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Enseigner l’histoire des sciences, pourquoi ?

On peut se demander, lorsqu’on songe aux titres des précédentes conférences de cette série, qui vont du souvenir d’Auschwitz à la réforme de l’Onu, en passant par l’effet de serre, la mission de l’école publique, la religion fait historique et social ou la responsabilité scientifique sans même évoquer le prestige des orateurs, de Jean-Pierre Vernant à Hélène Langevin et Monique Chemillier-Gendreau, si le présent exposé sera digne de celles-ci. Elle n’est pourtant pas sans lien avec le passé de l’Union rationaliste puisque Paul Langevin (1872-1946), qui en fut le principal animateur jusqu’à sa mort, aimait à vanter la valeur éducative de l’histoire des sciences. Et si l’on m’a chargé de parler aujourd’hui c’est parce que je me suis nourri de sa pensée dès le début de mes études supérieures. Et que je n’ai rejoint l’UR, quelques années plus tard, qu’à la suite de la germination des idées qu’il m’avait communiquées. Quant au présent titre il est la reprise de celui de mon premier article sur le sujet, publié par les Cahiers pédagogiques en 1966…

Einstein 1905 : la théorie de la relativité restreinte comme création scientifique

La physique du xxe siècle a pris, dans sa plus grande partie, une forme très différente de ce qu’elle était au xixe siècle. Ce fut par l’effet de découvertes parmi lesquelles celles effectuées par Albert Einstein à partir de 1905 (son ” année admirable “, ou ” année d’or “) représentent des moments particulièrement forts, établissant une part importante des cadres de pensée de la nouvelle physique contemporaine. Mais en même temps que leur portée objective, les premières recherches d’Einstein nous permettent d’entrevoir plusieurs aspects du processus de ” création scientifique ” tel qu’il s’effectue dans la pensée d’un sujet individuel, et en particulier d’éclairer celui, central, de son rapport à la rationalité, sous-jacent à la possibilité de sa communication et de son objectivation. Nous
présenterons à ce propos quelques réflexions plus générales sur l'” invention ” et la ” création ” scientifiques comme problème posé à la philosophie de la connaissance…

Quelle organisation mondiale pour la société contemporaine ?

Il est important de discuter des enjeux de la réforme de l’ONU et cela ne devrait pas nous préoccuper seulement pendant les quelques jours où il y a un sommet, sous le prétexte que quelques chefs d’État ont fait un voyage et vont se serrer la main. Cet événement médiatisé est l’écume des choses et n’a pas beaucoup d’intérêt. On en a beaucoup parlé dans tous les médias pendant la très courte période du sommet, et puis tout cela est retombé.
Or nous sommes devant un problème infiniment grave, très profond et très difficile, qui devrait mobiliser les forces sociales et les intellectuels de toutes sortes, les groupes militants, les partis politiques, dans le monde entier. Si nous parlons, en effet, de la réforme de l’ONU, c’est que nous sommes arrivés à un point intolérable de non-adaptation de l’institution aux besoins du monde moderne. Et, comme vous le savez, le sommet récent a été un échec. Nous repartons donc à zéro…

Ré-enchanter le monde

Dans La Revanche de Dieu, Gilles Kepel situe le commencement du processus de reconquêtes religieuses du monde autour des années 1970, et il en étudie les contextes et les causes pour les quatre religions : catholique, protestante, juive, islamique. Il montre qu’on assiste partout à une ” disqualification globale de la modernité “, centrée sur ce que Jean-Marie Lustiger, alors futur cardinal de Paris, a appelé le ” désenchantement de la laïcité “. Le retour du religieux dans le dernier tiers du xxe siècle s’est opéré à deux pôles : l’un ” par le bas “, en réinvestissant les ” masses populaires ” souvent perdues au cours des luttes politiques de tous ordres ; l’autre est plus nouveau et passe ” par le haut “, les élites intellectuelles diplômées qui maîtrisent les nouveaux moyens de communication et d’information, et qui tirent profit du développement des sciences humaines et de certaines positions philosophiques ” post-modernes “. On peut donc parler d’une mondialisation progressive du combat pour le Dieu unique, qu’on l’appelle Christ, Jahvé ou Allah. Gilles Kepel étudie la phase de construction du processus à partir des années 1967-1970, la phase de conquête au détour de 1990, à quoi l’on pourrait ajouter que les années 2000 seraient celles de la gestion…

