mises en place quand elles concernaient des populations trop pauvres, comme pour le tsunami de Banda Aceh. Nous limiterons notre propos aux risques relevant de la géophysique interne, et plus précisément aux éruptions volcaniques…