Publications et médias
Une nouvelle offensive du créationnisme.
Depuis la formulation de la doctrine de l’évolution par Darwin, les fondamentalistes ont essayé d’en interdire l’enseignement parce qu’il contredit les récits de la création du monde que l’on trouve dans la Bible et le Coran. Le mouvement est particulièrement fort dans les pays musulmans, aux USA et en Australie. Le cas des USA est potentiellement inquiétant car les USA sont le pays qui domine la recherche scientifique. Si l’enseignement y accordait officiellement une place aux récents avatars du créationnisme, il ne manquerait pas de gens en Europe pour en tirer avantage et se prévaloir de ce précédent pour y imposer son enseignement…
Enseigner l’histoire des sciences, pourquoi ?
On peut se demander, lorsqu’on songe aux titres des précédentes conférences de cette série, qui vont du souvenir d’Auschwitz à la réforme de l’Onu, en passant par l’effet de serre, la mission de l’école publique, la religion fait historique et social ou la responsabilité scientifique sans même évoquer le prestige des orateurs, de Jean-Pierre Vernant à Hélène Langevin et Monique Chemillier-Gendreau, si le présent exposé sera digne de celles-ci. Elle n’est pourtant pas sans lien avec le passé de l’Union rationaliste puisque Paul Langevin (1872-1946), qui en fut le principal animateur jusqu’à sa mort, aimait à vanter la valeur éducative de l’histoire des sciences. Et si l’on m’a chargé de parler aujourd’hui c’est parce que je me suis nourri de sa pensée dès le début de mes études supérieures. Et que je n’ai rejoint l’UR, quelques années plus tard, qu’à la suite de la germination des idées qu’il m’avait communiquées. Quant au présent titre il est la reprise de celui de mon premier article sur le sujet, publié par les Cahiers pédagogiques en 1966…
Einstein 1905 : la théorie de la relativité restreinte comme création scientifique
La physique du xxe siècle a pris, dans sa plus grande partie, une forme très différente de ce qu’elle était au xixe siècle. Ce fut par l’effet de découvertes parmi lesquelles celles effectuées par Albert Einstein à partir de 1905 (son ” année admirable “, ou ” année d’or “) représentent des moments particulièrement forts, établissant une part importante des cadres de pensée de la nouvelle physique contemporaine. Mais en même temps que leur portée objective, les premières recherches d’Einstein nous permettent d’entrevoir plusieurs aspects du processus de ” création scientifique ” tel qu’il s’effectue dans la pensée d’un sujet individuel, et en particulier d’éclairer celui, central, de son rapport à la rationalité, sous-jacent à la possibilité de sa communication et de son objectivation. Nous
présenterons à ce propos quelques réflexions plus générales sur l'” invention ” et la ” création ” scientifiques comme problème posé à la philosophie de la connaissance…
Quelle organisation mondiale pour la société contemporaine ?
Il est important de discuter des enjeux de la réforme de l’ONU et cela ne devrait pas nous préoccuper seulement pendant les quelques jours où il y a un sommet, sous le prétexte que quelques chefs d’État ont fait un voyage et vont se serrer la main. Cet événement médiatisé est l’écume des choses et n’a pas beaucoup d’intérêt. On en a beaucoup parlé dans tous les médias pendant la très courte période du sommet, et puis tout cela est retombé.
