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Françoise
Olivier-Utard

Maître de conférences honoraire d’histoire contemporaine, université de Strasbourg

Les Cahiers Rationalistes
n°666_667

Cahier Rationaliste N°666-667 - Mai-août 2020

Le vivre ensemble ou les pièges du langage

On entend de plus en plus souvent parler d’un « vivre ensemble » dont la réalisation nécessiterait de réformer les lois laïques pour les adapter aux réalités contemporaines. Le concept du « vivre ensemble » peut séduire, à première vue, car il ressemble à « paix civile ». Il a cependant semblé intéressant de rechercher d’où vient l’expression et ce qu’elle véhicule puisqu’elle sert de levier à une remise en cause de la laïcité. Un rapport remis au ministre de l’intérieur en 2015 peut servir à décortiquer ce qui se cache derrière le « vivre ensemble ». L’objectif et la méthode de ce rapport(1) sont sans ambiguïté. « Par note du 23 février 2015, le ministre de l’intérieur a confié à l’inspection générale de l’administration une mission sur la manière dont certaines formes ou initiatives de dialogue interreligieux, dans la mesure où elles ne se limitent pas à des échanges théologiques mais contribuent de manière directe ou indirecte au ’vivre ensemble’ et s’inscrivent dans la durée, pourraient recevoir le soutien de l’État dans les territoires ». La conclusion du rapport est aussi très claire : « De l’avis presque unanime des nombreuses personnalités rencontrées, il n’est plus possible de s’enfermer dans une interprétation trop rigide de la laïcité, qui serait le fruit d’une approche trop strictement marquée par le contexte historique ». À lire le rapport dans son ensemble, on constate en effet qu’il met à mal deux principes fondamentaux : la neutralité de l’État et la liberté de conscience. Nous n’examinerons pas ici si le rapport a donné lieu à des suites pratiques. Nous souhaitons simplement nous en servir pour cerner les contours, la définition de ce « vivre ensemble » dont l’emploi se banalise. Certaines citations sont si parlantes que tout commentaire pourra apparaître comme une redondance. Que les lecteurs nous en excusent. Le rapport procède en trois étapes et décrit plusieurs initiatives : l’expérience alsacienne du dialogue interreligieux, le rôle de l’État dans les affaires religieuses, la place des individus dans les communautés religieuses.

Françoise Olivier-Utard

(1) – Rapport relatif au dialogue interreligieux et à la laïcité républicaine, établi par Olivier Diederichs, inspecteur général de l’administration, et Arnaud Teyssier, inspecteur général de l’administration, n° 15-060/15-028/01, 56 p., remis à M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur et des cultes du gouvernement de M. Manuel Valls.

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