Cahier Rationaliste N°662 - Septembre-octobre 2019
La raison face au réchauffement climatique
Les Cahiers souhaitent donner toute leur place à l’expression de la réflexion des rationalistes sur les questions liées à la transition énergétique. À ce sujet, le lecteur pourra se rapporter aux articles publiés dans les numéros précédents (n° 657, 658, 659, 660-661), ainsi qu’à l’appel à constituer un groupe de réflexion et de travail pour la transition écologique (n° 660- 661). Nous publions ici un article de Gérard Fussman sur la thématique du réchauffement climatique, qui fait suite aux articles précédemment publiés dans les Cahiers Rationalistes.
L’Union rationaliste a depuis longtemps pris conscience de l’épée de Damoclès que le réchauffement climatique fait peser sur l’humanité. Dès 2007, à une époque où la réalité de celui-ci était encore contestée par d’éminents scientifiques ou prétendus tels, notre vice-président de l’époque, Michel Petit, correspondant de l’Académie des sciences, et H. Langevin tiraient la sonnette d’alarme. Nous nous interrogions déjà sur la possibilité de remplacer les énergies carbonées par la fusion nucléaire ou l’électricité d’origine éolienne. Depuis, à l’initiative d’Emmanuelle Huisman, de nombreuses émissions de radio furent consacrées à ce thème. Les Cahiers Rationalistes ont récemment repris cette thématique : deux articles de J. Haïssinski (n° 657 et 659), un autre de J. Haïssinski et H. Langevin-Joliot (n° 658) et un article de R. Borghi (n° 660-661). J’adhère en tous points au contenu de ces articles, mais ils me semblent contenir deux présupposés contestables et comporter une inévitable omission.
Leurs auteurs supposent implicitement, en effet, que le réchauffement climatique puisse encore être limité de façon telle qu’il n’entraîne pas de bouleversement majeur dans nos modes de vie, autrement dit que nous en soyons encore au stade d’une évolution à laquelle l’humanité peut et doit s’adapter, pas à celui d’une catastrophe annoncée. Ils supposent aussi que les populations acceptent sans trop de soubresauts les mesures de bon sens qu’ils préconisent. Enfin – et on ne voit pas comment, à l’échelle des Cahiers, faire autrement – ils ne se demandent pas ce que pèse la France face au reste du monde.
Ils ont de bonnes raisons d’être optimistes. Aucun scientifique digne de ce nom ne conteste plus la réalité du réchauffement climatique, ni celle de sa cause majeure, les émissions de gaz carbonique. Dans beaucoup de pays, et en tout cas en France, c’est devenu une vérité d’évidence pour une grande partie de la population au point que chaque événement météorologique inhabituel est automatiquement attribué au réchauffement climatique. En même temps la population et beaucoup de gouvernements ont également pris conscience des dangers de la pollution atmosphérique, principalement générée par les moteurs à combustion, et de celle des océans, remplis de déchets d’objets en plastique, c’est-à-dire de polymères fabriqués à base de pétrole, de gaz naturel ou de charbon.
Cette perception du danger par les opinions publiques explique l’acceptation de principe, le 12 décembre 2015, par 195 pays de l’accord de Paris sur le climat. Des mesures concrètes ont été prises. Relativement peu en France, mais le recours accentué aux énergies renouvelables (solaire, éolien) est spectaculaire. Les industriels de l’automobile ont tous compris que la propulsion électrique est l’avenir de l’automobile et investissent massivement en ce sens. Un des plus gros émetteurs de gaz carbonique de la planète, la Chine, développe à marches forcées son réseau de trains à grande vitesse à propulsion électrique, ce qui diminue d’autant le nombre de locomotives diesel ou à vapeur. La production de véhicules automobiles électrifiés y a atteint 1,27 million d’unités (+60 %) en 2018. À l’horizon 2025, les pouvoirs publics de Pékin souhaitent que les électriques, hybrides rechargeables et modèles à hydrogène ensemble atteignent les 7 millions d’unités, soit 20 % du marché total présumé.
Mais l’on a peine à trouver dans le monde d’autres exemples de politique de réduction des émissions carbonées aussi volontaristes. Le retrait des États-Unis d’Amérique de l’accord de Paris, les efforts de Donald Trump pour maintenir en exploitation les mines de charbon américaines et développer le pétrole de schiste n’augurent rien de bon pour le climat. On peut aussi s’interroger sur la volonté de beaucoup de pays de mettre en œuvre des politiques leur permettant de respecter leur signature de l’accord de Paris. Le gouvernement brésilien entend poursuivre la destruction de la forêt amazonienne pour ouvrir de nouvelles terres à l’agriculture et à l’élevage à fins d’exportation. Pour la même raison, la Malaisie et l’Indonésie ne font rien pour empêcher la destruction de la forêt primaire par brûlis et son remplacement par des arbres producteurs d’huile de palme. Le gouvernement indien, dont les villes sont parmi les plus polluées du monde et où la sécheresse fait des ravages, n’agit pas et ses moindres velléités d’action se heurtent à des réactions massives de la population. La Russie ne dit rien, et ne fait rien. On s’y réjouit même que le réchauffement climatique facilite l’exploitation des ressources fossiles de la Sibérie et déjà permette d’ouvrir les mers arctiques à la navigation. Aucun gouvernement dans le monde n’essaie de taxer sérieusement le carburant utilisé par les navires et les avions internationaux pour forcer ces moyens de transport à en consommer moins et de meilleure qualité. Les guerres en cours ou annoncées ont, elles aussi, un impact non négligeable sur le bilan carbone de la planète.