Or nous sommes devant un problème infiniment grave, très profond et très difficile, qui devrait mobiliser les forces sociales et les intellectuels de toutes sortes, les groupes militants, les partis politiques, dans le monde entier. Si nous parlons, en effet, de la réforme de l’ONU, c’est que nous sommes arrivés à un point intolérable de non-adaptation de l’institution aux besoins du monde moderne. Et, comme vous le savez, le sommet récent a été un échec. Nous repartons donc à zéro…
Ré-enchanter le monde
Dans La Revanche de Dieu, Gilles Kepel situe le commencement du processus de reconquêtes religieuses du monde autour des années 1970, et il en étudie les contextes et les causes pour les quatre religions : catholique, protestante, juive, islamique. Il montre qu’on assiste partout à une ” disqualification globale de la modernité “, centrée sur ce que Jean-Marie Lustiger, alors futur cardinal de Paris, a appelé le ” désenchantement de la laïcité “. Le retour du religieux dans le dernier tiers du xxe siècle s’est opéré à deux pôles : l’un ” par le bas “, en réinvestissant les ” masses populaires ” souvent perdues au cours des luttes politiques de tous ordres ; l’autre est plus nouveau et passe ” par le haut “, les élites intellectuelles diplômées qui maîtrisent les nouveaux moyens de communication et d’information, et qui tirent profit du développement des sciences humaines et de certaines positions philosophiques ” post-modernes “. On peut donc parler d’une mondialisation progressive du combat pour le Dieu unique, qu’on l’appelle Christ, Jahvé ou Allah. Gilles Kepel étudie la phase de construction du processus à partir des années 1967-1970, la phase de conquête au détour de 1990, à quoi l’on pourrait ajouter que les années 2000 seraient celles de la gestion…
Laïcité et liberté: la ressource spinoziste
Un certain “ marxisme ” a longtemps relégué la question religieuse au rang de superstructure subalterne. La lecture attentive du Traité théologico-politique par le jeune Marx a été ignorée et la laïcité considérée comme un faux problème. Encore aujourd’hui, une partie de la gauche, héritière de ce “ marxisme ” qui a méconnu les combats de Marx contre une morale asservie à la religion, est volontiers complaisante envers les communautarismes religieux. La pensée laïque, au contraire, voit dans l’affranchissement du politique de la tutelle religieuse une condition essentielle de l’émancipation humaine. Spinoza serait, à cet égard, un précurseur de la laïcité parce que son Traité théologico-politique est un manifeste en faveur de l’autonomie du politique par rapport aux clergés. Sa position paraît d’autant plus significative qu’il a pris la mesure de l’enracinement anthropologique de la religion : qu’elle se rapporte à nos craintes ou à nos espérances, qu’elle fasse écho à notre volonté de savoir ou à notre besoin de protection, la religion lui a paru donner aux actions humaines “ plus de poids qu’à tout autre mobile ”…
Qu’est-ce que la laïcité ?
La laïcité est le principe de séparation des Eglises et de l’Etat.
Le Petit Robert en donne la définition suivante : « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’Etat n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises aucun pouvoir politique. »
La laïcité a été théorisée par Spinoza dans son Traité théologico-politique (1670)[1].
[…] C’est ainsi que Spinoza juge « pernicieux, tant pour la Religion que pour l’État, d’accorder aux ministres du culte le droit de décréter quoi que ce soit ou de traiter les affaires de l’État » …
Le Laboratoire de Synthèse Atomique, la recherche fondamentale et la responsabilité du scientifique
On définit traditionnellement la recherche fondamentale comme la recherche qui vise à accroître les connaissances et à développer des études objectives sur la nature, sur la société, sur l’homme et sa pensée indépendamment de tout souci d’applications techniques. Les sciences, au pluriel, rassembleraient a contrario les recherches qui se proposent de développer des résultats scientifiques en vue d’applications. Ce sont ces dernières qui engagent le plus directement la responsabilité du scientifique dans la société. La recherche fondamentale cependant, si elle se développe selon sa propre logique, n’en est pas moins la source d’applications inattendues et n’en est pas moins dépendante des conditions que lui offre la société. Les interactions entre la science et la société ne sont donc pas si simples et, bien entendu, elles ont évolué…
La laïcité dans l’enseignement
La laïcité de l’école est au cœur de la défense de la laïcité.
Car c’est à l’école que les enfants apprennent à penser librement, à confronter leurs opinions issues de leur milieu familial, à apprendre la tolérance et le respect envers ceux qui pensent ou croient différemment sans exclure le débat.
L’instauration d’un enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire est dû aux lois Jules Ferry.
” Nommé ministre de l’Instruction publique du 4 février 1879 au 23 septembre 1880 dans le cabinet Waddington, il attache son nom aux lois scolaires. Premières mesures : collation des grades universitaires retirée à l’enseignement privé (12/03/1880) dispersion des congrégations religieuses non autorisées (29/03/1880)…
Cancers et pollution, un lien ténu
LES CANCERS DE LA POLLUTION
A sa suite d’un colloque organisé à l’UNESCO le 7 mai 2004 par l’Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC), était lancé l’APPEL DE PARIS alertant l’opinion sur les risques que fait courir la pollution atmosphérique à la santé de la population. L’ARTAC a voulu inclure le cancer au premier rang de ces risques en allant jusqu’à déclarer : « de nombreux scientifiques considèrent donc maintenant que l’environnement et, en particulier, la pollution physico-chimique ont un rôle majeur pour expliquer la genèse des cancers », ce qui est manifestement excessif.
