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Immigration et intégration : le prétexte ethnique

Désormais, quand on prononce les mots de ” cités “, de ” banlieues “, ou d'” immigration “, le terme ” ethnique ” ou ” ethnicité ” fuse. On va montrer ici qu’il sert à dissimuler une vieille connaissance, l’inégalité sociale et sa compagne l’injustice. D’où vient d’ailleurs l’usage du terme d’ethnie ? Son origine grecque et sa présence dans des labels aussi respectables que ethnographie ou ethnologie semble lui assurer un pedigree au dessus de tout soupçon. En fait, l’usage du terme est récent. On le voit apparaître dans l’un des traités les plus violents consacré à l’existence et à la séparation des soi-disant races humaines, Les sélections sociales de Vacher de Lapouge, publié en 1896. A la page 11, après avoir récusé les termes qui décrivent des ” groupements historiques ” tels que peuple, nation ou nationalité, Vacher propose d’utiliser un terme particulier qui spécifierait clairement la différence raciale…

Les cancers de la pollution, L’environnement est-il seul en cause ?

Qu’est-ce que l’on met en tête de gondole des dégâts de la pollution chimique ? Le cancer, parce qu’il tue et qu’il est encore perçu comme un mal terrifiant, longtemps invisible, qui ronge de l’intérieur.
          On met en avant l’augmentation du nombre des cancers diagnostiqués au cours des vingt dernières années, en omettant de dire qu’en même temps la mortalité a baissé et que cette augmentation d’incidence est imputable pour l’essentiel au vieillissement de la population, à l’amélioration des moyens d’investigation et à notre incapacité à réduire les habitudes nocives de nos concitoyens…

SCIENCE OU THÉOLOGIE ? A propos du ” dessein intelligent “

Le Monde du 23 février 2006 a publié dans sa page Débats une tribune intitulée ” Pour une science sans a priori ” signée de scientifiques de plusieurs pays tous membres de l’Université Interdisciplinaire de Paris. Cette institution n’a rien d’une Université : c’est une association qui s’est auto-dénommée ainsi et utilise une appellation prestigieuse, que tous les Français croient garantie par l’État, pour une propagande de type religieux. L’Université Interdisciplinaire de Paris est à une véritable Université ce qu’un Institut de beauté est à l’Institut Pasteur.
D’autres scientifiques de haut niveau, dont plusieurs membres de l’Union Rationaliste, ont écrit un article répondant à cette tribune. Le texte de leur article est parvenu au Monde le 6 mars dernier. Il vient d’être publié (5 avril). On le trouvera ci-dessous, avec la permission des signataires.

La question du droit de vote des femmes en France

Dans le panorama européen, la France présente le cas de figure d’une République précocement dotée du suffrage universel masculin (1848), mais intégrant très tardivement les femmes (1944). La Suisse a un profil très similaire avec une égalisation encore plus tardive (1971 pour les élections fédérales). Ces deux nations démontrent clairement que la démocratie, même directe, s’accommode très bien de l’exclusion des femmes.
Plusieurs explications successives ont été apportées à ce « retard » français. La première, avancée par des féministes de l’entre-deux-guerres, insiste sur la faiblesse et les divisions du féminisme français. Outre que cette hypothèse suppose une relation de cause à effet entre la force du mouvement et l’obtention de la victoire que rien ne démontre, elle minore considérablement l’ampleur du suffragisme français. Sans atteindre la radicalité et la vastitude des mouvements anglais et américains ou encore les énormes associations allemandes …

La statistique et les problèmes d’éducation

De l’avis général, les réformes successives du système éducatif ne parviennent pas à régler de nombreux problèmes. On peut espérer trouver des raisons de leurs échecs en examinant leurs points communs. On trouve parmi ces derniers l’usage inapproprié des méthodes statistiques, une confusion des tâches et des responsabilités, et des interprétations pour le moins discutables.