Le plus inquiétant est peut-être la poursuite de l’exploitation massive des mines de charbon, souvent de mauvaise qualité. C’est le cas en Chine et en Inde qui, pour l’instant, semblent ne pouvoir ni vouloir se passer de ce combustible. Le Pakistan mise sur le charbon pour augmenter sa production d’électricité : c’est la seule ressource d’énergie du pays. L’Afrique du Sud ouvre sans cesse de nouvelles mines. L’Australie fait de même. Dans la très vertueuse Europe, la Pologne refuse catégoriquement de fermer ses mines et même de ralentir leur production. Le gouvernement allemand ne fait pas de proclamation, mais agit exactement de même avec ses mines à ciel ouvert de lignite, l’un des charbons les plus polluants. Le pays d’Europe le plus vertueux en matière de réduction d’émissions de gaz carbonique, la Norvège, finance sa vertu en augmentant sa production de pétrole et de gaz naturel off-shore destinée à l’exportation.
Ce n’est pas que dans le monde on n’ait pas pris conscience des conséquences à court et à long terme du réchauffement climatique. Mais les industriels cherchent le profit à court terme et les gouvernements reculent devant les conséquences économiques et sociales des mesures à prendre. L’exemple de la France, qui prend parfois des mesures spectaculaires en apparence (décision de fermeture des deux centrales à charbon encore en activité, limitation de circulation pour les véhicules les plus anciens, annonces répétées concernant le ferroutage ou le transport par bateau des véhicules routiers etc.) est caractéristique de ces velléités qui n’aboutissent pas : les mesures annoncées sont reportées d’année en année, ou seront mises en œuvre après de longues périodes de transition ou, bien qu’objets de décrets ou de lois, se révèlent difficilement applicables et sont peu observées (ainsi les interdictions de circuler et les ralentissements de vitesse en période de pollution).
L’écologie, certes, ne doit pas être punitive. Mais la nature, pendant ce temps, n’attend pas et les effets du réchauffement climatique risquent, eux, d’être punitifs. Les scientifiques commencent à nous dire que celui-ci s’accélère plus que ne le prédisaient leurs modèles et, à chaque épisode météorologique inhabituel, la population, « qui n’a jamais vu cela de mémoire d’homme », parle de dérèglement accentué du climat… et reconstruit sur place. Si chaque événement climatique exceptionnel, c’est- à-dire pas vu depuis 5 ou 10 ans, mérite une explication particulière et si aucun ne peut être attribué formellement à l’élévation de la température du globe, leur fréquence et leur violence accrues, correspondant aux prévisions des climatologues, permettent de penser que ces phénomènes sont liés au dérèglement climatique. C’est particulièrement vrai pour les ouragans dont la formation est due à l’élévation de la température des océans.
Le phénomène le mieux documenté est le recul des glaciers de montagne et la fonte des calottes arctique et antarctique, avec deux conséquences qui manifestement s’accentuent : l’élévation du niveau des mers, que mesurent les satellites, et la multiplication des périodes de canicule et de sécheresse constatées dans des pays comme la France, pourtant considérée par les géographes comme pays tempéré. L’élévation du niveau des mers semble désormais irréversible. Elle pourrait atteindre 1 m avant la fin du siècle, peut-être même avant cette date. Les côtes françaises ne sont pas les plus menacées : New-York, La Nouvelle Orléans, la Floride le sont davantage, ainsi que de grandes métropole surpeuplées comme Lagos, Djakarta et Bombay qui, bâties sur des lagunes remblayées, s’enfoncent lentement dans le sol. Mais en France elle se fait aussi sentir : le trait de côte recule inexorablement dans certains secteurs de la côte Atlantique, les Landes et la Gironde en particulier. Il pourrait reculer de 65 m en 2050[1]. Concrètement, cela signifie l’inondation progressive et l’évacuation forcée de centaines d’immeubles bâtis en bord de mer, de milliers de restaurants et commerces établis dans les stations touristiques et, à terme, la modification de la carte des stations balnéaires. Les digues que l’on envisage de construire suffiront au mieux à créer des zones dont le sol sera plus bas que le niveau de la mer. À la première tempête un peu forte, elles seront submergées comme à La Faute-sur-Mer de triste mémoire (29 morts en février 2010) ou en Hollande le 1 février 1953 (1800 morts). Contre la mer, on ne peut pas grand chose. Il faudra évacuer et reconstruire plus haut. Qui indemnisera les propriétaires ? Qui paiera le déplacement et la réfection des voiries ? Qui financera la reconstruction du bâti ?