L’Union rationaliste attache une grande importance à la transmission impartiale et objective vers le grand public des informations scientifiques disponibles. Après la publication récente des nouveaux chiffres d’augmentation des cancers en France, sans indications complémentaires de nature à permettre à chacun une appréciation raisonnée de la situation, une mise au point sur le sujet a été préparée. Ce texte, légèrement raccourci, a été publié par le journal Le Monde…
Retour du délit de blasphème
bureau de l’UR 2005-05-23
L’Union Rationaliste n’aime pas les provocations. Elles n’aboutissent souvent qu’à permettre aux plus extrémistes d’opérer autour d’eux, au nom de la défense des « valeurs », de larges rassemblements. La profanation du Coran par des militaires américains a donné l’occasion, partout dans le monde, aux musulmans les plus fanatiques, de se présenter en seuls défenseurs de l’Islam. Brûler un drapeau américain est une image que les télévisions adorent, mais qui jette dans les bras de la droite américaine des gens normalement plus modérés…
La graphologie : maigre bilan
La graphologie jouit d’une large audience en France, mais également en Belgique et en Suisse et l’Allemagne a aussi ses graphologues, comme l’Angleterre, le Canada et les États-Unis. Alors que la majorité du public manifeste une certaine méfiance à l’égard des pratiques médicales non reconnues par la faculté, il semble que la pratique graphologique soit largement acceptée…
Les origines historiques de la loi de 1905
Il y a près de 100 ans, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat était adoptée le 9 décembre 1905 par 341 voix contre 233. L’étude en commission avait duré près de deux ans, du 11/03/1903 au 4/03/1905, intégrant de nombreux projets déjà déposés dont celui du député socialiste du Rhône Francis de Pressensé. Le rapporteur Aristide Briand se félicita de ce que « le projet finalement adopté [fût] l’œuvre de la commission toute entière [composée de 17 députés de Gauche et de 16 députés de Droite]… les membres de la minorité collaborant loyalement, avec un zèle persistant et une entière sincérité, avec leurs collègues de la majorité, à la recherche des solutions proposées ». Le débat à la Chambre et au Sénat dura près de 9 mois du 21/03/1905 au 9/12/2005 « au long de discussions parmi les plus riches qu’ ait connues le régime parlementaire »…
Les OGM
Nous recevons ce matin Jean Genermont, professeur émérite à l’Unité Paris VI où il travaille dans l’UR Ecologie, systématique et évolution.
[…]
Nous vous interrogerons à propos d’un article paru dans un récent numéro de la revue Raison présente qui porte sur l’Agriculture et la mondialisation, l’article s’intitulant « L’amélioration des espèces domestiques. Dix millénaires de modifications génétiques. » Si nous l’avons choisi comme thème de cette émission, c’est qu’il a rencontré un grand succès auprès des lecteurs. Tous ceux que j’ai pu interroger ont noté la modération du ton et l’équilibre de l’argumentation, ce qui n’est pas un mince compliment si l’on sait que l’essentiel de vos propos porte sur les OGM, c’est à dire les organismes génétiquement modifiés, objets de tant de controverses….
Courrier d’Hélène Langevin-Joliot, présidente de l’UR, à la secrétaire nationale du P.C.F.
Hélène Langevin-Joliot
Lettre du bureau de l’Union rationaliste à la secrétaire nationale du Parti communiste français, s’étonnant de l’initiative prise en faveur de l’enseignement du fait religieux (amendement 136 au projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’école) et réponse de Marie-George Buffet.
…
Églises d’état et églises concordataires dans l’ Union Européenne
Le spectacle des actualités télévisées donne souvent aux Français républicains et laïques (ils sont la majorité, fort heureusement) l’impression de vivre dans un monde où dominent les comportements politiques contre nature. C’est parfois drôle, comme le récit des amours contrariées du prince Charles, soumis à la censure de l’Église anglicane dont il est censé devenir un jour le chef. Le plus souvent, c’est effrayant et cela devrait nous rappeler qu’il vaut la peine de se battre pour la laïcité. Au nom de la loi de Dieu, on a ainsi vu des élections saoudiennes où les femmes sont interdites de vote et où il faut proclamer son allégeance à un islam pur et dur (wahabite) pour avoir le droit d’être candidat ; des élections irakiennes où votaient des femmes, mais voilées de la tête aux pieds et toujours accompagnées de leur mari ou de leur frère, et dont le parti shiite démocratiquement vainqueur a pour principal programme d’imposer la loi prétendûment divine de la charia au pays tout entier…
Ne charrions pas !
