Cahiers Rationalistes

La Culture Scientifique

Il semble aller de soi que les sciences font partie de la culture. Lorsqu’on parle de culture, d’un homme cultivé, on parle d’abord de   l’instruction qu’il a reçue, une instruction qui comprend en particulier des connaissances apprises à l’école ou dans les livres. Parmi ces connaissances, figurent évidemment des connaissances scientifiques sans lesquelles il serait difficile de parler de culture. Un homme qui, par exemple, ignorerait que la Terre tourne autour du soleil passerait difficilement pour un homme cultivé même si, par ailleurs, il est un homme de bon sens, qui connaît bien son métier et qui connaît beaucoup de choses sur la flore, la faune et les traditions de sa région. Les sciences font naturellement partie de la culture, et il n’y a même pas à s’interroger sur l’idée d’une culture scientifique : il va de soi qu’il y en a une…

La France en quête de raison et d’humanisme : propositions pour une éthique des Lumières renouvelée (deuxième partie)

Si le logiciel communautariste « tyrannie des minorités » et le programme économique néolibéral heurtent de front une partie croissante de la population majoritaire, l’adoption de la doctrine fasciste ou réactionnaire devrait être perçue comme un signe d’infantilisme et/ou de facilité pour les citoyens éclairés d’un pays qui a inventé, avec d’autres, les Lumières et qui a eu nombre de problèmes tout aussi importants à résoudre dans son histoire. Il reste la question : comment passer du Refus et/ou de l’Indignation à la Révolte et au Changement sans représentation syndicale ou politique adéquate et sans passer par la case de l’Extrême droite ? …

La France en quête de raison et d’humanisme : propositions pour une éthique des Lumières renouvelée (première partie)

A force de concentrer leur attention sur les personnes en difficulté des quartiers périphériques, les élites des beaux quartiers des centres-villes perdent le sens des autres réalités et oublient qu’il existe aussi ailleurs, dans le péri-urbain et dans le rural, une population elle-même en déshérence : les ouvriers, les employés, les agriculteurs, les petits entrepreneurs, les retraités pauvres….. qui se sentent sacrifiés et abandonnés par tous les décideurs politiques (de droite et de gauche) et qui voient un seul parti (celui d’extrême droite) ne pas les traiter avec mépris ou dédain[1] et leur proposer une porte de sortie. La seule porte de sortie possible ? Les élites de droite et de gauche ont une responsabilité majeure dans cette évolution et ont la responsabilité de proposer une alternative solide. Ce double article vise à démontrer que c’est possible si tous les acteurs de la gauche non communautariste et de la droite non maurrassienne y mettent de la bonne volonté et s’appuient sur un socle éthique historique qui a fait ses preuves et qu’il importe de réactiver avant qu’il soit trop tard…

Condorcet, l’instruction publique et la pensée politique

Pourquoi s’intéresser à Condorcet théoricien de l’instruction publique ? Quelles sont les grandes lignes de cette pensée ?

            L’origine de l’intérêt que je [Catherine Kintzler] porte à Condorcet théoricien remonte aux projets de réforme de l’école à la fin des années 70, début des années 80. L’esprit de ces projets, qui irrigue une sempiternelle « réforme », n’a guère changé : il s’agit toujours d’aligner l’école sur un modèle « libéral », c’est-à-dire de la soumettre à son extériorité en lui demandant de se fondre dans « la société ». Les discours qui sous-tendent ces tentatives sont connus : thématique de l’« ouverture de l’école sur le monde », du « lieu de vie », transformation des parents en lobbies de consommateurs, particularisation et mise en concurrence des établissements publics par le biais de « projets spécifiques », substitution de la notion d’objectif à celle de programme, effacement de l’autorité épistémologique (les professeurs ont d’avance toujours tort s’agissant des passages de classe), effacement de la notion de loi commune au profit d’une négociation incessante de toute discipline avec les élèves, sacralisation de la pédagogie dite d’éveil.;;

Mandela philosophe

   Après la grande cérémonie d’adieux à Nelson Mandela au cours de laquelle on vit une foule de chefs d’État verser une larme sur le grand homme, en décembre 2013, il paraît n’en rester que des tee-shirts à son effigie et le souvenir d’un homme qui eut le mérite d’empêcher qu’un peuple martyrisé reprenne à ses bourreaux tout ce qu’ils lui avaient volé et qu’on mette en prison une foule d’assassins. Mais il n’est plus du tout question des raisons profondes qui firent de Mandela une figure de portée universelle, et des leçons qu’il est possible de tirer de sa vie. Or si Nelson Mandela n’a jamais prétendu élaborer une philosophie, même si certains de ses écrits en prennent explicitement la tournure, il m’a paru pertinent de décrypter les contours d’une telle philosophie – en actes donc, accompagnés de mots, comme ce fut le cas pour Socrate, Diogène, Jésus ou Epictète …
Pourquoi suis-je athée ? Cette question est en soi un peu étrange, car prise à la lettre elle impliquerait qu’il y aurait des raisons de croire ou de ne pas croire…

Est-il possible d’échapper au « fait religieux » ?

La négation de l’individu dans la mise en place de l’enseignement du fait religieux

De nombreux promoteurs de l’« enseignement du fait religieux à l’école publique » insistent sur l’aspect supra-individuel du fait religieux. Par exemple, Régis Debray, auteur d’un rapport ministériel en 2002, parle de fait social total qui déborde l’inclination individuelle ; de dimension structurante, identitaire et collective ; de réalité communautaire ; de la chair des sociétés…

Une école à bout de souffle

Il fut un temps ou la sélection était telle que l’on garantissait aux enseignants de leur «livrer» des classes, sinon homogènes, du moins raisonnablement hétérogènes : les «milieux de classe» étaient majoritaires et donnaient à l’ensemble une stabilité qui permettait d’avancer sans trop de chaos. Cette «hétérogénéité contrôlée» n’était pas simplement d’ordre social ; elle tenait au fait qu’une majorité d’élèves partageaient une certaine idée de l’école et étaient convaincus de la nécessité d’y venir. L’école était considérée comme un lieu particulier ; on s’y comportait de façon particulière. On en acceptait les règles, on se soumettait à ses rituels par crainte plus que par plaisir, mais sans exaspération. En bref, les élèves entraient en petit nombre en sixième en possédant les rudiments de leurs métiers d’élèves…

Niqab, hijab et burqa

Suite  à une demande du député communiste de Lyon-Vénissieux, André Gérin, nos députés – et par-delà eux, la société française –  s’interrogent sur la présence de femmes entièrement voilées, yeux exceptés, dans les rues et sur les marchés. Ce n’est pas tout à fait une résurgence du débat sur le voile à l’école, partiellement réglé par la loi du 15 mars 2004 y interdisant le port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement l’appartenance à une religion. Même si l’islam était dans tous les esprits, la loi ne le concerne pas seul. Elle s’applique à tout élève, musulman, juif, catholique, sikh, hindou, mormon, etc. qui voudrait afficher sa foi par sa tenue, manifester ainsi un certain prosélytisme, et troubler la paix et la neutralité de l’école publique (enseignements primaire et secondaire). La loi du 15 mars 2004 est une loi de défense de la laïcité qui n’interdit nullement aux femmes musulmanes de circuler voilées dans la rue, ni aux juifs ultra-orthodoxes de s’y promener avec des chapeaux ronds bordés de fourrure, des mèches pendantes et des cordonnets dépassant de leurs pantalons…