Les effets du réchauffement climatique se voient aussi en montagne : de moins en moins de neige et de plus en plus tard dans la saison. Les stations de basse montagne se résignent déjà à devoir disparaître dans un avenir proche. Les stations de moyenne montagne sont menacées dans leur existence. Les canons à neige, alimentés par de l’eau accumulée dans de grands réservoirs, sont un palliatif temporaire : à terme le recul des glaciers et la raréfaction des précipitations ne permettront plus d’alimenter ces réserves artificielles. Toute l’économie touristique du Jura et des Alpes s’en verra bouleversée, avec des pertes d’emplois inévitables, des hôtels et résidences qui vont rester vides, des remonte-pentes qu’il faudra démonter, des usines qui fermeront (fabrication du matériel de ski, des remontées mécaniques etc.). Qui paiera ?
L’assèchement des nappes phréatiques et la réduction du débit des rivières, accentués par la consommation accrue de populations de plus en plus nombreuses et consommant de plus en plus d’eau quand elles en ont les moyens, a déjà des conséquences très visibles dans beaucoup de pays. En Inde, Chennai, l’ex-Madras, 6 221 782 habitants en 2011, manque d’eau au point de devoir être ravitaillée par trains entiers de wagons-citernes. Les États (States) du sud de l’Inde se disputent devant les tribunaux les rares réserves d’eau existantes. En Inde du Nord (Delhi), la situation est à peine meilleure. En Afrique, on assiste à de véritables guerres de l’eau traditionnellement décrites comme des conflits entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires selon un vieux schéma que l’on trouve dans tous les livres d’histoire. L’explication n’est pas fausse, à condition pourtant que l’on ajoute qu’elles opposent des éleveurs dont les bêtes meurent sur des pâturages asséchés à des agriculteurs dont la population augmente exponentiellement tandis que le rendement de leurs champs privés d’eau diminue drastiquement. Sur place, les morts se comptent déjà par milliers. La conséquence est une émigration de la faim intra-africaine et transméditerranéenne. On sait que l’Europe est déjà incapable d’y faire face.
La sécheresse se fait également sentir en Europe. L’augmentation des températures se voit concrètement sur le terrain avec un avancement progressif de la date des récoltes et des vendanges. Le niveau des nappes phréatiques diminue régulièrement amenant les préfets à prendre de plus en plus tôt des mesures de restriction de l’eau peu respectées : les automobilistes continuent à laver leur voiture et les jardiniers à arroser leurs massifs de fleurs. Chaque journal télévisé nous parle de la situation dramatique d’éleveurs en manque de fourrage, de cultivateurs de maïs, interdits d’irrigation et dont les plants meurent sur pied, de maraîchers qui n’ont plus le droit d’arroser leurs productions. La situation est pire en Espagne et au Portugal, mais elle est chaque année plus sérieuse en France.
Conséquence probable mais non démontrée du réchauffement climatique, les arboriculteurs sont victimes de gelées plus fortes et d’orages plus fréquents. Les assurances, de plus en plus chères, n’arrivent pas à compenser les pertes. Je m’arrête ici dans ma description des effets prévisibles, et pour beaucoup déjà visibles, du bouleversement climatique. Elle peut paraître apocalyptique, mais elle est vraie. Il faut la tempérer par le souvenir que l’agriculture a connu beaucoup de catastrophes de ce genre (petit âge glaciaire, phylloxéra etc.) et qu’elle a su y faire face. On peut penser qu’il en sera de même aujourd’hui et que les agronomes réussiront à créer des variétés de plantes moins exigeantes en eau et plus résistantes à la chaleur. On évitera probablement les tragédies des siècles passés, les famines qui ont décimé l’Europe et qui frappent aujourd’hui l’Afrique. Mais on n’évitera pas les souffrances des agriculteurs forcés de changer leurs pratiques et, pour beaucoup, de s’arrêter. L’abandon de terres aujourd’hui cultivées, la mise en jachère de pâturages, la disparition des petites exploitations familiales ne permettant plus à leurs propriétaires de vivre décemment sont déjà une réalité. Cela va s’accentuer malgré la venue de migrants, agriculteurs ou forestiers dans leur pays d’origine, mais qui, à quelques exceptions près (bûcherons kurdes dans les Vosges) trouvent de quoi vivre dans les villes seulement : ils n’ont ni les connaissances ni le capital nécessaires pour acquérir ou prendre en fermage une exploitation agricole.