Chez les experts, on ne cesse de s’en étonner : que les Canadiens sont naïfs face à la mouvance islamiste! Les militants de l’islam ont beau jeu de les embobiner. Il faut pourtant se méfier des promoteurs de la charia qui jouent sur les mots.
Ainsi donc, le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi, se dit mal compris par Le Devoir, alors que nous faisions état samedi de ses démarches auprès du ministre de la Justice, Jacques Dupuis, pour créer un Conseil de la charia au Québec. Il n’est pas question d’un tribunal islamique, dit-il, mais de médiation. Et ce n’est qu’accessoirement qu’il en parlera au ministre, lorsqu’il le verra : il y aura tant d’autres sujets à discuter. La couleuvre est grosse à avaler…
La religion, fait historique et social
Je me suis occupé de la religion grecque, et, avec d’autres jeunes savants, dans les années 60, indianistes, assyriologues, égyptologues, africanistes, et d’autres, on a essayé de comparer des systèmes religieux et de se poser des problèmes à ce sujet. Mais la religion, ça me dépasse, de tous les côtés, et quand je dois faire cette conférence que je fais parce qu’on me l’a demandé, parce que je suis profondément attaché à l’Union Rationaliste, par ma biographie, par ma conviction, j’ai le sentiment que je n’arriverai pas à présenter les problèmes de la façon qui conviendrait. On a dit que j’étais un agnostique. Pire que ça : j’ai souvent raconté que la première organisation à laquelle j’avais adhéré, du temps très lointain de ma jeunesse, quand j’avais dix-sept ans, s’appelait Association internationale des athées révolutionnaires, les « sans Dieu », dont le siège était à Moscou. Et, en 1934, voyageant en Union Soviétique, encore fort jeune, je visitais beaucoup de musées de l’athéisme, de l’irréligion, dont certains avaient été établis dans des églises…
Effet de serre et développement durable
L’épisode caniculaire qu’a connu la France en 2003 a contribué à sensibiliser l’opinion publique sur l’effet de serre créé par les activités humaines qui est devenu un sujet de préoccupation de plus en plus largement partagé. Ce phénomène constitue une des meilleures illustrations de la problématique générale du développement durable : l’utilisation massive des combustibles fossiles a conduit à une modification de la composition atmosphérique, la concentration de certains composants minoritaires ayant augmenté de 30 % en un siècle et demi. Ces composants ont la propriété de changer le climat de la planète et en particulier de le rendre globalement plus chaud. Une telle perturbation du climat mondial pourrait avoir des effets bénéfiques pour certains, mais des effets négatifs pour la majorité des habitants de la planète et surtout pour les plus défavorisés d’entre eux. L’amplitude de cette perturbation croîtrait progressivement et ce sont surtout les générations futures qui auraient à faire face à des évolutions lourdes de conséquences…
La mission de l’école publique
L’école publique est l’école dont le fonctionnement est assuré par l’État républicain ; elle accueille tous les enfants en âge d’être scolarisés, vivant sur le territoire français, sans distinction de sexe, de religion, de classe sociale, d’origine ethnique ; elle leur ouvre l’accès à l’instruction générale. Son rôle est également civique puisque, laïque, elle est, pour reprendre un mot de Maurice Agulhon, “le ciment de la République”.
Le mot “mission” peut provoquer quelques sourires, en raison de ses connotations religieuses ou militaires. Mais il y a de nobles missions ! “Mission” a donc été maintenu dans le titre de cette conférence pour ce qu’il implique, ou devrait impliquer, de responsabilité, ou de sens des responsabilités, chez ceux qui sont engagés ou qui s’engagent dans l’aventure de l’école publique.
Dans un premier temps, je rappellerai comment et dans quelles circonstances l’enseignement primaire a été constitué en service public, ce qui peut être considéré comme l’essentiel de l’œuvre républicaine dans les années 1880. Je remonterai ensuite aux “origines”, c’est-à-dire à la Révolution de 1789, en indiquant brièvement les orientations des trois projets présentés à la Constituante, à la Législative et à la Convention, ceux de Talleyrand, Condorcet et Le Peletier de Saint-Fargeau. Enfin j’essaierai d’ouvrir un échange au sujet des problèmes actuels, essentiellement ceux qui se posent au collège, et des menaces qui pèsent sur le service public de l’enseignement…