Publications et médias
Identité, culture, religion
Emmanuelle Huisman-Perrin et Guy Bruit reçoivent Pierre Tévanian, professeur de philosophie, co animateur du collectif “les mots sont importants”.
Sociologie des sans-papiers
Déléguée du groupe de travail sur les droits des femmes de la “Ligue des droits de l’homme”.
Islam et migrations
Il n’est pas de Français qui ne descende d’immigrés. Nous parlons une langue qui continue le latin des Romains et portons le nom d’une des nombreuses tribus germaniques qui se sont installées sur notre territoire. Le mouvement d’immigration massive, partiellement organisé par le gouvernement français après les massacres des deux dernières guerres mondiales, a permis à la France de se maintenir à un niveau démographique acceptable. Cela n’a pas été sans frictions et les Français qui se croyaient de souche (ils n’ont pas tous disparu) ont parfois accueilli les nouveaux-venus avec des « sale juif », « sale rital », « sale polack » etc. qui fort heureusement n’ont pas toujours eu de traduction en acte : dans l’ensemble ces nouveaux venus ont été intégrés plus ou moins vite, plus ou moins facilement, et ont en tout cas tous contribué à l’existence continuée de la nation française. On remarquera qu’il n’existe pas d’injure antimusulmane …
Immigration et intégration : le prétexte ethnique
Désormais, quand on prononce les mots de ” cités “, de ” banlieues “, ou d'” immigration “, le terme ” ethnique ” ou ” ethnicité ” fuse. On va montrer ici qu’il sert à dissimuler une vieille connaissance, l’inégalité sociale et sa compagne l’injustice. D’où vient d’ailleurs l’usage du terme d’ethnie ? Son origine grecque et sa présence dans des labels aussi respectables que ethnographie ou ethnologie semble lui assurer un pedigree au dessus de tout soupçon. En fait, l’usage du terme est récent. On le voit apparaître dans l’un des traités les plus violents consacré à l’existence et à la séparation des soi-disant races humaines, Les sélections sociales de Vacher de Lapouge, publié en 1896. A la page 11, après avoir récusé les termes qui décrivent des ” groupements historiques ” tels que peuple, nation ou nationalité, Vacher propose d’utiliser un terme particulier qui spécifierait clairement la différence raciale…
La question du droit de vote des femmes en France
Dans le panorama européen, la France présente le cas de figure d’une République précocement dotée du suffrage universel masculin (1848), mais intégrant très tardivement les femmes (1944). La Suisse a un profil très similaire avec une égalisation encore plus tardive (1971 pour les élections fédérales). Ces deux nations démontrent clairement que la démocratie, même directe, s’accommode très bien de l’exclusion des femmes.
Plusieurs explications successives ont été apportées à ce « retard » français. La première, avancée par des féministes de l’entre-deux-guerres, insiste sur la faiblesse et les divisions du féminisme français. Outre que cette hypothèse suppose une relation de cause à effet entre la force du mouvement et l’obtention de la victoire que rien ne démontre, elle minore considérablement l’ampleur du suffragisme français. Sans atteindre la radicalité et la vastitude des mouvements anglais et américains ou encore les énormes associations allemandes …
Auschwitz et nous
Puisqu’Ivry commémore depuis 1979 la libération d’Auschwitz, permettez-moi d’évoquer d’abord un souvenir personnel qui a trait à cet événement de l’histoire de la Déportation.
Le 18 janvier 1945, nous étions 58 000 hommes et femmes évacués dans la précipitation par les SS, devant l’approche des troupes soviétiques. Imaginez le froid glacial de l’hiver polonais, la nuit, la neige piétinée par des milliers de galoches. Dans ces colonnes par cinq, escortées par les SS, régnaient l’angoisse et le désespoir, devant la faiblesse, les maladies, les plaies, au seuil d’une nouvelle tragédie.
Et voici que je vis apparaître une colonne de détenues, bras dessus, bras dessous qui chantaient à tue-tête une chanson slave, comme un défi lancé à la face des SS en retraite.
Mais le canon de l’Armée rouge tonnait dans le lointain, et nous étions contraints de fuir vers l’ouest, devant nos libérateurs. Bientôt les coups de feu claquèrent au bout de notre colonne : les SS abattaient les traînards et les épuisés.
Ce fut la terrible marche forcée, la dispersion dans les camps allemands, vers Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Ravensbruck, etc., dans des wagons à charbon, sans eau, sans nourriture, sans sanitaire, pour ma part suffocant à un moment sous le poids des cadavres.
Mais retournons maintenant à l’origine du camp nazi…