Cette description des effets du réchauffement climatique est loin d’être complète, en particulier parce qu’elle prend très peu en compte, faute d’informations en ma possession, ce qui se passe hors de France. Or la France, même si l’on juge insuffisantes ou trop lentes les décisions gouvernementales, est, en matière de lutte contre les effets du réchauffement de la planète, un des pays les plus vertueux du monde. Mais elle souffrira inévitablement de l’inertie des pays, fort nombreux et parfois fort importants, qui ne font rien ou si peu. Ce constat pessimiste ne doit pas nous pousser à baisser les bras comme s’il n’y avait rien à faire. Quand on raisonne en rationaliste, il faut d’abord avoir une vue exacte de la situation et de son évolution prévisible avant d’envisager les mesures à prendre pour y remédier et le moyen de les faire accepter. En regardant vers le passé, il y a quelques raisons d’être optimiste. L’humanité a déjà connu des situations au moins aussi graves. Qu’on songe seulement à l’Europe dévastée des années ayant suivi la première et la seconde guerre mondiale, à la jeunesse décimée, aux milliers de veuves, aux énormes déplacements de populations et au nettoyage ethnique. Les épreuves ont été surmontées au point d’être aujourd’hui oubliées par ceux et celles qui ne les ont pas vécues. L’Europe est assez vite redevenue un continent où il fait bon vivre. Mais que de souffrances avant cela jusque dans les années 1950 ! L’humanité est capable de survivre aux pires catastrophes, la démonstration en est faite, mais à quel prix ! Notre devoir aujourd’hui est d’éviter que le réchauffement de la terre n’aboutisse à une catastrophe humanitaire semblable et à son cortège de misères, de souffrances et peut-être de guerres.
Les 196 pays signataires de l’accord de Paris, en vigueur depuis le 4 novembre 2016, s’engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de façon que la température du globe n’augmente pas, d’ici 2100, de plus de 2° Celsius par rapport à la période pré-industrielle, c’est-à-dire antérieure à 1880. On a dépassé depuis longtemps 1°. De très bons experts, dès la signature de cet accord qui ne prévoit aucune sanction et est donc non-contraignant, disaient déjà que les diminutions annoncées par les États signataires ne permettraient pas de limiter le réchauffement à 2° : 3° étaient plus vraisemblables. Encore ne prenaient-ils pas en compte les émissions de méthane libéré par le dégel du permafrost en Sibérie et en Alaska. Depuis, les USA se sont retirés de l’accord et fort peu de pays ont pris des mesures leur permettant de tenir leurs engagements. On va donc vers les 3° C, et probablement plus tôt que 2100. De combien d’années, personne ne s’aventure à le prédire. Mais les conséquences sont déjà là. L’accélération dramatique de la fonte des glaces et la progression de la sécheresse ne sont plus contestables. On peut s’attendre à ce que les bouleversements décrits dans la première partie de cet article soient l’actualité des années 2050.
On trouvera dans les articles de J. Haïssinski, H. Langevin et R. Borghi toute une série d’indications sur ce qu’il faudrait faire dès maintenant pour maintenir le réchauffement climatique à un niveau supportable. Le catalogue est, dans les faits, admis par tous, y compris par notre gouvernement, mais jusqu’à présent peu ou et parfois pas du tout mis en œuvre : élimination des véhicules les plus polluants et énergiquement les moins performants ; développement du chemin de fer (on fait le contraire) ; usage de véhicules à propulsion électrique n’émettant pas de gaz carbonique (mais dont les batteries sont très polluantes) ; isolation des bâtiments (qui a peu de succès malgré la campagne de l’isolation à 1 euro des combles) ; développement des énergies renouvelables (qui en France a pris du retard par rapport à l’Allemagne, au Maroc, au Kenya, à la Chine etc.) ; tri des ordures et recyclage généralisé qui éviterait l’incinération des déchets ; exhortation à changer d’état d’esprit par rapport à la société de consommation (contrées par toutes les campagnes de publicité des producteurs et des vendeurs) etc. Il faut continuer et accélérer dans ce sens, sinon l’augmentation de la température du globe serait encore plus rapide qu’aujourd’hui.
