Laïcité et liberté: la ressource spinoziste
Un certain “ marxisme ” a longtemps relégué la question religieuse au rang de superstructure subalterne. La lecture attentive du Traité théologico-politique par le jeune Marx a été ignorée et la laïcité considérée comme un faux problème. Encore aujourd’hui, une partie de la gauche, héritière de ce “ marxisme ” qui a méconnu les combats de Marx contre une morale asservie à la religion, est volontiers complaisante envers les communautarismes religieux. La pensée laïque, au contraire, voit dans l’affranchissement du politique de la tutelle religieuse une condition essentielle de l’émancipation humaine. Spinoza serait, à cet égard, un précurseur de la laïcité parce que son Traité théologico-politique est un manifeste en faveur de l’autonomie du politique par rapport aux clergés. Sa position paraît d’autant plus significative qu’il a pris la mesure de l’enracinement anthropologique de la religion : qu’elle se rapporte à nos craintes ou à nos espérances, qu’elle fasse écho à notre volonté de savoir ou à notre besoin de protection, la religion lui a paru donner aux actions humaines “ plus de poids qu’à tout autre mobile ”…