Laïcité et liberté: la ressource spinoziste

Un certain “ marxisme ” a longtemps relégué la question religieuse au rang de superstructure subalterne. La lecture attentive du Traité théologico-politique par le jeune Marx a été ignorée et la laïcité considérée comme un faux problème. Encore aujourd’hui, une partie de la gauche, héritière de ce “ marxisme ” qui a méconnu les combats de Marx contre une morale asservie à la religion, est volontiers complaisante envers les communautarismes religieux. La pensée laïque, au contraire, voit dans l’affranchissement du politique de la tutelle religieuse une condition essentielle de l’émancipation humaine. Spinoza serait, à cet égard, un précurseur de la laïcité parce que son Traité théologico-politique est un manifeste en faveur de l’autonomie du politique par rapport aux clergés. Sa position paraît d’autant plus significative qu’il a pris la mesure de l’enracinement anthropologique de la religion : qu’elle se rapporte à nos craintes ou à nos espérances, qu’elle fasse écho à notre volonté de savoir ou à notre besoin de protection, la religion lui a paru donner aux actions humaines “ plus de poids qu’à tout autre mobile ”…

Qu’est-ce que la laïcité ?

La laïcité est le principe de séparation des Eglises et de l’Etat.
Le Petit Robert en donne la définition suivante : « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’Etat n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises aucun pouvoir politique. »
La laïcité a été théorisée par Spinoza dans son Traité théologico-politique (1670)[1].
[…] C’est ainsi que Spinoza juge « pernicieux, tant pour la Religion que pour l’État, d’accorder aux ministres du culte le droit de décréter quoi que ce soit ou de traiter les affaires de l’État » …

Le Laboratoire de Synthèse Atomique, la recherche fondamentale et la responsabilité du scientifique

On définit traditionnellement la recherche fondamentale comme la recherche qui vise à accroître les connaissances et à développer des études objectives sur la nature, sur la société, sur l’homme et sa pensée indépendamment de tout souci d’applications techniques. Les sciences, au pluriel, rassembleraient a contrario les recherches qui se proposent de développer des résultats scientifiques en vue d’applications. Ce sont ces dernières qui engagent le plus directement la responsabilité du scientifique dans la société. La recherche fondamentale cependant, si elle se développe selon sa propre logique, n’en est pas moins la source d’applications inattendues et n’en est pas moins dépendante des conditions que lui offre la société. Les interactions entre la science et la société ne sont donc pas si simples et, bien entendu, elles ont évolué…

La laïcité dans l’enseignement

La laïcité de l’école est au cœur de la défense de la laïcité.
Car c’est à l’école que les enfants apprennent à penser librement, à confronter leurs opinions issues de leur milieu familial, à apprendre la tolérance et le respect envers ceux qui pensent ou croient différemment sans exclure le débat.
L’instauration d’un enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire est dû aux lois Jules Ferry.
” Nommé ministre de l’Instruction publique du 4 février 1879 au 23 septembre 1880 dans le cabinet Waddington, il attache son nom aux lois scolaires. Premières mesures : collation des grades universitaires retirée à l’enseignement privé (12/03/1880) dispersion des congrégations religieuses non autorisées (29/03/1880)…

Cancers et pollution, un lien ténu

LES CANCERS DE LA POLLUTION
A sa suite d’un colloque organisé à l’UNESCO le 7 mai 2004 par l’Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC), était lancé l’APPEL DE PARIS alertant l’opinion sur les risques que fait courir la pollution atmosphérique à la santé de la population. L’ARTAC a voulu inclure le cancer au premier rang de ces risques en allant jusqu’à déclarer : « de nombreux scientifiques considèrent donc maintenant que l’environnement et, en particulier, la pollution physico-chimique ont un rôle majeur pour expliquer la genèse des cancers », ce qui est manifestement excessif.
L’Union rationaliste attache une grande importance à la transmission impartiale et objective vers le grand public des informations scientifiques disponibles. Après la publication récente des nouveaux chiffres d’augmentation des cancers en France, sans indications complémentaires de nature à permettre à chacun une appréciation raisonnée de la situation, une mise au point sur le sujet a été préparée. Ce texte, légèrement raccourci, a été publié par le journal Le Monde…

Retour du délit de blasphème

bureau de l’UR 2005-05-23
L’Union Rationaliste n’aime pas les provocations. Elles n’aboutissent souvent qu’à permettre aux plus extrémistes d’opérer autour d’eux, au nom de la défense des « valeurs », de larges rassemblements. La profanation du Coran par des militaires américains a donné l’occasion, partout dans le monde, aux musulmans les plus fanatiques, de se présenter en seuls défenseurs de l’Islam. Brûler un drapeau américain est une image que les télévisions adorent, mais qui jette dans les bras de la droite américaine des gens normalement plus modérés…