Les efforts des Français seraient vains si le reste du monde ne faisait pas de même. Nous avons besoin d’une diplomatie plus active, faisant beaucoup plus pression qu’aujourd’hui sur les pays qui ne respectent même pas les engagements pris au moment de la signature de Paris, et d’abord nos partenaires de l’Union Européenne (UE), comme la Pologne et l’Allemagne qui continuent à produire et brûler du charbon. Nous devrions cesser d’être l’allié soumis et fidèle des USA, qui se sont retirés des accords de Paris bien qu’eux- mêmes très menacés par un réchauffement climatique dont le gouvernement Trump nie le lien avec les émissions de gaz de serre. Cesser, pour commercer avec le Canada, de fermer les yeux sur la déforestation de l’Alberta à fins d’exploitation pétrolière des sables bitumineux de l’Athabasca. Ne pas signer de traité commercial avec le Mercosur tant que le Brésil ne mettra pas fin à la destruction par brûlis des forêts amazoniennes. Faire de même avec les pays producteurs d’huile de palme etc. Agir contre le risque, tous les jours accru, de guerres au Proche-Orient. Tout ceci, qui est indispensable, n’est pas simple car nous sommes une puissance relativement faible, parvenant rarement à faire partager ses convictions aux autres pays de l’UE, fort dépendante de la finance et de la puissance économique américaines. Les mesures de bon sens que je viens d’énumérer en outre, si elles étaient appliquées par l’UE, mettraient en question le système d’échanges mondial et en péril nos ventes d’armement, donc l’emploi de nombreux Français et d’importantes rentrées de devises indispensables pour payer nos importations de produits industriels et de pétrole.
L’accord de Paris prévoyait d’accorder aux pays en développement au moins 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) d’ici 2025 au titre de l’aide climatique. Je ne suis pas sûr que la promesse soit en voie d’être tenue. Cette aide est indispensable, même d’un point de vue égoïste : il n’y a pas d’autre moyen de limiter l’émigration vers l’Europe. Mais augmenter l’aide de l’UE, donc de la France, aux pays africains quand les Français s’estiment écrasés d’impôts risque de susciter des réactions du type « plutôt la Corrèze que le Zambèze ». L’expérience des décennies passées montre qu’il faudra s’assurer que cette aide ne soit pas détournée et ne finisse pas dans les banques suisses et chez les marchands d’articles de luxe, ou ne serve à des constructions dites de prestige comme la basilique Notre-Dame-de-la-Paix de Yamoussoukro. Il faudrait aussi la subordonner à de réelles mesures de contrôle des naissances. Les écologistes ajouteront, à raison, qu’il faudrait contraindre les pays riverains de la Méditerranée, surtout au sud, à retraiter leurs ordures au lieu de les déverser dans la mer. Tout cela exigera une aide financière considérable. Les mesures de contrôle seront assimilées à l’établissement d’un protectorat, ce qui n’est pas faux. Les jihadistes africains en font déjà un des thèmes de leur propagande, thème très efficace dans des pays qui furent colonisés et sont aujourd’hui jaloux d’une indépendance très récente.
Si l’on s’en tient à la France, l’une des premières mesures à prendre serait d’établir une cartographie fine des zones menacées de submersion et d’y interdire dès maintenant toute construction nouvelle. La publicité donnée à cette mesure montrerait aux riverains menacés le danger qui menace leurs biens et permettrait aux communes et départements de prendre non pas des mesures à court terme comme la construction de digues, mais des dispositions permettant d’adapter l’activité économique, pour l’essentiel l’accueil des touristes, à la montée des eaux.
En montagne, beaucoup de stations ont commencé à organiser des activités ne dépendant pas de la présence de neige. Mais celles-ci (promenades à pied ou en vélo, tyroliennes etc.) rapportent moins que les sports d’hiver : l’équipement d’un randonneur coûte beaucoup moins cher que celui d’un skieur et se renouvelle bien moins souvent. Il est rare aussi qu’on ait besoin de moniteurs et de perchistes pour faire du VTT. Un problème d’emploi se posera inévitablement. On peut seulement espérer qu’une partie des vacanciers écrasés de chaleur sur les plages méditerranéennes viendra trouver la fraîcheur en montagne.
L’augmentation des températures et le déficit en eau affectent déjà les campagnes et les villes. Il n’est pas certain que les fortes gelées et les orages de grêle qui ont détruit les récoltes de fruits ces dernières années soient liés au réchauffement climatique. Il s’agit peut-être d’épisodes isolés et non récurrents auxquels la solidarité nationale peut faire face. Mais les vignes souffrent de la chaleur. L’assèchement des rivières et nappes phréatiques empêche de plus en plus souvent d’irriguer les maïs du sud-ouest cultivés pour nourrir le bétail. L’herbe des pâturages sèche sur pied. L’élevage est menacé dans cette région. Les maraîchers, dans toute la France maintenant, font face à des restrictions d’eau de plus en plus fréquentes. On ne s’en tirera pas en interdisant chaque été le remplissage des piscines individuelles, l’arrosage des pelouses et le lavage des voitures, d’autant que nombreux sont les particuliers qui passent outre à ces interdictions : on ne peut pas mettre un gendarme devant chaque jardin. Il faut dès maintenant penser à changer, pour certaines plantes, de mode de culture. Pour les vignes, également menacées par la très bénéfique réduction de la consommation du vin, on développe déjà de nouvelles espèces. L’avenir du maïs irrigué est lui beaucoup plus sombre.
