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Le livre blanc et le livre noir de la psychanalyse

« Ce qui distingue l’homme de science, ce n’est pas ce qu’il croit, mais comment et pourquoi il le croit. Ses croyances sont sujettes à révision, et non dogmatiques ; elles sont basées sur la preuve et non sur l’autorité ou l’intuition. » Bertrand Russell.
Un débat public est à présent ouvert entre partisans et adversaires de la psychanalyse, débat qui, il est vrai, a eu lieu il y a belle lurette dans d’autres pays occidentaux. Après la publication, l’an passé, du Livre Noir de la Psychanalyse [1], voilà que paraît l’Anti Livre Noir de la Psychanalyse [2]. On ne peut donc que s’en féliciter, puisque la lecture de ces deux volumes, thèse et antithèse, devrait nous permettre de départager les opposants, de donner raison — partiellement ou totalement — soit aux uns, soit aux autres, ou encore de les renvoyer dos à dos…

La science face aux obscurantismes

Actuellement, en France ou en Belgique par exemple, certains élèves refusent d’assister à des cours de biologie sous prétexte qu’ils ne seraient pas en conformité avec leurs convictions religieuses. Début février dernier, des étudiants marocains de l’université d’Amsterdam ont refusé que le professeur de biologie donne un cours sur la théorie de l’évolution[1]. Ce type de comportement, refus de certaines théories scientifiques, peur de perdre ses certitudes, est apparu avec la montée des islamistes, au moment de la révolution iranienne…

Des scientifiques devant leurs responsabilités : Le cas des éruptions volcaniques

La responsabilité des scientifiques devant des risques d’origine tant naturelle qu’humaine, est à l’ordre du jour. C’est en biologie qu’elle est le plus régulièrement évoquée. Des problèmes comme ceux posés par les maladies transmises par transfusion sanguine, la maladie de Creutzfeld-Jacob, les épidémies ou pandémies, les OGM, sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’insister. Dans certains cas, l’indépendance des scientifiques compétents par rapport à leurs autorités de tutelle a été mise en question, comme pour la pollution des sols due à l’explosion de Tchernobyl. Dans d’autres, la surdité de ces autorités devant leurs avertissements répétés est aveuglante, comme pour le cyclone Katrina. Ou bien des méthodes efficaces pour prévenir les effets les plus nocifs d’un phénomène naturel n’ont pas été mises en place quand elles concernaient des populations trop pauvres, comme pour le tsunami de Banda Aceh. Nous limiterons notre propos aux risques relevant de la géophysique interne, et plus précisément aux éruptions volcaniques…

Immigration et intégration : le prétexte ethnique

Désormais, quand on prononce les mots de ” cités “, de ” banlieues “, ou d'” immigration “, le terme ” ethnique ” ou ” ethnicité ” fuse. On va montrer ici qu’il sert à dissimuler une vieille connaissance, l’inégalité sociale et sa compagne l’injustice. D’où vient d’ailleurs l’usage du terme d’ethnie ? Son origine grecque et sa présence dans des labels aussi respectables que ethnographie ou ethnologie semble lui assurer un pedigree au dessus de tout soupçon. En fait, l’usage du terme est récent. On le voit apparaître dans l’un des traités les plus violents consacré à l’existence et à la séparation des soi-disant races humaines, Les sélections sociales de Vacher de Lapouge, publié en 1896. A la page 11, après avoir récusé les termes qui décrivent des ” groupements historiques ” tels que peuple, nation ou nationalité, Vacher propose d’utiliser un terme particulier qui spécifierait clairement la différence raciale…

Les cancers de la pollution, L’environnement est-il seul en cause ?

Qu’est-ce que l’on met en tête de gondole des dégâts de la pollution chimique ? Le cancer, parce qu’il tue et qu’il est encore perçu comme un mal terrifiant, longtemps invisible, qui ronge de l’intérieur.
          On met en avant l’augmentation du nombre des cancers diagnostiqués au cours des vingt dernières années, en omettant de dire qu’en même temps la mortalité a baissé et que cette augmentation d’incidence est imputable pour l’essentiel au vieillissement de la population, à l’amélioration des moyens d’investigation et à notre incapacité à réduire les habitudes nocives de nos concitoyens…

SCIENCE OU THÉOLOGIE ? A propos du ” dessein intelligent “

Le Monde du 23 février 2006 a publié dans sa page Débats une tribune intitulée ” Pour une science sans a priori ” signée de scientifiques de plusieurs pays tous membres de l’Université Interdisciplinaire de Paris. Cette institution n’a rien d’une Université : c’est une association qui s’est auto-dénommée ainsi et utilise une appellation prestigieuse, que tous les Français croient garantie par l’État, pour une propagande de type religieux. L’Université Interdisciplinaire de Paris est à une véritable Université ce qu’un Institut de beauté est à l’Institut Pasteur.
D’autres scientifiques de haut niveau, dont plusieurs membres de l’Union Rationaliste, ont écrit un article répondant à cette tribune. Le texte de leur article est parvenu au Monde le 6 mars dernier. Il vient d’être publié (5 avril). On le trouvera ci-dessous, avec la permission des signataires.