Trois spécificités de la statistique
La statistique consiste à évaluer l’effet du hasard dans les observations qui sont faites, à extraire d’une masse de données les propriétés principales de l’objet observé ou du fait social étudié, et à vérifier la vraisemblance d’équations mathématiques (d’un ” modèle “) donnant une représentation de la réalité. Sa première spécificité est de ne jamais produire de certitude ni d’établir de relation de causalité.
Les méthodes statistiques théoriques sont toujours les mêmes quelle que soit la nature des données traitées. En revanche, les observations dans les sciences appliquées sont objectives, tandis que la subjectivité intervient dans les comportements humains et sociaux. On ne peut donc interpréter des résultats indépendamment de la nature des individus statistiques observés, objets ou sujets. L’ignorance de cette seconde spécificité ouvre la voie à ce que l’on appelle le scientisme, ” imitation servile de la méthode et du langage de la Science [au sens des sciences de la nature]” …

Brevetabilité du vivant et santé publique. Les limites d’un monopole

La fin du XXe siècle a connu une véritable révolution dans le domaine des sciences du vivant. Les biotechnologies, souvent issues des laboratoires publics, occupent le devant de la scène. Bien qu’en 1873 un brevet sur une levure ait été accordé à Louis Pasteur, le débat sur la brevetabilité du vivant n’a réellement pris de l’ampleur qu’un siècle plus tard, avec le développement explosif des connaissances en génomique dans les années 1980. Depuis, on a assisté, d’abord aux Etats-Unis puis en Europe, à un véritable déferlement de brevets sur des protéines et des séquences de gènes.
Les enjeux sont à la fois scientifiques, économiques, sociaux et éthiques. Le décryptage récent du génome humain et les applications potentielles susceptibles d’en découler ont ouvert de nouveaux espaces de liberté, appelant de nouveaux choix, mais aussi l’exercice de la responsabilité…

“la science moderne s’est souvent développée contre et malgré la Bible”

Le Monde du 9 janvier 2006, reprenant une information parue dans Libération le 6 janvier, s’est fait l’écho d’un document transmis le 25 novembre 2005 au Haut-Conseil de l’Education pour définir le « socle commun de connaissances et de compétences » que devrait posséder tout élève à la fin de sa scolarité obligatoire. Ce texte, qui à ce stade est seulement un document préparatoire, préconise que l’élève soit “préparé à partager une culture européenne par une connaissance simple de la Bible et de quelques-unes des oeuvres majeures du patrimoine européen”. La place prééminente accordée à la Bible, œuvre nommée en premier et seule désignée par son nom, montre une volonté de considérer que le christianisme et lui seul (car de la Bible, les juifs refusent le Nouveau Testament) est le fondement de la culture et de l’unité européennes. Nous ne pouvions laisser passer cette prétention et cette déformation de la vérité historique…

De l’Europe et de la laïcité

Les rationalistes français, comme tout être humain, ne sont pas sans contradictions. Passionnément attachés à leur culture, à leur histoire, à leur pays, ils se réfèrent volontiers à Descartes, Voltaire et Diderot, Condorcet. La loi sur la séparation des Églises et de l’État, telle du moins qu’elle fut rédigée et appliquée en 1905, est pour eux le modèle de ce que devrait être la laïcité institutionnelle. En même temps, et justement parce qu’ils sont rationalistes et qu’ils se réfèrent à ces modèles, ils sont universalistes et pacifistes. La contradiction n’apparaît pas lorsque l’universalité reste un rêve, ou qu’elle s’inspire de principes énoncés pour la première fois en France, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme…

De la laïcité selon les tribunaux italiens

Selon les informations dont nous disposons, le juge Luigi Tosti a été condamné le 18 novembre 2005 à 7 mois de prison et 1 an de suspension. Son crime ? Le juge refuse de rendre justice sous un crucifix.
La constitution républicaine de l’Italie promulguée le 27 décembre 1947 stipule que tous les citoyens « sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion » (Art. 3), mais l’Italie continue de vivre sous le régime du concordat signé le 11 février 1929 avec le Vatican par Benito Mussolini, chef du gouvernement de l’époque. Ce concordat a été renouvelé en 1984 par le socialiste Bettino Craxi. Explique qui pourra. Dans ce cadre, le gouvernement Berlusconi, ou les juges qui ont condamné leur collègue Luigi Tosti, ont remis en vigueur une circulaire fasciste, datant de 1926, jamais abrogée depuis

Une nouvelle offensive du créationnisme.

Depuis la formulation de la doctrine de l’évolution par Darwin, les fondamentalistes ont essayé d’en interdire l’enseignement parce qu’il contredit les récits de la création du monde que l’on trouve dans la Bible et le Coran. Le mouvement est particulièrement fort dans les pays musulmans, aux USA et en Australie. Le cas des USA est potentiellement inquiétant car les USA sont le pays qui domine la recherche scientifique. Si l’enseignement y accordait officiellement une place aux récents avatars du créationnisme, il ne manquerait pas de gens en Europe pour en tirer avantage et se prévaloir de ce précédent pour y imposer son enseignement…