L’augmentation de la population et les exigences accrues de confort et d’hygiène font que les villes sont en compétition avec l’agriculture pour la ressource en eau. Dans beaucoup de métropoles de pays chauds, les coupures d’eau sont déjà quotidiennes. Il est possible qu’on en arrive là, exceptionnellement j’espère, dans les certaines villes françaises. Espérons aussi que ces coupures seront faites équitablement et que les habitants des beaux quartiers et les hôtes des palaces seront aussi touchés que les banlieusards. Mais avant cela, on peut prendre des mesures simples comme empêcher les fuites d’eau sur le réseau et chez les particuliers, ou limiter le débit d’eau à certaines heures, sauf pour les usagers prioritaires (hôpitaux, pompiers etc.).
Les hommes peuvent s’accommoder des périodes de canicule : les 40° sont fréquents à Delhi ou Karachi. Mais l’habitat des riches y est adapté (matériaux isolants, orientation, aération etc.). En Europe, pour l’instant, on s’en tient à la climatisation. Les banques, les supermarchés, les grandes tours de la Défense sont déjà climatisés. Mais tous les particuliers n’auront pas les moyens de s’acheter des climatiseurs fabriqués en Chine, ruineux en électricité et qui rejettent la chaleur des immeubles et des voitures sur ceux qui travaillent et circulent dans les rues. Quel industriel voudra ou techniquement pourra climatiser ses ateliers et ses usines ? Avec quel argent l’État climatisera-t-il les chambres d’hôpital et les établissements d’enseignement ? Qui paiera les factures d’électricité ? On fait de grandes campagnes pour l’isolation des passoires thermiques. Il faut y ajouter maintenant des campagnes pour l’isolation contre la chaleur. Est-il encore raisonnable de construire des
immeubles aux façades en verre projetant la chaleur à l’intérieur par effet de serre, sans fenêtres, qui imposent l’existence d’une climatisation très coûteuse ? Ne faudrait-il pas imposer la présence de volets et de pare-soleils dans tous les immeubles neufs, au moins sur les façades sud ? Il est certain que la technique permettra de compenser l’augmentation de la chaleur tout en limitant le recours à la climatisation. Encore faudra-t-il la rendre obligatoire et, si possible, transformer les immeubles déjà construits. On sait le faire : il a fallu installer des volets intérieurs derrière les façades de la Bibliothèque nationale de France construite sans tenir aucun compte de la chaleur dégagée par ses façades de verre. La facture des travaux a été très élevée.
L’industrie mise sur l’électricité comme si c’était une énergie bon marché et inépuisable. Personne ne s’inquiète de la constitution de grandes « fermes » d’ordinateurs nécessaires pour archiver et mettre à la disposition des utilisateurs des quantités invraisemblables de données numériques (le cloud) parmi lesquelles toutes les fadaises des réseaux dits sociaux (Facebook, Twitter etc.). « Miner » les bitcoins nécessite des quantités d’énergie gigantesques. Les ordinateurs nécessaires à la spéculation boursière au millième de seconde sont tout autant consommateurs d’électricité. Les fabricants d’appareils ménagers irréparables et à l’obsolescence souvent programmée nous disent monts et merveilles des maisons connectées. Et bien sûr, dès que nos antiques voitures à essence et diesel seront toutes remplacées par des véhicules électriques, nous pourrons, en tout cas les riches et moyennement riches, continuer à vivre et circuler comme si de rien n’était.
Mais plus on consomme d’énergie, y compris électrique, plus son prix augmente. L’électricité n’échappera pas, n’échappe déjà pas, à la règle. Personne n’est aujourd’hui capable de chiffrer le coût à long terme des énergies renouvelables. Il faudra bien un jour remplacer (après les avoir détruites ?) les éoliennes déjà construites. Quelle est leur durée de vie réelle ? L’expérience seule le dira. Quelle est la durée de vie des panneaux photovoltaïques dont la production exige l’extraction et le raffinement des terres rares dans des conditions environnementalement destructrices ? Tant que le problème du stockage de cette électricité n’aura pas été résolu, il faudra continuer à construire des centrales nucléaires, dont beaucoup arrivent aujourd’hui en fin de vie, malgré les craintes et l’opposition d’une partie de la population et à recourir aux énergies fossiles (pétrole, gaz, si possible pas le charbon) qui, par définition, ne sont pas inépuisables. Il semble qu’en France tous les sites permettant de construire des barrages hydroélectriques soient déjà exploités. Jusqu’à présent l’énergie marémotrice répond mal aux espoirs placés en elle. Bref, l’électricité hors-taxes sera chère (elle l’est déjà) et les quantités fournies ne seront pas illimitées. La voiture électrique ne sera qu’un palliatif d’autant que la construction des batteries est très polluante et leur destruction en fin de vie encore plus. Et pour l’instant la fabrication de poids lourds fonctionnant à l’électricité en est encore au stade de l’expérimentation : les batteries actuelles sont trop lourdes et prennent trop de place.
