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Covid et vaccination : redonner du sens aux chiffres

Au XVIIIe siècle la variole faisait en France 50 à 80 milliers de morts par an. L’inoculation de cellules malades, ancêtre de la vaccination, représentait un risque important (un mort pour 1200 inoculations) mais fut acceptée par les paysans comme par les familles royales et défendue par les philosophes des Lumières, face aux réticences religieuses et conservatrices. Grâce à la vaccination, l’épidémie fut enrayée, puis totalement éradiquée en 1980…

L’Université gangrenée ?

Pour faire écho au débat suscité par le terme d’islamo-gauchisme, le bureau de l’UR a demandé à Alain Policar de s’exprimer sur le sujet. Le texte qu’il nous propose éclaire sans parti-pris et avec pédagogie des notions floues qui sous-tendent des débats très actuels.
Alain Policar est politologue et philosophe, professeur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Dernier livre paru : L’inquiétante familiarité de la race. Décolonialisme, intersectionnalité et universalisme, Le Bord de l’eau, 2020.

Le rationalisme par gros temps

Ce numéro double des Cahiers porte l’expression de la pensée rationaliste en temps de crise. Les questions d’actualité y sont rapportées aux principaux axes de réflexion de l’Union rationaliste : la promotion des démarches rationnelles, la science dans son rapport à la société, la transition énergétique et écologique, la défense de la laïcité. Ainsi, la situation actuelle où nous nous trouvons confrontés à une crise sanitaire mondiale fait apparaître d’autant plus urgent l’exercice de la raison ; il s’agit de trouver les lumières nécessaires pour éclairer l’action collective conduisant au « monde d’après » …

Fanatique : qui es-tu ?

Rabelais emploie l’adjectif fanatique en 1532 au sens d’une personne croyant détenir une inspiration divine. L’adjectif et le substantif dérivent de fanum, temple, ayant pris en latin le sens d’inspiré en délire, en référence aux cultes de Cybèle, Bellone ou Isis. Avec Voltaire, son sens moderne en fait un être exalté, sectaire et potentiellement dangereux. À partir du XIXe siècle, avec les Anglais, il désigne aussi un enthousiaste admirateur de vedettes sportives ou artistiques, en général inoffensif. Dans ce qui suit, je retiendrai le sens voltairien…

Le vivre ensemble ou les pièges du langage

On entend de plus en plus souvent parler d’un « vivre ensemble » dont la réalisation nécessiterait de réformer les lois laïques pour les adapter aux réalités contemporaines. Le concept du « vivre ensemble » peut séduire, à première vue, car il ressemble à « paix civile ». Il a cependant semblé intéressant de rechercher d’où vient l’expression et ce qu’elle véhicule puisqu’elle sert de levier à une remise en cause de la laïcité. Un rapport remis au ministre de l’intérieur en 2015 peut servir à décortiquer ce qui se cache derrière le « vivre ensemble ». L’objectif et la méthode de ce rapport(1) sont sans ambiguïté…

Laïcité dans l’enseignement supérieur : des régressions travesties en avancées.

Dans les débats actuels sur les questions de laïcité dans l’enseignement en France, il est peu souvent question des universités. Le rapport d’étape sur les travaux de l’Observatoire de la laïcité1 (25 juin 2013) ne les évoque pas, les jugeant sans doute non prioritaires. Le projet de rapport du Haut commissariat à l’intégration2 (août 2013) traite quant à lui des problèmes posés par les tensions d’origine religieuse vécues dans un certain nombre d’universités et fait 12 propositions pour étendre à l’université les principes laïques de neutralité dans un service public, de monopole de l’État dans la collation des grades et de clarté dans l’attribution de locaux aux associations étudiantes. Mais le tableau n’est pas complet car il n’évoque pas la situation des deux universités publiques de Strasbourg et de Nancy au sein desquelles sont financées des facultés religieuses (catholiques et protestante) qui servent depuis des décennies de terrain d’expérience à une stratégie éducative antilaïque…

Le virus, la science et les religieux

Il est trop tôt pour tirer toutes les leçons de l’épidémie de coronavirus qui fait rage dans le monde entier car l’Afrique et l’Amérique du sud commencent seulement à être touchées. Lorsqu’elle sera terminée, on pourra, on devra, faire des comparaisons entre pays, entre régions parfois, et évaluer la qualité des divers systèmes de santé, c’est-à-dire des politiques économiques et sociales menées avant et pendant l’épidémie. Cela ne sera pas sans conséquences[1]. Dans notre pays même, la polémique a déjà commencé. Pour l’instant elle porte surtout sur la communication gouvernementale…

Rationalité et responsabilité en temps de crise sanitaire

La crise sanitaire que nous vivons suscite des débats qui ébranlent notre vision de l’humanité et de l’organisation de la société. Par son caractère de pandémie mondiale et sa biologie particulière, elle pose à l’humanité des questions inédites qui ébranlent la raison et les certitudes communes. À ce titre, le tripode standard « Science-Médecine-Politique » est interpellé de manière vigoureuse. Toute la société est en état de sidération, les chiffres s’affolent, les discussions prolifèrent sur la nature du virus, les algorithmes, les traitements, les vaccins futurs, sans oublier les impacts économiques et sociétaux. Chacun se trouve pris dans le réseau intriqué des échanges suscités par une situation incertaine et alarmante…

La vérité en sciences et en mathématique (première partie)

La notion de vérité est en pratique différente en sciences de la nature et en mathématiques, même si sur le plan philosophique elles relèvent d’une même perception des relations humaines. Il me semble utile de voir en quoi elles diffèrent. Dans une deuxième partie, nous élargirons cette réflexion au cas des probabilités et de la statistique, puis nous verrons quelques perversions de cette vérité.
PRINCIPES DE LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE
Les scientifiques utilisent la raison pour connaître et comprendre la réalité plutôt que de faire appel à d’autres démarches, qu’elles soient mystiques ou métaphysiques. Ils partent du principe que l’univers reste intelligible par la raison humaine. Ils mettent en avant le doute cartésien qui est un des fondements de la démarche scientifique…

La vérité en sciences et en mathématique (deuxième partie)

Dans cette deuxième partie de « La vérité en sciences et en mathématiques », je présente des outils de base en statistique qui permettent d’énoncer rigoureusement des résultats d’observations, bien que tributaires de probabilités liées aux hasards des prélèvements de données. Ainsi la vérité des affirmations en statistique dépend non seulement des modèles théoriques sur lesquels se bâtissent les raisonnements, mais aussi des méthodes de prises d’informations sur la réalité, ce qui en fait une différence de fond avec la vérité des mathématiciens non probabilistes. Dans un deuxième temps, je présente quelques perversions de la vérité en sciences qui sont, n’en doutons pas, innombrables.