Carte blanche à François Héran
« L’église et les lumières face à la mortalité des enfants : le moment de Condorcet »
À l’invitation de l’Union rationaliste, carte blanche à François Héran, professeur au Collège de France. Président de l’Union Rationaliste.
La séance sera modérée par Daniel Kunth.
On n’imagine plus de nos jours l’ampleur de la mortalité infantile et juvénile sous l’Ancien régime. Sous Louis XV, par exemple, le royaume de France, avec ses 26 millions d’habitants, produisait chaque année davantage de naissances que les 67 millions d’habitants de la France actuelle : environ un million, contre 675 000 aujourd’hui. Mais à l’âge de 7 ans, la moitié des enfants étaient déjà morts. Face à ce gâchis de vies humaines, l’attitude dominante était le fatalisme. L’Église, à l’époque, n’était pas pro life mais, si l’on peut dire, pro death. Sa préoccupation première était de baptiser ou d’ondoyer in extremis les enfants en danger. Mais comment justifier que la Providence divine, censée agir au mieux, puisse tolérer pareille hécatombe ? C’était soulever le problème de la “théodicée”, le procès fait à Dieu. À la veille de la Révolution, quelques pionniers ‒ au premier chef Condorcet ‒ opèrent un tournant majeur dans l’histoire des mentalités : ils plaident pour une politique de santé qui puisse réduire, voire éradiquer, la mortalité infantile. Une formidable utopie humaniste, libérée de toute référence au Plan divin, qui sera largement réalisée au XXe siècle.
Le mardi 18 juin 2024 à 19H30
Entrée libre sur réservation