La solution la plus rationnelle, mais la plus difficile à mettre en œuvre, est de changer de mode de vie. Pour les transports, on sait quoi faire : taxer le carburant des avions et des bateaux de façon qu’il soit moins rentable, malgré la différence de coût de la main d’œuvre, de faire venir en Europe des fleurs fraîches du Kenya, des mangues mûres du Pérou, des chaussures du Vietnam, des vins d’Australie et de Californie etc. Ce serait un bouleversement complet du système mondial d’échanges. Et il n’est pas sûr que nos producteurs soient heureux de ne plus pouvoir exporter en Chine du camembert ou des vins de Bordeaux.
Les manifestations des bonnets rouges, puis des gilets jaunes ont montré combien il est difficile en France d’augmenter le prix du carburant. C’est que nous vivons sur un modèle de transports routiers et d’aménagement du territoire mis en place à une époque où le monde croulait sous le pétrole et où il n’était pas question de réchauffement climatique. Tout a été conçu autour de la voiture. La construction d’hypermarchés loin du centre des villes a ruiné le commerce de proximité et contraint beaucoup de gens à se déplacer en voiture pour acheter leur baguette de pain et le lait des bébés. Les hygiénistes et les constructeurs de maisons individuelles ont réussi à séparer les quartiers d’habitation des usines pourvoyeuses d’emploi ; une stricte dichotomie entre zones résidentielles et zones d’activité a remplacé les cités ouvrières du 19e et du début du 20e siècle construites au contact des usines ; les ouvriers et employés qui à l’époque pouvaient se rendre au travail à pied ou en vélo sont désormais forcés de se déplacer en véhicule à moteur car on ne peut mettre des transports en commun partout. Le prix du terrain dans les villes et une publicité très agressive vantant les avantages de la maison individuelle, du jardin et de l’air pur pour les enfants ont poussé beaucoup de gens, persuadés que le prix de l’essence resterait stable et relativement bas, à s’endetter jusqu’au cou pour acheter un logement situé à des kilomètres de leur lieu de travail, loin de tout transport en commun. Posséder une voiture est ainsi, pour beaucoup, une nécessité et de très nombreux ménages sont forcés d’en avoir plusieurs ; la publicité des constructeurs d’automobiles a réussi à transformer cette contrainte en source de fierté. Il faudra bien un jour revenir à un aménagement du territoire qui mette les logements au plus près de l’emploi, des commerces et des services publics. L’effort fait pour convaincre les Français de se loger dans des lotissements éloignés devra être remplacé par un effort de même ampleur pour les inciter à habiter dans des immeubles en hauteur permettant de limiter les déplacements. Encore ne faudra-t-il pas répéter l’expérience des grandes « barres » construites dans les années 1960, loin de tout, non entretenues, aujourd’hui sans commerces ni services ni emplois à proximité. Et prévoir des mesures de reconversion pour une partie de l’industrie automobile.
L’effort demandé sera gigantesque et beaucoup s’y opposeront. Les plus virulents seront certains groupes industriels et financiers. Le scandale des moteurs truqués, les scandales sanitaires (glyphosate, Médiator, tabac, amiante etc.) montrent jusqu’où certains sont capables d’aller. Ce n’est pas que l’industrie et même la finance ne soient pas capables d’investissements à long terme : les pétroliers et les fabricants d’automobiles sont déjà en train de s’adapter au changement climatique ; la grande distribution (Auchan, Carrefour etc.) commence à se réinstaller dans les centre-villes. Certains même profiteront des transformations nécessaires, les industries électriques et électroniques (les réseaux et matériels actuels supportent mal la grande chaleur), le bâtiment et les travaux publics par exemple, si tant est que l’on trouve de quoi les financer. Mais dans un système économique où les bilans sont trimestriels et où toute baisse de bénéfice est immédiatement sanctionnée en bourse, qui voudra renoncer aux profits des investissements déjà faits, même largement amortis ? Quelles banques refuseront la spéculation financière ? Quel commerce par internet renoncera aux emballages de carton et au transport des marchandises sur des milliers de kilomètres ? Les banques, même autoproclamées « vertes », investissent toujours dans les mines de charbon et l’huile de palme. Elles financent des constructions fort consommatrices d’énergie carbonée. Bayer-Monsanto est loin de renoncer au glyphosate. Les cultivateurs ne le sont pas davantage.