La question du droit de vote des femmes en France

Dans le panorama européen, la France présente le cas de figure d’une République précocement dotée du suffrage universel masculin (1848), mais intégrant très tardivement les femmes (1944). La Suisse a un profil très similaire avec une égalisation encore plus tardive (1971 pour les élections fédérales). Ces deux nations démontrent clairement que la démocratie, même directe, s’accommode très bien de l’exclusion des femmes.
Plusieurs explications successives ont été apportées à ce « retard » français. La première, avancée par des féministes de l’entre-deux-guerres, insiste sur la faiblesse et les divisions du féminisme français. Outre que cette hypothèse suppose une relation de cause à effet entre la force du mouvement et l’obtention de la victoire que rien ne démontre, elle minore considérablement l’ampleur du suffragisme français. Sans atteindre la radicalité et la vastitude des mouvements anglais et américains ou encore les énormes associations allemandes …

La statistique et les problèmes d’éducation

De l’avis général, les réformes successives du système éducatif ne parviennent pas à régler de nombreux problèmes. On peut espérer trouver des raisons de leurs échecs en examinant leurs points communs. On trouve parmi ces derniers l’usage inapproprié des méthodes statistiques, une confusion des tâches et des responsabilités, et des interprétations pour le moins discutables.

Trois spécificités de la statistique
La statistique consiste à évaluer l’effet du hasard dans les observations qui sont faites, à extraire d’une masse de données les propriétés principales de l’objet observé ou du fait social étudié, et à vérifier la vraisemblance d’équations mathématiques (d’un ” modèle “) donnant une représentation de la réalité. Sa première spécificité est de ne jamais produire de certitude ni d’établir de relation de causalité.
Les méthodes statistiques théoriques sont toujours les mêmes quelle que soit la nature des données traitées. En revanche, les observations dans les sciences appliquées sont objectives, tandis que la subjectivité intervient dans les comportements humains et sociaux. On ne peut donc interpréter des résultats indépendamment de la nature des individus statistiques observés, objets ou sujets. L’ignorance de cette seconde spécificité ouvre la voie à ce que l’on appelle le scientisme, ” imitation servile de la méthode et du langage de la Science [au sens des sciences de la nature]” …

Brevetabilité du vivant et santé publique. Les limites d’un monopole

La fin du XXe siècle a connu une véritable révolution dans le domaine des sciences du vivant. Les biotechnologies, souvent issues des laboratoires publics, occupent le devant de la scène. Bien qu’en 1873 un brevet sur une levure ait été accordé à Louis Pasteur, le débat sur la brevetabilité du vivant n’a réellement pris de l’ampleur qu’un siècle plus tard, avec le développement explosif des connaissances en génomique dans les années 1980. Depuis, on a assisté, d’abord aux Etats-Unis puis en Europe, à un véritable déferlement de brevets sur des protéines et des séquences de gènes.
Les enjeux sont à la fois scientifiques, économiques, sociaux et éthiques. Le décryptage récent du génome humain et les applications potentielles susceptibles d’en découler ont ouvert de nouveaux espaces de liberté, appelant de nouveaux choix, mais aussi l’exercice de la responsabilité…

“la science moderne s’est souvent développée contre et malgré la Bible”

Le Monde du 9 janvier 2006, reprenant une information parue dans Libération le 6 janvier, s’est fait l’écho d’un document transmis le 25 novembre 2005 au Haut-Conseil de l’Education pour définir le « socle commun de connaissances et de compétences » que devrait posséder tout élève à la fin de sa scolarité obligatoire. Ce texte, qui à ce stade est seulement un document préparatoire, préconise que l’élève soit “préparé à partager une culture européenne par une connaissance simple de la Bible et de quelques-unes des oeuvres majeures du patrimoine européen”. La place prééminente accordée à la Bible, œuvre nommée en premier et seule désignée par son nom, montre une volonté de considérer que le christianisme et lui seul (car de la Bible, les juifs refusent le Nouveau Testament) est le fondement de la culture et de l’unité européennes. Nous ne pouvions laisser passer cette prétention et cette déformation de la vérité historique…