On peut se réjouir qu’une grande partie de la population française (pas mondiale, hélas) soit désormais convaincue de la réalité et des dangers du réchauffement climatique. Mais peu sont conscients des efforts à faire dès maintenant pour éviter la catastrophe annoncée. Les partisans de l’immobilisme trouveront beaucoup d’alliés. Des augmentations de taxe relativement modestes ont provoqué les manifestations des bonnets rouges et des gilets jaunes ; elles ont fait reculer le gouvernement. Nous sommes habitués aux manifestations d’agriculteurs et d’éleveurs dès qu’ils souffrent de la sécheresse ou pour protester contre la réduction des aides européennes. Elles furent parfois très violentes, comme celles des vignerons du Languedoc. Ne stigmatisons pas ces manifestants. Il existe en France (et plus encore hors Europe) des milliers (des millions ?) de personnes sans emploi, de travailleurs pauvres, de propriétaires de logements qui se sont endettés pour les acquérir, de petits paysans endettés et éloignés de tout pour qui les fins de mois sont plus que difficiles. Pour eux un euro compte ; toute augmentation de taxe et d’impôt est un cauchemar ; leurs voitures, achetées d’occasion, sont anciennes et ils n’ont pas les moyens de les remplacer par des véhicules moins polluants. Les financiers rapaces eux-mêmes, ont quelques excuses : les fonds d’investissement sont alimentés par les fonds de pension. Les retraites de millions d’Américains, de Canadiens, de Britanniques dépendent du rendement de ces fonds : la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas leur problème.
Cette inertie, cette résistance parfois violente au changement, cette volonté de maintenir un niveau de vie pas très élevé mais auquel on est habitué sont renforcées par des dispositions de l’esprit humain que nous connaissons bien : le fatalisme, idéologiquement enraciné en terre d’islam (mektub, « c’est écrit », c’est la volonté de Dieu et l’homme ne peut rien contre elle) ; sa variante chrétienne, la Providence (« Dieu y pourvoira ») ; le complexe de Cassandre (le refus de croire les prophètes de malheur ; le pire n’est jamais certain). Les Napolitains dansent à l’ombre du Vésuve ; San Francisco et Tokyo dont la future destruction par un nouveau séisme ne fait de doute pour personne augmentent sans cesse de population. Des millions de gens dans les pays du tiers monde montent sans trembler dans des voitures et bus- poubelles et sur des bateaux-cercueils. N’oublions pas non plus l’ignorance et la bêtise dont Donald Trump et Mike Pence, grands personnages entourés de grands conseillers, donnent régulièrement l’exemple, considérant par exemple qu’un épisode de blizzard sur le Minnesota ou à Chicago démontre l’inexistence du changement climatique.
Il y a beaucoup à faire pour convaincre l’humanité de prendre les coûteuses et difficiles mesures nécessaires pour empêcher le réchauffement climatique d’augmenter et de tourner à la catastrophe. Les climatologues du GIEC donnent l’exemple. Ils ont réussi à vaincre le scepticisme qui accueillit leurs premières estimations. L’Union rationaliste, avec ses faibles moyens, essaie de pousser à la roue. Beaucoup d’autres se joignent à cet effort, y compris désormais l’Académie des sciences. Il faut continuer, recommencer sans cesse les explications, faire des propositions de bon sens en insistant sur l’urgence, et ne jamais baisser les bras. Mais il faut aussi être conscient que devant la menace qui pèse sur leur niveau de vie et leur mode d’existence, beaucoup se réfugieront dans le déni. Ils préféreront suivre les démagogues qui leur promettent que rien ne changera et que sans effort aucun ils retrouveront leur bien-être et leur grandeur d’antan (Make America Great Again), qui leur diront aussi que si cela va mal, c’est la faute des autres pays et des migrants. Le cauchemar est déjà là : Donald Trump et Jair Bolsonaro ont démocratiquement été élus présidents de grands pays. L’Italie a Salvini, 40 % des Français qui ont voté à la dernière élection présidentielle ont mis un bulletin du Rassemblement National dans les urnes. Prenons garde que le monde ne soit bientôt dirigé par des partisans du très court terme. À nier les réalités, on court toujours à la catastrophe. Il faut donc continuer à expliquer, expliquer, expliquer encore. Mais il faudra aussi beaucoup de justice sociale pour faire accepter les sacrifices dont souffriront d’abord les plus faibles. Sans le sentiment d’injustice sociale ressenti par une majorité de Français, il n’y aurait pas eu de gilets jaunes et pas un vote aussi massif pour le Rassemblement National. Mais là s’arrête le rôle des rationalistes, encore que la justice sociale soit le moyen le plus rationnel de gouverner la société : c’est aux politiques de prendre le relais. Qu’ils se hâtent !
Gérard Fussman
Strasbourg , le 26 juillet 2019, jour de canicule !
[1] Je m’abstiens de donner ici la source de mes affirmations. On les trouvera très facilement sur internet.